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Première séparation. Même pas mal !

6ous les témoignage­s le prouvent. .aisser pour la première fois son bébé à une bab[-sitter ou même à ses grands-parents ne se fait pas sans un petit pincement au czur. 0otre spécialist­e vous aide à passer ce cap en douceur, conseils à la clé.

- Par &ominique *enr[, témoignage­s recueillis par /arion *enr[. Avec la &re 'dYige Antier, pédiatre, diplÑmée en ps[cJopatJolo­gie de l’enfant.

Neuf mois de fusion totale, des semaines et des semaines de tendres tête-à-tête… et puis, un jour, il faut se séparer. Rares sont les mamans qui n’ont pas le coeur gros à l’idée de quitter pour la première fois leur bébé, même pour quelques heures. Symbolique­ment, n’est-ce pas couper une deuxième fois le cordon ? Comment imaginer, en effet, que ce petit être si fragile et si dépendant va pouvoir vivre sans nous ? Et qui saura, aussi bien que nous, comprendre ses pleurs, répondre à ses désirs, le rassurer quand il est triste ou le câliner quand il a besoin de tendresse ? A cette angoisse se mêle souvent de la culpabilit­é. Si on envisage de confier son bébé à ses grands-parents pour partir quelques jours en amoureux, on hésite et on se demande si on ne pourrait pas s’en passer. Même chose pour le dîner entre copains ou pour la soirée ciné, qu’on remet sans cesse à plus tard. Mais la séparation finit toujours par arriver… ne serait-ce que parce qu’on n’a pas le choix ! Tôt ou tard, il faut bien reprendre le travail ou s’absenter quelques jours pour une raison ou une autre. Alors, autant vivre la situation le mieux possible ! Notre spécialist­e, la Dre Edwige Antier, a écouté les témoignage­s des mamans que nous avons rencontrée­s et les commente avec son habituelle sensibilit­é. Situation par situation, elle vous aide également à mettre en place les « petits trucs » qui permettron­t de faciliter le passage de ce cap délicat. Jérémy avait 3 mois lorsque nous nous sommes décidés à le confier à une baby-sitter pour aller dîner en amoureux. Mon mari en avait envie depuis longtemps déjà mais, moi, je freinais de toutes mes forces. L’idée de devoir quitter mon bébé me gâchait par avance tout plaisir. Et puis un jour, je me suis sentie prête. Pour fêter ça, mon mari a voulu jouer le grand jeu et réservé une table dans un restaurant russe. J’étais heureuse de me retrouver en tête à tête avec lui… mais incapable de penser à autre chose qu’à mon bébé. Résultat : nous avons passé toute la soirée à ne parler que de lui ! Et quand un musicien s’est approché de notre table et a commencé à jouer un air russe à fendre l’âme, j’ai éclaté en sanglots et demandé à rentrer tout de suite à la maison. Nous sommes partis sans même attendre le dessert… » Lise, 32 ans, maman de Jérémy, 2 ans.

L’avis de notre spécialist­e

Ce témoignage illustre bien le décalage qui existe entre le monde extérieur (dont le papa fait partie) et la bulle maman-bébé. Cette jeune maman et son petit garçon sont encore en symbiose et, à 3 mois, c’est tout à fait normal. Elle a voulu se raisonner pour que son mari ne se sente pas abandonné. Peut-être aussi s’est-elle dit que ce serait bon pour leur couple, que ce dîner allait leur permettre de se retrouver… Mais au fond, elle n’était pas prête. Son instinct lui disait qu’en quittant son bébé, même pour une soirée, elle allait le plonger dans le désarroi. De fait, on sait bien qu’un tout-petit ne se sent exister que dans la relation avec sa mère. «Un bébé tout seul, ça n’existe pas», disait le pédiatre et psychanaly­ste anglais Donald W. Winnicott. Sans la voix de sa maman, son odeur, son regard, il ne se reconnaît pas. Il se sent comme «désintégré ». C’est cela que Lise a ressenti. Pour elle et son petit garçon, le moment de la séparation n’était pas encore venu. La capacité d’un bébé à se séparer est très variable : certains peuvent quitter sereinemen­t leur maman à 3 mois, d’autres ont encore du mal à 2 ans. Ecoutez votre petite voix intérieure : le jour où vous vous sentirez prête, c’est que votre tout-petit le sera aussi.

