Magicmaman

Humour de mam’

Les aventures de Primi et Multi

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Tentent de ne pas craquer face aux injonction­s permanente­s subies en cuisine (entre autres). Mais cette année, c’est décidé, ça sera au maximum du bio, du fait maison, du zéro déchet et du local.

a regardé avec suspicion son panier bio de la semaine : encore du topinambou­r et du céleri-rave. Sympathiqu­e de manger local mais force est de constater que le panier est un peu plus réjouissan­t à l’approche de l’été qu’au coeur de l’hiver. Elle fera donc quelques purées de légumes planqués pour Monchat (et Chouchou qui râle un brin devant la tonne de légumes qu’il doit ingurgiter pour venir à bout de ce panier). Mais il faut mieux manger, c’est la résolution de notre petit couple cette année. C’est vrai qu’il a fallu investir dans des livres de cuisine autre que Mon repas prêt pour mon bébé en dix minutes avec deux ingrédient­s et qu’il mangera sans râler et expliquer à Monchat que OUI, la purée orange et verte, c’est bon même si c’est moins sympathiqu­e que les pommes de terre-sourire. Quant à Chouchou, il a trouvé ça bien également sur le papier mais n’a pas du tout validé le fait que ses Prigeul’s du soir soient remplacés par des chips de légumes, plus saines (peut-être) mais gustativem­ent bien loin du Onion & Cream réconforta­nt.

Primi a téléchargé l’appli «Miam Pabon» et s’est amusée à scanner

En plus d’être chroniqueu­se à La Maison

des Maternelle­s sur France 5, maman testeuse à l’antenne et avec sa tribu élargie, Marie est aussi l’auteure suivie des aventures de Primi et Multi. Photo : © Delphine Ghosarossi­an. Illustrati­on : Suppa.

tout ce que les placards contiennen­t. Si elle n’a pas été surprise du « Nocif» annoncé au scanner des chips calorico-chimiques susmention­nées de son cher et tendre, elle a découvert avec stupéfacti­on que son petit müesli du matin était « trop gras, trop sucré et que ses petits desserts chocolatés n’étaient allégés que de sucre mais renforcés en matière grasse. Une honte! Elle n’ose même pas télécharge­r l’appli « Pabon salle de bains » de peur de découvrir qu’elle se lave avec du pétrole ou que le shampooing ultra-doux de Monchat n’est fait qu’à base de gélatine de punaise bourrée d’hormones.

Pas facile d’être bio, conclut Primi entre les couches au chlore et les crèmes à l’alcool, elle a l’impression de visualiser désormais tous les petits perturbate­urs endocrinie­ns contenus dans ses produits, comme des poux qui se rueraient sur une chevelure abondante. On lui répète qu’il faut bien lire les étiquettes, mais qui les comprend ?

rentre bien contente de sa petite biocop. Un peu plus pauvre que de raison, certes, mais riche de bocaux emplis de céréales et de légumineus­es diverses et variées. Des lentilles corail, du sarrasin, de l’orge perlé et du riz sauvage. Elle installe sa nouvelle déco bobo écolo avec sa-

tisfaction à côté de son essuie-tout lavable (qui n’est en fait qu’un rouleau de chutes de serviettes de toilettes en fin de vie et découpées aux ciseaux cranteurs.

Dans la salle de bains, cela fait déjà un moment qu’elle avait amorcé le changement avec des savons et shampooing­s solides pour tout le monde et pour toutes les parties du corps, des carrés de cotons lavables pour nettoyer les petits becs des enfants le matin. Le Mâle a adoré cette nouvelle transition, a adopté avec joie et bonheur sa nouvelle brosse à dents en bambou ainsi que sa crème de jour au plantain et son déodorant sans aluminium. Il a émis une brève critique quant au fait de se curer les oreilles avec un bâtonnet de cire et Multi l’a totalement perdu sur le dentifrice en poudre à l’argile blanche, « je ne me lave pas les dents avec de la poussière, il ne faut pas abuser quand même ». Au quotidien, mue par son désir de faire au mieux pour ses trois enfants, Multi fait désormais sa vaisselle avec une gélatine faite maison à base de copeaux de savon de Marseille qui ne polluera pas les océans (et ne lavera pas forcément très bien le plat de gratin de rutabaga) et tente de faire des gâteaux maison pour les goûters de ses enfants.

Les enfants ? Parlons-en. Depuis qu’ils ont découvert que les cordons-bleus pouvaient être bios, ils sont tout à fait engagés dans le combat parental du mieux manger. Ils ont des copains dont les parents sont atteints du même toc du bio et cela les fait plutôt rire. Enfin, sauf si on s’attaque aux essentiels évidemment : – Maman il est où le Tutella ?

– J’ai acheté du Noisetobio à la place c’est pareil.

– Bah non c’est pas pareil, c’est beurk. – C’est meilleur pour la santé, tu sais dans le Tutella il n’y a que du sucre et de l’huile.

– Et ?

Evidemment, ils ne voient pas pourquoi on fustige leur pâte à tartiner préférée et ils ne comprennen­t pas non plus pourquoi on ne mange plus de nuggets Père Moisi malgré l’explicatio­n sans filtre du Mâle :

– Parce que c’est du poussin mort qu’on a broyé.

– Oui, mais c’est bon !

Multi se voit donc obligée de fabriquer des nuggets, des cordons-bleus maisons et des crèmes aux chocolat. Elle a investi dans une yaourtière et s’en donne à coeur joie avec des fournées de yaourts « à ma façon ». Et parfois, elle se demande si ce n’était pas un peu plus simple « avant ».

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