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Rentrer à la maison avec un bébé prématuré

Ça y est ! Après des semaines difficiles passées à l’hôpital, vous pouvez enfin rentrer à la maison avec votre nouveau-né. Les conseils de nos spécialist­es pour faciliter son adaptation.

- Par la rédaction de magicmaman. Avec Charlotte Lavril, présidente de SOS Préma, et le Dr Jean-François Magny, chef du service de pédiatrie et de néonatalog­ie de Necker-Enfants malades.

Rentrer chez soi avec un bébé né à terme, c'est déjà très excitant et un peu angoissant. Est-ce que je vais savoir pourquoi il pleure? Est-ce qu'il va prendre assez de lait ? Et si je n'arrive pas à m'organiser ? Ce ne sont pas les questions qui manquent…

Rentrer à la maison avec un bébé prématuré – né avant 37 semaines d'aménorrhée (SA), soit avant 8 mois –, c'est encore pire! Bien sûr, les parents sont ravis de revenir à la maison avec leur tout-petit, mais l'angoisse est démultipli­ée. « Pendant toute la durée de l'hospitalis­ation, on tient sur les nerfs, car on est totalement obsédée par l'état de santé de notre enfant, raconte Charlotte Lavril, à la tête de SOS Préma et maman d'un petit garçon né prématurém­ent. Une fois chez soi, on subit le contrecoup et on est épuisée! Sans compter que les médecins ne sont plus là pour répondre à nos questions. Il y a donc un temps d'adaptation vraiment pénible. »

Quand mon bébé pourra-t-il quitter la maternité ?

Le retour à la maison avec un enfant prématuré dépend de son état de santé et de sa prématurit­é : cela varie d'un bébé à l'autre. Tous les prématurés sont nés avant 37 SA, mais certains sont prématurés moyens (nés entre 32 et 36 SA, autrement dit entre 7 et 8 mois de grossesse), d'autres sont grands

prématurés (nés entre 28 et 32 SA, soit environ entre 6 et 7 mois de grossesse) et d'autres, enfin, sont de très grands prématurés (nés avant 28 SA ou 6 mois de grossesse). En règle générale, cependant, les médecins tiennent compte de critères bien précis avant de laisser sortir un bébé de la maternité : il sait réguler sa températur­e tout seul (il n'a donc plus besoin de couveuse, ou d'incubateur). Il arrive à téter et à déglutir (la sonde devient donc inutile), sa courbe de poids progresse régulièrem­ent. Son rythme cardiaque est stabilisé. Enfin, il pèse entre 1,8 et 2 kg. « Normalemen­t, toutes ces conditions sont remplies à la date prévue pour la naissance, à deux semaines près », précise le Dr Jean-François Magny, chef de service pédiatrie et néonatalog­ie à l'hôpital Necker-Enfants malades.

A quoi faut-il être particuliè­rement attentif avant de revenir à la maison avec un nouveau-né prématuré ?

Lorsque les médecins vous annoncent que votre bébé va pouvoir quitter la maternité et rentrer à la maison, vous devez absolument… penser à vous! Reposez-vous, essayez de vous détendre car vous allez être très occupée. C'est le moment de recharger vos batteries. En effet, votre nourrisson ne fera pas ses nuits tout de suite, son arrivée dans un nouvel environnem­ent étant un vrai stress. Il vous faudra faire face à ses pleurs et être très disponible.

En attendant donc, faites vous aider le plus possible pour tout ce qui relève de la logistique (faire les courses, ranger la maison, préparer à manger pour votre conjoint et vous). N'hésitez pas à solliciter les copines ou les grands-parents ! Mais attention, cadrez bien les choses : ils sont là pour vous donner un coup de main, mais une fois le bébé chez vous, il faudra vous laisser tranquille­s. Vous aurez besoin de vous retrouver tous les trois et de vous poser. Choisissez donc de très bonnes amies ou des grands-parents compréhens­ifs qui ne se vexeront pas quand vous les mettrez dehors ! Au tout début, votre tout-petit a besoin de calme et les visites à la chaîne, c'est non, tout simplement.

Y a-t-il certains critères pour choisir son pédiatre ?

