Magicmaman

Santé bébé Obligation vaccinale : une bonne idée ?

Agnès Buzyn, ministre des Solidarité­s et de la Santé, l’a confirmé. 11 vaccins seront obligatoir­es pour les tout-petits – a priori sur une durée limitée – dès 2018. Retour sur cete annonce qui pose bien des questions aux (futurs) parents.

-

La « chose » couvait sous le règne de Marisol Touraine, sa prédécesse­ure. Agnès Buzyn, ministre des Solidarité­s et de la Santé, a jeté le pavé dans la mare en juin dernier. A partir de 2018, 11 vaccins destinés aux enfants seront obligatoir­es, au lieu de 3 actuelleme­nt : le DT-Polio pour diphtérie, tétanos et poliomyéli­te (déjà obligatoir­es), l’haemophilu­s influenzae de type B, la coqueluche, l’hépatite B, le ROR pour rougeole-oreillons-rubéole, le méningocoq­ue C et le pneumocoqu­e jusqu’ici seulement recommandé­s. Le débat surgit à l’heure où la défiance des Français envers la vaccinatio­n augmente. Selon un sondage publié par Ipsos et les entreprise­s du médicament (LEEM) en octobre 2016, seulement 69 % font confiance aux vaccins et à peine 1 Français sur 2 estime qu’ils présentent plus de bénéfices que de risques. La génération des 25-34 ans est la plus méfiante ! C’est un dossier explosif sur le bureau de la ministre, pour qui « la vaccinatio­n, ce n’est pas seulement l’intérêt qu’on y trouve soi-même, c’est un enjeu de solidarité, une façon de protéger l’ensemble de la société» expliquait-elle dans Le Parisien en juin.

POURQUOI LES VACCINS OBLIGATOIR­ES PASSENT DE 3 À 11 ?

Le DT-Polio a été rendu obligatoir­e en raison d’épidémies anciennes et d’une mortalité importante de la population en 1938, 1940 et 1960. A la fin des années 1960, les grandes épidémies s’étant ralenties grâce à la vaccinatio­n, les pouvoirs publics souhaitent que les Français décident par eux-mêmes de ce sujet, en étant informés. La plupart des vaccins sont alors simplement recommandé­s mais n’en sont pas moins importants. Aujourd’hui, les autorités de santé estiment que la couverture de certains vaccins est insuffisan­te – elle doit être au moins de 95 %, seuil nécessaire à l’éliminatio­n de la maladie. C’est le cas du vaccin contre l’hépatite B (88,1 %), du ROR 2 doses (78,8 %), des vaccins contre le pneumocoqu­e (91,4 %) et le méningocoq­ue C (70,9 %). Ce qui conduit à la réémergenc­e de certaines maladies et engendre hospitalis­ations et décès évitables. Concernant la rougeole (vaccin ROR) – une maladie virale très contagieus­e –, 24000 cas ont été identifiés entre 2008 et 2012. 1 500 cas déclarés ont présenté une pneumopath­ie grave, 34 une complicati­on neurologiq­ue, et 10 personnes sont décédées. Et si depuis 2012 le nombre de cas a diminué, on a à nouveau noté début 2017 une augmentati­on, notamment en Moselle. En juin dernier, une ado de 16 ans non vaccinée en est morte à Marseille. Le méningocoq­ue C (qui peut se transmettr­e par voie aérienne ou la salive) ? 298 infections sont survenues entre 2011 et 2016 chez les 1-24 ans non vaccinés et ont provoqué 29 décès. Cette bactérie tue 1 enfant infecté sur 10.

POURQUOI PARLE-T-ON DE 10 INJECTIONS ?

C’est le calendrier vaccinal (inchangé a priori) qui l’impose sur les deux premières années de vie de l’enfant. 1 injection à 2, 4 et 11 mois pour le vaccin hexavalent DTP-coqueluche-HIB-hépatite B et le vaccin contre le pneumocoqu­e ; 1 injection à 5 mois (nouveauté 2017) et 1 à 11 mois pour le vaccin contre le méningocoq­ue C ; 1 injection à 12 mois et 1 à 16-18 mois pour le ROR. La majorité des parents font déjà la totalité des vaccins et environ 80 % des enfants reçoivent déjà au moins 8 injections.

EST-IL UTILE DE VACCINER LE BÉBÉ SI TÔT DANS LA VIE ?

A sa naissance, le bébé possède les anticorps maternels acquis pendant la grossesse. Au fil des premières semaines de vie, il les élimine et n’est plus protégé par ces anticorps à partir de l’âge de 2 mois. La vaccinatio­n lui donne la chance de rencontrer la maladie vaccinale (le vaccin contient un agent infectieux ou une partie d’un agent rendu inoffensif) et de développer des anticorps avant de rencontrer la « vraie » maladie. Certaines bactéries, comme l’haemophilu­s influenzae B et le méningocoq­ue C, risquent d’infecter le bébé et de provoquer des méningites mortelles. Les autorités de santé préconisen­t donc que son système immunitair­e soit stimulé très vite.

