DES MOTIVATIONS MULTIPLES
« Vouloir que son petit enfant soit mannequin et exposé n’est pas forcément quelque chose de naturel. Un parent va plutôt se placer de manière innée dans une position de protection », estime Florent Millot, psychologue. Notre société – où l’on (sur)expose sa vie privée, avec notamment l’avènement des réseaux sociaux – a pourtant conduit à décomplexer de plus en plus de parents. Emilie, maman de Léo, qui a posé pour le catalogue d’une marque de vêtements pour enfants, avance des raisons financières. « Tout le monde nous disait que notre enfant était vraiment mignon. En tant que parents, on voit toujours nos loulous comme très beaux, mais à force d’insistance de la part de notre entourage, on s’est dit “pourquoi pas ?” Ce sera le moyen de mettre de l’argent de côté pour plus tard », explique-t-elle. C’est d’ailleurs l’une des motivations principales des parents, qui y voient un moyen assez facile d’épargner pour l’avenir de leur enfant. En effet, même mineurs, les mannequins doivent être rétribués car il s’agit d’une mission de travail à part entière. Toutes les séances photo sont ainsi payées deux heures au minimum : 90 % de la somme est déposée sur un compte bloqué au nom de l’enfant à la Caisse des dépôts et consignations – il pourra l’utiliser à sa majorité – et les autres 10 % sont remis aux parents pour compenser notamment les frais de transport. « C’est aussi un moyen de conserver de beaux souvenirs de nos enfants sans avoir à se ruiner avec un photographe », rajoute Claire, l’une des mamans rencontrées lors d’un shooting pour notre magazine. Cependant, beaucoup de parents vont surtout chercher une quête de reconnaissance par procuration. « Parmi ceux qui inscrivent leurs enfants à des castings, nombreux vont en effet projeter sur eux leurs envies car cet univers les fait rêver. Ils vont en quelque sorte pouvoir bénéficier de cette lumière par effet de rebond. Ils ont cette fierté que leur enfant soit beau et qu’il soit reconnu comme tel, aux yeux de tous, et exposé. C’est très narcissique », avance la psychologue.
S’ASSURER QUE SON ENFANT EST À L’AISE
« Il est donc important de savoir si on le fait pour soi ou pour son enfant. D’ailleurs, quand il est en âge de comprendre, il est important de lui demander son avis sur la question et de bien lui expliquer qu’il s’agit d’un métier, avec ses contraintes et ses difficultés », rappelle Florence Millot. « Cela peut être amené comme un jeu : les enfants adorent souvent poser pour des photos. Mais ce n’est pas le même contexte quand il y a une armée de professionnels autour de soi », ajoute-t-elle. Faites donc le test à la maison avant de vous lancer. Faites jouer à votre enfant des rôles devant l’appareil photo et demandez-lui également de prendre des photos de vous à son tour. Cela l’aidera à mieux cerner quelle image il véhicule quand il se retrouve en position de modèle. Vous pouvez aussi proposer à des amis à vous de venir pour découvrir comme il réagit en présence d’un cercle moins proche. « Certains enfants aiment naturellement être sous le feu des projecteurs, à l’instar d’une Miley Cyrus ou d’une Britney Spears. Ils l’ont en eux. Mais cela reste des cas rares », souligne la psychologue.
Y A-T-IL DES RISQUES POUR L’ENFANT ?
Dès leur enfance, ces jeunes mannequins vont être complimentés pour leur beauté et on les sollicite pour leur image. Le risque est donc qu’ils s’enferment dans ce rôle et qu’ils ne s’estiment pas pour autre chose que ce à quoi ils ressemblent. « Comment faire pour exister si on ne me regarde pas ? » Cela se vérifie notamment quand les parents sont surinvestis dans leur réussite : leurs apprentis mannequins vont avoir peur de les décevoir au moindre échec à un casting. Ou lorsque certains enfants, adorables quand ils sont très jeunes,