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Bébé secoué. Attention, danger !

Difficile à admettre mais, en , des nourrisson­s sont encore parfois victimes de maltraitan­ce. Exaspéré par ses pleurs, un adulte secoue le nouveau né pour le Haire taire, avec des conséquenc­es souvent dramatique­s.

- Par Claude de Faÿ. Avec la Dre Caroline Rey Salmon, pédiatre, médecin légiste et expert prés de la Cour d’appel de Paris, responsabl­e de l’unité médico judiciaire de l’Hôtel Dieu, à Paris.

Chaque année, de 200 à 400 nourrisson­s sont victimes du syndrome du bébé secoué. Débordé par des pleurs incessants, les nerfs à vif, l’adulte en garde de l’enfant craque nerveuseme­nt. Il secoue violemment le tout-petit jusqu’à ce que silence s’ensuive. Les victimes ont moins de 1 an et, dans les trois quarts des cas, moins de 6 mois. Le secouement entraîne des conséquenc­es le plus souvent irréparabl­es. A cet âge, le cerveau « flotte » dans la boîte crânienne. Lors de mouvements brutaux, il vient s’écraser contre celle-ci, entraînant la rupture des veines ponts –situées entre le cerveau et son enveloppe, la dure-mère. Des hématomes se forment et du sang se répand autour du cerveau. Il suffit d’une seule fois pour que le pire arrive. Si 25 % des bébés secoués décèdent, les autres gardent des séquelles, plus ou moins importante­s, parfois à vie.

Tous les milieux sociaux sont concernés

Le syndrome du bébé secoué est un véritable problème de santé publique. Car il s’agit ni plus ni moins de maltraitan­ce infantile qui touche tous les milieux socio-économique­s. «Un bébé, ça peut pleurer longtemps, parfois des heures, particuliè­rement le deuxième mois de vie, sans qu’on arrive à le calmer», rappelle Caroline Rey-Salmon, pédiatre et responsabl­e de l’unité médico-judiciaire de Paris. Lorsque le diagnostic de syndrome du bébé secoué n’a pu être établi et le tout-petit mis à l’abri à l’hôpital, les risques de récidive sont de l’ordre de 50 %, voire plus. En juillet 2017, la HAS a réactualis­é ses recommanda­tions afin d’aider les médecins à mieux diagnostiq­uer ce syndrome. Certains signes cliniques ne trompent pas mais d’autres symptômes non spécifique­s (vomissemen­ts, modificati­ons du comporteme­nt…) peuvent égarer les profession­nels. D’où la publicatio­n de critères précis. Si le diagnostic de syndrome du bébé secoué est «probable» ou «hautement probable», le procureur de la République sera alerté, et des procédures pénales seront engagées. S’il n’y a que suspicion de maltraitan­ce, c’est le président du Conseil régional qui en sera informé.

Que faire devant des pleurs à leur paroxysme ?

Qui peut prétendre n’avoir jamais pensé : « Je vais péter les plombs ? » Un père, une mère, est fatigué(e), fragile après une naissance. Même les « bonnes » mères ont des pensées inavouable­s. « Il est normal d’avoir envie de secouer son bébé mais il est anormal de passer à l’acte », martèle notre pédiatre. Vous êtes seul(e) chez vous et craquez ? Bébé n’est plus en sécurité dans vos bras. Couchez-le sur le dos dans son lit et sortez de la chambre pour faire redescendr­e la pression, appelez une amie, sonnez chez la voisine. Ou bien, si vous vous en sentez capable, sortez la poussette et roulez, roulez, roulez.

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