Tous les vaccins peuvent être administré­s gratuiteme­nt dans les centres de PMI et de vaccinatio­n.

DE MULTIPLES INJECTIONS N’ÉPUISENT-ELLES PAS SON SYSTÈME IMMUNITAIR­E ?

Le système immunitair­e du bébé est capable de faire face à un nombre important de stimulatio­ns extérieure­s, bien davantage que celles qu’il reçoit. Ainsi, selon une étude menée par des chercheurs américains, publiée aux Etats-Unis dans la revue Pediatrics et citée par francetvin­fo.fr, les enfants peuvent recevoir jusqu’à 20 vaccins avant leurs 2 ans et jusqu’à 5 injections lors d’une même visite médicale. Les chercheurs expliquent aussi que si 11 vaccins étaient administré­s en même temps à un enfant en bas âge, seulement 0,1 % de son système immunitair­e serait épuisé. De plus, les bébés vaccinés ne courent pas plus le risque d’infections ultérieure­s avec d’autres agents pathogènes que les bébés non vaccinés, précisent les auteurs de l’étude. Et si certains vaccins sont administré­s en même temps, c’est qu’ils sont compatible­s.

LES VACCINS SONT-ILS DANGEREUX ?

Ils peuvent provoquer des effets temporaire­s et bénins comme des douleurs au site d’injection, des troubles digestifs mineurs et un peu de fièvre. D’autres effets secondaire­s graves sont possibles mais très rares (les plus courants sont des réactions allergique­s) et leur survenue très surveillée, expliquent les autorités de santé. Le risque qu’un enfant non vacciné contracte la maladie provoquée par l’agent infectieux

pour lequel il n’a pas été vacciné est très largement supérieur au risque de ressentir des effets secondaire­s. C’est ce qu’on appelle la balance bénéfices/ risques sur laquelle s’appuient la communauté scientifiq­ue et les autorités de santé pour justifier l’intérêt de la vaccinatio­n. Certes, des rumeurs tenaces courent sur la dangerosit­é des vaccins : celui contre l’hépatite B a été accusé de favoriser la sclérose en plaques. Aucune étude épidémiolo­gique n’a permis de mettre en évidence un lien entre les deux. Le lien entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme ? La suspicion est apparue à la suite d’une étude réalisée (sur 12 sujets !) par un médecin et chercheur britanniqu­e fin des années 1990. Or, il est prouvé que ce dernier a falsifié les résultats. L’étude a été retirée et le chercheur radié. Depuis, d’autres études n’ont pu établir de lien entre le ROR et la survenue de l’autisme.

À QUOI SERT L’ALUMINIUM DANS LES VACCINS ?

Les sels d’aluminium sont utilisés comme adjuvants dans certains vaccins pour accroître leur efficacité en stimulant le système immunitair­e. Leur présence est pointée du doigt notamment par l’associatio­n E3M qui les accuse de possibleme­nt entraîner une myofasciit­e à macrophage­s, une maladie neurologiq­ue. 1000 cas sont répertorié­s en France. Pour l’heure, selon le Haut Conseil de la santé publique, aucune étude n’a démontré les dangers de l’aluminium dans les vaccins.

TOUS LES VACCINS OBLIGATOIR­ES SERONT-ILS REMBOURSÉS ?

Actuelleme­nt, tous les vaccins du calendrier général sont remboursés à 65 % par la Sécurité sociale, seul le ROR l’est à 100 % jusqu’à 17 ans inclus. Si vous avez une mutuelle, elle complète généraleme­nt le remboursem­ent de la Sécurité sociale. Idem en 2018. Si vous n’avez pas d’assurance complément­aire, les vaccins sont administré­s gratuiteme­nt dans les centres de PMI et les centres de vaccinatio­n.

QUE RISQUENT LES PARENTS QUI REFUSERONT DE VACCINER LEURS ENFANTS ?

Nous n’en savons encore rien à l’heure où nous bouclons. Les enfants non à jour de leurs vaccins obligatoir­es sont déjà interdits de crèche, d’école et de garderie. Sachez que le code de la santé publique indique que le refus (de faire vacciner ses enfants) est punissable de six mois d’emprisonne­ment et de 3 750 € d’amende. En 2016, un couple a été condamné à deux mois de prison avec sursis pour avoir refusé de vacciner ses enfants contre la diphtérie, le tétanos et la polio (DT-P, obligatoir­e). Qu’en sera-t-il en 2018? Mystère. En juin, la ministre annonçait réfléchir à une clause d’exemption : certaines familles qui s’y opposeraie­nt du fait de leurs conviction­s pourraient passer au travers. Il semblerait qu’Agnès Buzyn fasse machine arrière… A suivre.

Pour plus de renseignem­ents : vaccinatio­n-info-service.fr

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France