Comment faire pour que tout se passe au mieux

Confiez votre bébé à une personne en qui vous avez une totale confiance. Pourquoi pas votre mère ou votre bellemère lorsque c’est possible? Si vous avez recours à une baby-sitter, choisissez de préférence quelqu’un de connaissan­ce (une nièce, la fille d’une amie…) qui possède déjà une certaine expérience des enfants. Prenez le temps de la rencontrer avant le jour J pour lui faire faire le tour de la maison et lui présenter votre bébé. Observez la façon dont elle se comporte avec lui. Si elle le prend spontanéme­nt dans ses bras, qu’elle se montre chaleureus­e, calme et attentive à ses besoins, vous pouvez considérer que c’est gagné. Dans le cas contraire… il est peut-être temps d’en trouver une autre !

Inscrivez dans un petit carnet tout ce que votre baby-sitter a besoin de savoir : à quelle heure votre bébé a pris son dernier biberon, quelles sont ses habitudes pour s’endormir, quels sont ses jouets préférés. Notez aussi un numéro de téléphone où elle pourra vous joindre au cours de la soirée, les numéros des urgences, celui de votre pédiatre et celui des voisins.

Laissez à votre bébé un objet personnel qui porte votre odeur: foulard, écharpe… C’est un lien avec vous qui le rassurera et l’aidera à s’endormir paisibleme­nt.

Autorisez-vous un petit coup de fil dans la soirée pour avoir l’esprit tranquille. De toute façon, vous allez avoir votre bébé en tête en permanence ! Alors, autant appeler et s’assurer que tout va bien.

Sortie en amoureux. Vous confiez pour la première fois votre tout-petit à une baby-sitter

C’est les vacances. Ses grands-parents le gardent pour quelques jours

Pour le réveillon, nous avions décidé de partir cinq jours sans Melvil, qui avait 7 mois à l’époque. C’était la première fois qu’on le faisait garder si longtemps. Je n’avais pas d’appréhensi­on particuliè­re, car je l’avais déjà confié plusieurs fois à mes parents et cela s’était toujours très bien passé. Pourtant, à ma grande surprise, j’ai vite compris que je n’étais pas prête. Dès le départ, j’ai éclaté en sanglots. Un vrai choc psychologi­que. La nuit, je ne rêvais que de lui. Je n’ai absolument pas profité de notre séjour. Je n’attendais qu’une chose : rentrer ! » Nathalie, 29 ans, maman de Melvil, 2 ans, et de Gaspard, 1 mois.

L’avis de notre spécialist­e

On voit bien, là encore, que la séparation n’est pas une question d’âge. Melvil a 7 mois, et sa maman sent, dès la première minute de séparation, qu’elle lui est toujours nécessaire. Le «choc psychologi­que» qu’elle évoque, son petit garçon a dû le ressentir en miroir. Il se peut d’ailleurs que Melvil ait manifesté son chagrin par des difficulté­s à s’endormir ou des moments d’agitation. A 7 mois, on peut exprimer son angoisse, ce n’est pas comme à 3 mois. L’important, c’est qu’il y ait quelqu’un pour écouter cette détresse, consoler l’enfant, le prendre dans les bras. Dans ce témoignage, Melvil est soutenu par la présence affectueus­e de ses grands-parents. Si bien que, pour lui, cette séparation va devenir un souvenir constructi­f : d’accord, il a eu du chagrin, mais il s’est fait consoler. Une expérience somme toute positive. J’entends souvent des spécialist­es (hommes!) conseiller aux mères de ne pas montrer leur angoisse au moment où elles quittent leur enfant. C’est une absurdité. Un tout-petit capte les battements du coeur de sa mère, il est en prise directe sur ses émotions. Rien ne sert de tricher. Au contraire, il faut exprimer ce que vous ressentez. Vous avez le droit de dire : « Tu vas me manquer, mais je te laisse avec papy et mamie, qui sont formidable­s et vont bien prendre soin de toi. » A l’inverse, si vous partez le coeur léger, n’hésitez pas à dire: «Je te laisse pour quelques jours, on va passer un bon moment tous les deux et on sera très heureux de se retrouver. » S’il sent que votre joie est réelle, votre tout-petit en sera rassuré.

Comment faire pour que tout se passe au mieux

Expliquez-lui à l’avance la situation : vous partez quelques jours et il reste avec ses grands-parents, qui vont prendre soin de lui. S’il a l’habitude de les voir depuis qu’il est petit, ils font déjà partie de son environnem­ent familial. Leur présence est familière et rassurante.

Prenez le temps de rester quelques heures tous ensemble avant le départ. De cette façon, votre enfant sentira que vous passez le relais à vos parents et qu’ils s’inscrivent dans une continuité.

Ne partez surtout pas pendant qu’il dort ! Cela peut vous sembler le meilleur moyen pour éviter les pleurs, mais en se réveillant, il va se sentir abandonné et trahi. Mieux vaut lui dire franchemen­t « au revoir ».

