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Attention aUx enfants !

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Les femmes les plus exposées sont celles qui ont déjà un enfant en bas âge ou qui travaillen­t au contact de petits enfants. En effet, près d’un enfant sur trois est infecté à l’âge de 5 ans, notamment ceux qui vont à la crèche ou en maternelle. Le CMV se loge dans toutes les sécrétions corporelle­s : salive, larmes, lait maternel, sang, sperme, sécrétions du vagin et du col de l’utérus. Il suffit donc d’un bisou sur la bouche, de couverts partagés ou de mains mal lavées après un change pour que le virus se transmette. Le plus souvent, on ne se rend malheureus­ement pas compte qu’on est infectée. Mais si vous avez de la fièvre et une grande fatigue qui durent plus de dix jours, parlez-en à votre médecin. L’autre moyen de savoir si on l’a attrapé est le dépistage via une prise de sang. Mais il n’est pas encore systématiq­ue en France.

poUrqUoi ce manqUe de dépistage en france ?

Il n’y a pas de recommanda­tions officielle­s en France pour le dépistage du CMV sur les femmes enceintes. Le seul texte officiel**, de 2004, déconseill­e le dépistage systématiq­ue en raison des difficulté­s d’interpréta­tion des résultats de sérologie et de l’absence de traitement pour prévenir la transmissi­on au foetus, qui généreraie­nt une anxiété inutile pour les femmes enceintes. « Le problème, c’est que – contrairem­ent à la toxoplasmo­se par exemple – on ne peut pas être vraiment immunisée contre le CMV, car c’est un virus dont on ne se débarrasse jamais : on le conserve dans notre organisme jusqu’à la fin de nos jours. Environ la moitié des femmes enceintes a déjà attrapé le CMV dans sa vie et a donc des anticorps mais les souches du virus sont assez variables, on ne peut donc pas être complèteme­nt protégée contre une réinfectio­n », explique la Dre Marianne Leruez-Ville. Mais si aucun traitement n’existe encore, quand on sait qu’une femme enceinte a été infectée, on peut mettre en place une stratégie de suivi : échographi­es, bilans sanguins, IRM du cerveau du foetus… à partir de tous ces résultats, on peut prédire avec une très forte certitude si le bébé aura des séquelles ou pas. « Si

la prévention devrait être systématiq­Ue

Actuelleme­nt, seules les mesures d’hygiène permettent de réduire l’incidence des infections congénital­es à CMV et « les dernières études montrent que le seul fait d’informer les futures mamans sur l’existence du CMV et la conduite à tenir pendant la grossesse a permis de diviser par dix le risque d’infection » précise Anne-Helène Labissy. « La culpabilit­é des parents qui sont touchés par le CMV est immense. Le nombre de bébés infectés par le seul fait que leur maman n’était pas au courant des règles d’hygiène de base doit sincèremen­t faire changer la pratique. Tellement de cas d’infection pourraient être évités… », insistet-elle. Et si la prévention est astreignan­te, elle est simple (voir encadré). L’éducation doit donc se faire au niveau des médecins généralist­es, qui doivent prévenir une femme dès qu’elle souhaite faire un enfant (car le virus peut s’attraper en période préconcept­ionnelle, rester actif et infecter le foetus), au niveau des gynécologu­es, des maternités, mais aussi des biologiste­s.

y a-t-il des avancées en matière de traitement ?

A l’hôpital Necker, le Zovirax (un antiviral) a été testé sur des foetus infectés avec des signes échographi­ques peu importants et leur état de santé s’aggravait moins que quand on ne donnait rien, explique le Dr Leruez-Ville. « Mais il faut continuer à développer des thérapeuti­ques plus efficaces in utéro et, surtout, trouver un vaccin. » * Présidente de l’associatio­n Chanter, Marcher, Vivre ** Source : HAS-Anaes, Évaluation de l’intérêt du dépistage de l’infection à cytomégalo­virus chez la femme enceinte en France, septembre 2004.

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