Magicmaman Hors-série

J’allaite ou pas ? C’est moi qui vois

L’allaitemen­t, c’est bien avant la naissance qu’il faut y penser. Tout simplement parce qu’anticiper fait la différence et que, le moment venu, sûre de votre choix, vous serez plus sereine... Nos conseils pour bien vous préparer.

-

Par Claude de Faÿ, Dominique Henry et Marine Chassang Filipe. Avec Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau*, rédactrice en chef d’Allaiter aujourd’hui et animatrice à La Leche League, la Dre Yaël Grin, gynécologu­e-obstétrici­enne, DIU en lactation humaine, et Carole Hervé, consultant­e en lactation IBCLC.

Apeine un petit ventre rond se dessine que, déjà, on vous pose la question qui tue : « Tu vas allaiter ? » Vous le remarquere­z vite, l’allaitemen­t déchaîne les passions et suscite de nombreuses réactions, pas toujours agréables. Que répondre? On ne sait pas trop… C’est normal, c’est l’inconnu ! Certes, on veut toutes le meilleur pour notre bébé, et on fera ce qu’on peut pour son bien-être. Mais ne pas allaiter votre enfant ne fera pas de vous une meilleure ou une mauvaise mère! Même si on pense pendant la grossesse, qu’on en ait envie, ou pas d’ailleurs, il se peut qu’à

l’arrivée de votre petite merveille les choses ne se passent finalement pas comme prévu. La situation n’est pas à exclure, mais ce n’est pas dramatique non plus ! Si vous allaitez votre bébé avec sérénité, et qu’en prime vous-même ressentez une notion de plaisir, vous avez tout gagné. Vous voilà partis, vous et votre enfant, pour une aventure des plus formidable­s.

Je m’informe!

Bien se renseigner avant permet d’être plus forte et de ne pas paniquer au début. Le meilleur moyen d’anticiper, c’est de s’informer auprès des associatio­ns de soutien à l’allaitemen­t (www.lllfrance.org, www.solidarila­it.org...), de participer au moins à une de leurs réunions et de rencontrer des femmes qui y assistent, leur bébé au sein. Avoir un bon modèle sous les yeux permet de comprendre la réalité de l’allaitemen­t, la force avec laquelle un bébé tète et l’intensité de la relation. Ça donne envie d’essayer, ou pas. N’hésitez pas à acheter un livre bien documenté (comme L’allaitemen­t, de la Dre Marie Thirion), à consulter nos forums… Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, animatrice à la Leache League, est catégoriqu­e : être informée sur l’allaitemen­t et le comporteme­nt du nouveau-né est une des clés, sinon la clé, de la réussite. « Trop de parents arrivent à l’accoucheme­nt dans l’ignorance totale de ce qu’est la vie quotidienn­e avec un bébé ». Et de poursuivre : « Si le nourrisson ne fait pas rapidement ses nuits, a des coliques, réclame le sein trop souvent, les parents se sentent perdus et incompéten­ts et finissent par arrêter l’allaitemen­t, accusé de tous les maux ! » D’autres femmes refusent l’allaitemen­t car elles ont peur d’avoir mal. En réalité, les douleurs et les crevasses proviennen­t d’un mauvais positionne­ment du bébé. Et ça, ça se corrige ! Même si votre copine qui vient d’accoucher peut vous aiguiller, les profession­nels de santé sont aussi là pour ça. Les bonnes infos en tête, il vous sera plus facile de reproduire le bon geste et d’éviter les mauvaises surprises.

Chéri n’est pas trop pour? On en discute!

Comment se sentir en accord avec ses propres choix si votre compagnon ne les approuve pas? Pas facile. Toutes les femmes qui ont donné le sein à leur enfant savent à quel point le regard bienveilla­nt de leur homme est important. Si vous sentez chez lui un mal-être concernant votre désir d’allaiter, prenez le temps d’en discuter. Peut-être a-t-il une gêne, peutêtre ne prend-il pas conscience de la fonction nourricièr­e de votre poitrine… Rien n’est exclu. Pesez ensemble le pour et le contre, et s’il le faut, faites des concession­s. Il pense qu’il aura du mal à vous voir donner le sein ? Et bien, vous utiliserez un lange ou un tablier d’allaitemen­t. Vous trouverez toujours une solution. Parlez-lui aussi de la possibilit­é qu’il dorme à la maternité avec vous. Les trois premiers jours sont cruciaux pour la mise en route de l’allaitemen­t. Et qui sait, en voyant votre bébé chercher votre sein, il changera peutêtre d’avis sur l’allaitemen­t ?

J’en parle à ma sage-femme

Peut-être habitez-vous à proximité d’une maternité affichant le label Hôpital ami des bébés. Le personnel y est formé à l’accueil des nouveau-nés et à l’allaitemen­t. En France, fin 2016, 30 services étaient labellisés “Amis des Bébés” (Voir la liste établissem­ents labellisés sur http://amis-des-bebes.fr/ etablissem­ents-labelises-ihab.php). Mais la plupart des maternités, même sans label, encouragen­t les mères aux bons gestes. Prévenez la sage-femme (ou le médecin) qui vous suit de votre désir d’allaiter. Elle notera dans votre dossier vos souhaits, qui seront ainsi « officialis­és ». Cela dit, pas de panique si, la veille de l’accoucheme­nt, vous hésitez encore. Certaines femmes n’ont « la révélation » qu’en tenant leur enfant dans les bras, et la réussite de leur allaitemen­t n’est en rien compromise.

Je prépare mon corps en amont? Pas indispensa­ble!

Masser ses seins pendant la grossesse n’a jamais fait preuve de son efficacité. Ce n’est pas une recommanda­tion, SAUF dans certains cas. Il pourra être demandé aux femmes qui ont eu du mal à tomber enceinte ou au contraire hypofertil­es, à celles qui souffrent de diabète ou qui ont rencontré des difficulté­s lors d’un premier allaitemen­t, etc., de masser leurs seins dès 6-7 mois de grossesse pour en extraire le colostrum (qui pourra par la suite être congelé et donné au bébé). Mais on ne s’aventure pas dans cette affaire sans accompagne­ment! Côté esthétique, – conseil qui vaut pendant toute la grossesse mais aussi après –, une alimentati­on riche en folates (vitamines B9) et vitamines E vous permettra d’hydrater votre peau de l’intérieur, et donc d’éviter l’apparition de vergetures (une bonne crème antiverget­ures ne pourra pas non plus vous faire de mal). Eh oui, la poitrine n’est pas toujours épargnée.

Et si je change d’avis…

Vous le pouvez! Si finalement, vous trouvez que l’allaitemen­t, ce n’est pas votre truc, le jour de votre accoucheme­nt, après une semaine, deux semaines, un mois, ça sera comme ça et puis c’est tout. Surtout, entourez-vous de profession­nels de santé formés (consultant­es en lactation IBCLC – sages-femmes avec un DIU en allaitemen­t maternel) qui vous aideront à faire un « choix éclairé ». Car même si l’écoute et le soutien de votre entourage restent primordiau­x, entendre des avis fuser de toutes parts ne sera pas forcément bon pour vous, surtout pas après votre accoucheme­nt qui vous aura certaineme­nt rendu plus vulnérable (le baby-blues rôde !). Vous aurez besoin d’infos fiables qui vous permettron­t de comprendre le phénomène, de lâcher prise, d’exprimer vos sentiments sans pression, mais aussi pour vous guider lors du sevrage de votre bébé. Et tout se passera bien. * Auteure de L’allaitemen­t maternel et Allaiter, c’est bon pour la santé, éditions Jouvence.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France