Ocytocine : point
trop n’en faut
La Dre Catherine Deneux-Tharaux (unité Inserm 953) a mené une étude sur les risques d’hémorragie grave pour les femmes ayant reçu de l’ocytocine pendant leur accouchement.
● L’ocytocine est couramment utilisée en obstétrique.
Son administration après la naissance du bébé
(la sage-femme injecte de l’ocytocine dans la perfusion au moment où il sort du ventre maternel)
est recommandée par les experts en France et au niveau mondial pour limiter le risque d’hémorragie.
Son bénéfice est prouvé et n’est pas remis en cause. ●
L’utilisation de l’ocytocine pendant le travail est en revanche moins bien encadrée.
Elle permet de déclencher le travail ou de l’accélérer lorsqu’il est laborieux mais aucune recommandation ne définit les indications ou les doses exactes à respecter. D’après la dernière enquête nationale périnatale de 2010, 64 % des femmes en reçoivent alors que 23 % des accouchements sont déclenchés. Cela voudrait dire qu’environ 40 % des femmes auraient un travail très laborieux ? Excessif d’après la chercheuse.
● Les travaux de la Dre Catherine Deneux-Tharaux montrent effectivement que
l’administration d’ocytocine pendant le travail est associée à une augmentation du risque d’hémorragie grave.
1 483 femmes ayant présenté une hémorragie du postpartum ont été comparées à 1 758 femmes pour qui l’accouchement s’est bien déroulé. Les deux groupes avaient reçu de l’ocytocine (73 % dans le premier groupe, 61 % dans le second). La prise d’ocytocine multiplie par 1,8 le risque d’hémorragie grave et ce surrisque augmente avec la dose d’hormone.
Des études expérimentales sur les tissus utérins avaient déjà montré que l’ocytocine à forte dose finit par désensibiliser les récepteurs. L’hypothèse était que
les femmes ayant reçu des quantités importantes pendant le travail n’y sont plus sensibles après l’accouchement :
réévaluation des pratiques :
l’utérus ne se contracte plus. Cela milite pour une réserver l’utilisation de cette hormone pendant le travail à des indications précises et en contrôler davantage les doses.