Magicmaman

Elle dessine le meilleur des mondes

- Par Dominique Henry

Sa vie, Tiffany Cooper ne la voyait pas comme ça. Le dessin, la créativité sous toutes ses formes, oui. Mais une famille, avec enfant et mari, sûrement pas. Longtemps, la jeune célibatair­e a mené joyeuse vie. « Je fumais, je sortais, je buvais, confie-t-elle. Je ne voulais pas d’amoureux et encore moins d’enfant. Je plaçais ma liberté par dessus tout. J’étais focalisée sur ma carrière. » Petite, Tiffany joue avec les crayons et imagine des mondes. «Enfant, je m’étais inventé un immeuble constitué de feuilles A4 placées les unes au-dessus des autres. Chacune figurait un étage, raconte-t-elle. Dessus, je dessinais tout ce qui me faisait envie. Il y avait l’étage des bonbons, l’étage des jouets, etc. Cet immeuble, je l’appelais le meilleur des mondes possibles.» Comme Tiffany n’aime pas beaucoup l’école, sa mère l’inscrit à des tas d’ateliers créatifs. La petite fille dessine, coupe, colle, expériment­e des techniques… Sa voie est toute tracée: elle intégrera une école d’art. Diplôme d’arts décoratifs en poche, Tiffany enchaîne les boulots. A 22 ans, elle est assistante de galerie. Puis elle fait une incursion du côté de la mode. Partout, elle observe et se nourrit de ce qu’elle voit. Entre deux jobs, la voici au chômage. Pour s’amuser, elle décide de créer un blog. En souvenir de l’immeuble qu’elle s’était inventé petite fille, ce sera Le meilleur des mondes possibles. Chaque matin, elle poste une petite histoire tirée de sa propre vie. Ton humoristiq­ue, trait léger, autodérisi­on, Tiffany se croque en célibatair­e

VOTRE ENFANCE

Enfant, vous étiez du genre… Différente des autres enfants. Du coup, j’ai été très mal acceptée. Il y a quatre ans, j’ai appris que j’étais précoce. A l’époque, je ne mettais pas de nom sur ma différence.

Plus grande, vous rêviez de devenir…

Libre, indépendan­te et heureuse. C’était mon credo. Je voulais inventer ma vie, voyager.

Ce que vous retenez de l’éducation de vos parents… En matière d’éducation, je puise mon inspiratio­n ailleurs.

VOTRE GROSSESSE

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris votre grossesse ?

J’étais folle de joie ! Je ne me voyais pas comme une femme qui pouvait tomber enceinte.

Avant d’accoucher, qu’auriez-vous aimé savoir ?

J’ai eu toutes les infos dont j’avais besoin. Je savais que l’accoucheme­nt ferait mal, que je rentrerais à la maison sans avoir perdu mon gros ventre… J’étais tellement informée que finalement la surprise a été que tout se passe bien !

ÊTRE MAMAN

Ces objets ou astuces qui vous ont sauvé la vie pendant les premiers mois…

J’ai choisi de ne pas allaiter, et je m’en félicite. Ainsi nous parisienne qui rejette le schéma ennuyeux de «trouver l’amour, se marier et faire des enfants ». Immédiatem­ent, ses dessins trouvent leur public. Un éditeur décide de les réunir dans un album et de les publier. « A ce moment-là, un magazine m’appelle pour me commander des illustrati­ons et un agent me contacte », se rappelle-t-elle, encore émerveillé­e. C’est parti pour une carrière d’illustratr­ice freelance ! L’objectif de sa vie enfin atteint ? C’est compter sans l’amour qui s’invite sans prévenir. «Le jour où celui qui allait devenir le père de mon enfant m’a invitée à dîner, j’ai su que si je disais oui, si je sortais de ma tanière, c’est le cours entier de ma vie qui allait s’en trouver bouleversé », avoue-t-elle. Pourtant, elle y va. C’est le début de la vie à deux. Très vite, son compagnon a envie d’un bébé. Mais Tiffany résiste. «Il a fallu une thérapie pour que je comprenne pourquoi je bloquais tant », confie-t-elle. Après un travail d’analyse, les barrières lâchent. « Brusquemen­t, c’est devenu une évidence, poursuit-elle. Ce bébé, je voulais le faire… et tout de suite ! » Trois mois plus tard, Tiffany est enceinte. La grossesse est une croisière : pas de nausées, zéro symptômes. L’accoucheme­nt se passe bien. Le bébé est facile, il fait ses nuits tout de suite, Tiffany perd ses kilos superflus en quatre mois. Le tableau idéal. « Du genre qui énerve les copines », sourit l’intéressée. C’était bien la peine de tant résister ! Rieuse, Tiffany décide de reprendre ses crayons pour se raconter. Son album

sort le 12 septembre. Il s’appelle Moi, maman ?

avons pu nous partager les biberons. C’était génial. Aucun de nous n’était trop fatigué. Un moment de pur bonheur avec votre enfant, c’est…

Le matin, quand on le sort de son petit lit pour l’installer entre nous deux sous la couette. Ça joue, ça chahute, ça rigole… Tous les jours, on l’arrose d’amour.

En tant que maman, que souhaitez vous transmettr­e à votre enfant ?

Un sentiment d’amour et de sécurité. Et puis, bien sûr, des valeurs telles que la tolérance, la générosité, l’ouverture aux autres. Et aussi la curiosité, la créativité, le désir d’expériment­er.

VOTRE VIE DE MAGICMAMAN

En tant que femme, quels sont vos combats quotidiens ?

L’équité dans le couple ! Mon compagnon cuisine très bien, il est hyperbrico­leur… mais étendre le linge et faire la vaisselle, il a du mal. Je suis très vigilante sur le partage des tâches. On a vite fait d’accumuler de la rancoeur et c’est mauvais pour le couple.

Pour vous, une magicmaman, c’est…

Une maman qui fait passer son enfant en priorité mais sans s’oublier, sans oublier son métier et sa vie de femme.

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