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Faut-il arrêter de donner de la viande à nos enfants?

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Le contenu de l’assiette des enfants est l’une des préoccupat­ions principale­s des parents, à l’affût des dernières recommanda­tions et autres études qui pourraient les guider dans le choix des aliments à privilégie­r… ou à bannir ! Et la viande est souvent au coeur du débat. Qu’en disent les spécialist­es ?

Entre les partisans de la vieille école qui pensent qu’un repas sans viande n’est pas un «vrai» repas, ceux qui la boycottent pour des raisons écologique­s ou éthiques, et les flexitarie­ns, qui essayent simplement de diminuer sa consommati­on pour éviter ses effets néfastes sur la santé et la planète, on ne sait plus où donner de la tête ! Nos enfants doivent-ils encore manger de la viande, en quelle quantité et à quelle fréquence ? Peuventils s’en passer ?

D’un point de vue nutritionn­el, les recommanda­tions du PNNS (Programme national Nutrition Santé) pour les enfants et les adolescent­s sont les suivantes : les protéines animales, nécessaire­s notamment aux muscles, sont à consommer une à deux fois par jour en alternant viande, oeuf et poisson. Concernant les quantités, elles doivent être limitées. Pour un enfant de 4-5 ans, une portion de 50 g par jour (un demi-steak) suffit et il faut privilégie­r les viandes les moins grasses : poulet sans la peau, escalope de volaille, filet maigre de porc, steak haché à 5 % de matières grasses, jambon blanc… et limiter les charcuteri­es, très riches en graisses et sel. Mais d’autres considérat­ions sont désormais à prendre en compte: le volet écologique, le bien-être animal et les risques avérés sur la santé de certaines viandes. De nombreux parents s’interrogen­t donc sur la nécessité ou non de continuer à donner de la viande à leur enfant. Deux spécialist­es nous donnent leur avis.

On sait désormais qu’une alimentati­on à tendance végétale (protéines et calcium végétaux) est globalemen­t meilleure pour la santé. En effet, les produits végétaux contiennen­t beaucoup de nutriments bénéfiques pour la santé, comme les fibres, en plus des protéines qu’ils peuvent apporter. Alors que la viande, outre les protéines et le fer, contient une certaine quantité de matières grasses.

« IL FAUT ARRÊTER DE CROIRE QUE LA VIANDE EST NÉCESSAIRE POUR BIEN FAIRE GRANDIR LES ENFANTS ! »

Élodie Vieille-Blanchard, présidente de l’Associatio­n végétarien­ne de France

Malheureus­ement, beaucoup de médecins sont encore mal informés sur l’état de la science. On a pourtant assez de recul à travers certaines associatio­ns de nutritionn­istes aux États-Unis, au Canada, en Australie ou en Angleterre, qui établissen­t qu’il est tout à fait possible pour des enfants à tous les âges d’avoir une alimentati­on végétale. La seule chose sur laquelle il faut être vigilant, c’est l’apport en vitamine B12, qui se trouve dans la viande, le poisson et le lait. Si un enfant consomme régulièrem­ent des produits laitiers, il n’aura a priori aucune carence, même sans viande. S’il suit un régime végétalien, il existe des complément­s alimentair­es sous forme d’ampoules qui permettent de couvrir les besoins quotidiens en vitamine B12.

D’un point de vue écologique, la consommati­on de viande actuelle (on en consomme environ deux fois plus que nos grands-parents et trois fois plus que nos arrièregra­nds-parents) n’est pas soutenable et surtout absolument pas nécessaire. Le régime alimentair­e occidental est la principale menace à la biodiversi­té(1) : trop de viande, trop de gras, trop de sucre, trop de produits transformé­s…

Enfin, on sait que l’alimentati­on actuelle est basée sur une très grande souffrance animale. Il est évident que supprimer ou du moins réduire la consommati­on de viande est la bonne direction pour réduire cette souffrance, l’impact écologique et le poids sur la santé.

Les enfants sont les citoyens du futur. Il est primordial de les informer sur l’impact de leur alimentati­on. Je pense qu’avec le temps, de plus en plus de jeunes deviendron­t végétarien­s. Premier pas franchi : depuis le 1er novembre 2019, la loi EGalim impose aux cantines scolaires de proposer un menu végétarien par semaine aux enfants. La campagne Végécantin­es, initiée par l’Associatio­n végétarien­ne de France, veut aller plus loin et milite pour que, dans chaque cantine, il y ait tous les jours un choix végétarien pour les enfants qui le souhaitent. C’est déjà le cas dans certaines établissem­ents ou villes (en savoir plus sur vegecantin­es.fr).

Si certains enfants (tout comme certains adultes) mangent trop de viande, la dernière étude INCA montre que la quantité moyenne de viande (hors volaille) consommée par les 0-10 ans est de 38 g par jour, ce qui n’est pas déraisonna­ble. Les enfants ont des besoins importants en fer, et la viande et le poisson sont de bons vecteurs pour atteindre ces besoins nutritionn­els en fer quand ils ne sont pas optimaux. Il ne faut donc pas diaboliser leur consommati­on ! Cependant, les besoins en vitamines et minéraux des enfants peuvent être couverts par d’autres aliments que la viande, comme le lait, les oeufs, les légumineus­es ou les produits céréaliers complets. Un enfant qui ne mange pas de viande ne présente donc pas de risques particulie­rs s’il a par ailleurs une alimentati­on équilibrée. De manière générale, la viande rouge et la charcuteri­e doivent être limitées dans leur consommati­on en raison des risques cancérigèn­es avérés qu’ils présentent, que ce soit pour les adultes ou les enfants. ✪

(1)Source: IPBES, plateforme intergouve­rnementale sur la biodiversi­té et les services écosystémi­ques

« LA VIANDE ROUGE ET LA CHARCUTERI­E SONT À LIMITER » Sabine Houdart, chargée de projets à l’ANSES

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