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FaiRe le deuil du désiR d’enFant Se dire qu’il y aura peut-être un autre bébé est rassurant, comme une tentative de retenir la jeunesse.

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Abandonner l’idée d’avoir d’autres enfants, c’est faire le deuil d’une partie de soi, celle qui est capable de donner la vie. « Mais c’est aussi faire une croix sur la complétude que représente la grossesse pour certaines femmes qui se sentent plus épanouies enceintes qu’en temps normal », constate Léa Gouz-Cymerman, psychologu­e clinicienn­e. Comme nous l’explique la Dre Laurence Carlier, « la grossesse ramène la femme à un vécu originaire unique dans notre histoire humaine, celui de la totalité vitale. Pendant neuf mois, notre cerveau se constitue dans un milieu d’exception, le milieu foetal, qui nous procure 24 heures/24 tout ce dont nous avons besoin. Pas de manque, pas d’attente, pas de désir, pas de frustratio­n… Tout est là. Notre cerveau à la naissance a stocké ces impression­s. La grossesse, lorsqu’elle se déroule dans de bonnes conditions, est le meilleur moyen de renouer avec cette totalité originaire et de la partager à son tour avec son bébé. Il y a de quoi être nostalgiqu­e. » Alors comment faire le deuil du « petit dernier » ? Il n’y a pas de méthode : chaque femme, chaque couple, a sa propre histoire. Si pour certaines, c’est une réelle envie d’avoir un nouvel enfant, pour d’autres, c’est une simple nostalgie de ces moments intenses. Mais, au fond, ne sent-on pas quand la famille est au complet ? « Je me dis toujours que si j’avais vraiment voulu un troisième enfant, j’aurais balayé d’un revers de la main tous les arguments contre car, a priori, rien ne s’opposait à son arrivée », avoue Laure, 38 ans. Peut-être faut-il tout simplement apprendre à vivre dans le présent ? Au lieu de ressasser cette envie de bébé, pourquoi ne pas essayer de « créer » ailleurs ? « Toutes les formes de créativité humaine, quel que soit le domaine, sont le meilleur moyen pour “sublimer” la possibilit­é de “se” garder en vie. La grossesse en est une mais ce n’est pas la seule. L’être humain doit se réinventer chaque jour, créer pour se ressentir en vie », conclut la Dre Laurence Carlier. On s’y met ? Malgré le bonheur d’avoir accueilli leur enfant, certaines mamans regrettent leur ventre rond, et ressentent un véritable manque après l’accoucheme­nt. «Après neuf mois où la future maman a formé un être “unaire” avec son foetus, l’accoucheme­nt fracture ce vécu, pour le bébé mais aussi pour la femme devenant mère », explique la Dre Laurence Carlier. Pas toujours facile – après la plénitude de la grossesse, quand on a été le centre de l’attention – d’accepter que, tout à coup, les gens ne regardent plus que le landau. « J’ai vécu une grossesse idyllique, je me sentais belle et précieuse aux yeux de tous. Mais après l’émotion de l’accoucheme­nt, quand je suis sortie de la maternité, je me sentais juste “grosse” et fatiguée, parfois dépassée. Du jour au lendemain, j’avais l’impression d’avoir perdu mon aura », raconte Sophie, 28 ans. Attention, ce petit baby-blues – qui arrive à presque toutes les mamans quelques jours après l’accoucheme­nt et qui est tout à fait normal – peut parfois s’installer et mener à une dépression postpartum. Aussi, si cet état persiste, il ne faut pas hésiter à consulter.

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