Fin de votre congé de maternité. Cette fois, vous reprenez le chemin du travail…

Mon retour au travail a été très difficile. J’avais retardé le moment de la séparation au maximum en cumulant mes RTT et mes vacances. Zoran avait 3 mois et demi au moment de la reprise. Trois jours avant, j’angoissais déjà. J’avais peur de m’effondrer devant mes collègues et mes patients. Quand je suis arrivée au travail, je suis allée me changer au vestiaire et j’ai trouvé un cadeau de mes collègues : des vêtements pour Zoran… J’ai éclaté en sanglots. La journée a été très difficile, car tout le monde me posait la même question : « Comment va ton bébé ? » A chaque fois, je devais retenir mes larmes et essayer de répondre en souriant. Heureuseme­nt, à la pause, j’ai pu passer un coup de fil à la maison. Mon compagnon, qui gardait notre fils, m’a rassurée en me disant qu’il ne restait plus que quelques heures avant que je ne retrouve mon bébé. Pour moi, la séparation reste difficile. J’ai l’impression que Zoran a encore trop besoin de moi pour vivre. » Emilie, 23 ans, maman de Zoran, 6 mois.

L’avis de notre spécialist­e

Neuf femmes sur dix ressentent un vide abyssal à l’idée de devoir se séparer de leur tout-petit pour retourner travailler et souffrent de devoir le confier à quelqu’un d’autre. Comment une tierce personne pourrait-elle savoir aussi bien qu’elles ce dont leur bébé a besoin ? Une mère sait qu’elle est la seule à capter les plus infimes signaux de son bébé et à pouvoir répondre exactement à ses demandes. Dans ce témoignage, le fait que ce soit le papa qui garde le bébé pendant que la maman reprend le travail apporte une formidable réassuranc­e. Je trouve que les pères qui le peuvent devraient prendre leur congé de paternité à la fin du congé de maternité de leur compagne. Ainsi, le bébé profite de deux semaines de plus chez lui, auprès de l’un de ses parents. Sans compter que c’est en prenant soin de son enfant qu’un père apprend à le découvrir et à devenir réceptif à ses besoins. En confiant son bébé à son compagnon, Emilie accomplit quelque chose de très positif : elle leur donne l’occasion d’apprendre à se connaître et de créer un lien fort. Les congés de maternité sont trop courts : ils devraient être étendus à six mois.

Comment faire pour que tout se passe au mieux

Si vous allaitez, évitez de sevrer votre bébé les jours qui précèdent votre retour au travail. Et conservez si possible la tétée du matin et celle du soir. Ce tendre rendez-vous vous fera le plus grand bien à tous les deux.

Habituez votre enfant à de petites séparation­s avant de reprendre le travail. Confiez-le à une personne de confiance une heure ou deux pour faire une course, sortir déjeuner avec une amie, etc. Cela lui rendra les choses plus faciles le moment venu… et à vous aussi.

Présentez-lui avant la ou les personnes qui vont s’occuper de lui et l’endroit où il va vivre. Si votre bébé est inscrit en crèche, on vous proposera une adaptation progressiv­e. Si vous avez choisi une assistante maternelle, commencez par lui rendre une petite visite ensemble, puis laissez votre bébé une heure ou deux en sa compagnie et augmentez peu à peu la durée de vos absences.

Remplissez soigneusem­ent le carnet de liaison de la crèche ou récapitule­z dans une petite note à votre nourrice tout ce qui vous semble important concernant le bien-être de votre bébé : ce qu’il aime, ce qui l’irrite, ses habitudes de sommeil, ses repas, ce qui le met en joie… Laissez-le emporter un petit jouet ou sa peluche favorite. Cela lui permettra de faire la transition avec la maison. Prenez le temps de bavarder avec les personnes qui s’occupent de lui lorsque vous le déposez le matin et lorsque vous venez le chercher le soir. Votre bébé doit sentir que vous avez créé un vrai lien avec elles et que vous êtes partenaire­s. Si vous le pouvez, raccourcis­sez les journées de garde en optant pour des horaires de travail décalés par rapport à ceux de votre compagnon. Il commence plus tard et dépose le bébé à la crèche ou chez la nounou ; vous finissez plus tôt et vous allez le chercher.

Faites participer votre bébé à votre vie. Plutôt que de faire les courses au pas de charge avant d’aller le chercher chez sa nounou, passez d’abord le prendre et faites vos achats ensemble. Ces moments partagés sont réparateur­s.

Prenez un vrai moment pour vous retrouver en rentrant à la maison. Ménage et dîner peuvent attendre : vous avez tous les deux besoin de câlins et de jeux !

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