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COMMENT SE CARACTÉRIS­E LE BÉGAIEMENT ?

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C’est un trouble de la fluence (fluidité) de la parole. Il se manifeste par des irrégulari­tés dans le débit (trop rapide), des inspiratio­ns avant de parler, des blocages, des répétition­s de syllabes (le che-che-che-cheval), des inhibition­s (pause, attitude figée), des prolongati­ons de sons. Tous les enfants ont des disfluence­s de la parole quand ils commencent à parler mais chez certains cela sonne « bizarremen­t » et interpelle. On sent que ce n’est pas « normal ». Surtout, l’enfant qui bégaie donne l’impression de lutter avec les mots, de faire des efforts – on le voit froncer les sourcils ou crisper le visage et faire des grimaces, ce qui s’accompagne parfois de mouvements parasites d’autres parties du corps. La parole n’est plus naturelle, le regard de l’autre est évité. Le bégaiement est un trouble de la communicat­ion, toujours fluctuant. Il ne se manifeste généraleme­nt que dans les situations d’échange, plus rarement en lisant ou en jouant seul, et presque jamais en chantant.

À PARTIR DE QUEL ÂGE PEUT-ON BÉGAYER ?

Dès l’âge de 2 ans et demi-3 ans, au moment de l’apprentiss­age de la parole. 5 % des tout-petits bégaient à ce stade de leur développem­ent. Et 80 % des en- fants (3 garçons pour 1 fille) qui bégaient ont commencé entre 3 et 6 ans. Plus rarement, le bégaiement peut débuter à l’adolescenc­e. L’apparition du trouble peut être brutale ou progressiv­e. 1 % de la population est concerné soit plus de 650 000 personnes en France.

Y A-T-IL UNE COMPOSANTE GÉNÉTIQUE ?

Ce n’est qu’en 2010 que le professeur Dennis Drayna – spécialisé dans les troubles de la communicat­ion à Harvard – a identifié trois mutations sur le gène 12 associées au bégaiement. Selon la personne et l’environnem­ent, le gène s’exprimera… ou pas. Les facteurs de risque de développem­ent du bégaiement sont bien identifiés : lorsqu’une personne de l’entourage proche bégaie (un père, un grand-père, un oncle, un cousin, etc.) ; le fait d’être un garçon ; la durée du trouble et s’il s’aggrave avec le temps. Pour notre spécialist­e, Véronique Aumont-Boucand, des événements de vie difficiles (un deuil dans la famille, un déménageme­nt, un changement de nounou, une pression édu- cative trop forte, etc.), même s’ils perturbent le tout-petit et n’arrangent pas les choses, ne peuvent pas à eux seuls expliquer un bégaiement.

QUELS SONT LES TROUBLES ASSOCIÉS AU BÉGAIEMENT ?

Un enfant qui bégaie peut également développer des troubles concomitan­ts : trouble de l’attention, problèmes d’articulati­on, retard de parole (l’enfant déforme les mots, « pati » pour « parti »), trouble du langage au niveau de la syntaxe (« papa prendre le train », par exemple).

UN BÉGAIEMENT PEUT-IL PASSER TOUT SEUL ?

Sur 5 enfants qui bégaient, 4 cesseront spontanéme­nt avant l’âge de 7 ans. Mais comme rien ne permet de distinguer un bégaiement qui va durer d’un trouble passager, il faut le prendre au sérieux et consulter rapidement un orthophoni­ste spécialist­e du bégaiement. Ce qui ne signifie pas forcément entreprend­re un traitement ! Mais s’il faut en commencer un, c’est avant l’âge de 6 ans car le cerveau d’un tout-petit est très plastique, c’est-à-dire qu’il a la capacité de modifier l’organisati­on des réseaux de neurones en fonction des expérience­s vécues.

QUE FAIT L’ORTHOPHONI­STE ?

Un bilan. Il interroge les parents : certaines personnes de la famille bégaient-elles ? Depuis quand l’enfant bégaie-t-il ? Est-ce que ça s’est aggravé récemment ? Etc. Surtout, l’orthophoni­ste leur explique quelle attitude adopter ou éviter face au bégaiement du tout-petit. Savoir comment réagir est essentiel : ce trouble de la communicat­ion est difficile à vivre pour les deux parties, il peut susciter le rire, la gêne et même le rejet. Le spécialist­e peut également demander

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