Magicmaman Hors-série

TROIS QUESTIONS à BENOîT LE GOëDEC*, SAGE-FEMME LIBéRAL ET ENSEIGNANT à L’éCOLE DE SAGES-FEMMES DE FOCH.

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Que se passe-t-il dans la tête d’un homme au moment de partir pour la maternité ? Ça se bouscule ! Tout ce qu’il n’a pas pu « élaborer » – autrement dit se représente­r mentalemen­t –, parce qu’il ne porte pas l’enfant en lui, se met en mouvement très rapidement. Il est projeté dans le concret : d’ici quelques heures, il aura son bébé dans les bras. Cela s’accompagne souvent de beaucoup d’angoisse parce qu’il découvre les réactions de sa femme devant l’imminence de la naissance et qu’il ne sait pas quoi faire pour l’aider. Justement, que peut faire le père ? Le rôle premier du père, c’est d’apporter la sécurité affective. Par sa présence, il permet à la femme de se mettre à l’écoute d’elle-même et de vivre ce qui va se passer en elle. Il est le médiateur entre le monde habituel et ce temps très particulie­r de la naissance. S’il n’est pas là, la femme peut se sentir vraiment seule. Certains pères ne supportent pas de rester en salle d’accoucheme­nt. Ne pas partager la naissance, c’est un manque pour le couple ? Etre là, ça ne veut pas forcément dire être présent en salle d’accoucheme­nt. Etre là, c’est être en pensée auprès de sa compagne. Savoir s’arrêter, suspendre ses occupation­s habituelle­s pour vivre la venue au monde de son enfant. A partir de là, le partage est possible. Ce qui est important, c’est que la rencontre entre le père et son bébé soit aussi immédiate que possible. Plus elle se fait dans « l’aigu émotionnel », plus l’engagement est fort. L’éblouissem­ent de la naissance est un socle solide pour avoir envie de jouer son rôle de père.

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