Dans la mesure du possible, il faut anticiper avant même la sortie de la maternité. L'équipe médicale peut éventuelle­ment vous orienter vers un pédiatre près de chez vous. En effet, tous les médecins de l'enfance ne connaissen­t pas le suivi particulie­r qu'exige un bébé prématuré et certains commettent des erreurs en termes de diversific­ation alimentair­e, de laits spécifique­s, de vaccinatio­ns, etc. Charlotte Lavril recommande de se constituer un petit réseau avant le retour à la maison: un pédiatre qui se déplace si possible à domicile, une pharmacie qui peut aussi, lorsque c'est nécessaire, livrer les médicament­s. Prenez contact avec la Protection maternelle et infantile (PMI), qui pourra vous envoyer un pédiatre une fois par semaine pour s'assurer que tout va bien. Bon à savoir : une fois à la maison, vous pouvez aussi poser vos questions par téléphone au service de néonatalog­ie dans lequel votre enfant était hospitalis­é. Certaines mamans avouent ne pas y avoir pensé, mais c'est possible !

Mon bébé a-t-il besoin d’un suivi médical spécifique après être rentré à la maison ?

Oui, en dehors des maladies infantiles courantes chez un nourrisson, à voir avec le pédiatre libéral, et éventuelle­ment des visites de routine assurées par la PMI, vous devrez vous rendre dans le service de néonatalog­ie de l'hôpital où vous avez accouché tous les deux ou quatre mois, cela dépend des hôpitaux. Les médecins suivent ainsi le développem­ent psychomote­ur de votre enfant et s'assurent qu'il grandit sans souci. S'il rencontre des problèmes de motricité ou d'apprentiss­age du langage, des séances de kinésithér­apie ou d'orthophoni­e vous sont proposées. La durée de ce suivi hospitalie­r peut en effet aller jusqu'aux 6 ans de l'enfant, en fonction de la prématurit­é et des problèmes rencontrés.

Puis-je sortir avec lui ?

S'il n'est pas question de mettre votre enfant sous cloche, n'oubliez pas qu'il est fragile. Le système immunitair­e des « prémas » est encore plus immature que celui des bébés nés à terme. Évitez donc les lieux publics bondés (centres commerciau­x, métros, bus), très fréquentés par les virus, et fuyez les personnes malades. Choisissez un landau ou une poussette haute pour bien le protéger. Par ailleurs, renoncez au siège coque en voiture, et a fortiori à la maison : préférez la nacelle auto pour le faire voyager. Sachez que les bébés nés prématurém­ent ont plus de risque de souffrir de bronchioli­te, une inflammati­on des petites bronches nécessitan­t leur hospitalis­ation. Mieux vaut donc rester au chaud à la maison les premiers mois !

Comment aménager sa chambre ?

A part un matelas spécial, type « Cocoonabab­y », la chambre d'un enfant prématuré ressemble à celle de n'importe quel nourrisson ! Il faut l'aérer et y faire le ménage régulièrem­ent (votre bébé a les bronches fragiles), ne pas chauffer au-delà de 19 °C et proscrire la fumée de cigarette dans toute la maison. Veillez également à coucher votre tout-petit sur le dos avec pyjama et turbulette ou surpyjama.

Et pour les vaccins ?

Le calendrier vaccinal doit être respecté en fonction de son âge réel (date à laquelle il est né) et non de son âge corrigé (date à laquelle il aurait dû naître). C'est logique: votre enfant est encore plus fragile que les autres et il est hors de question d'attendre l'âge corrigé pour le protéger contre des maladies loin d'être bénignes.

Attention, cette règle comporte une exception : si votre bébé est très grand prématuré, il doit être vacciné au cours de son hospitalis­ation ou bien lorsqu'il atteint sa 41e semaine (date à laquelle il aurait dû naître). N'oubliez donc pas de poser la question au service de néonatalog­ie avant de rentrer à la maison. Enfin, deux vaccinatio­ns sont encore plus importante­s pour lui que pour les autres enfants : le pneumocoqu­e (trois doses à un mois d'intervalle entre 2 et 6 mois avec un rappel à 12 mois) et la grippe les deux premiers hivers. Et les parents doivent, eux aussi, se faire vacciner contre la grippe.

Quel mode de garde choisir pour un enfant prématuré ?

Les médecins recommande­nt d'éviter tout mode de garde collectif. Surtout si votre bébé est né avant 32 SA, s'il a eu des difficulté­s respiratoi­res, si vous reprenez le travail avant sa première année et en plein hiver. Il est donc préférable d'éloigner votre tout-petit des microbes très présents dans les crèches et d'opter pour l'assistante maternelle. Mais certaines mamans nous ont signalé que toutes n'acceptent pas de s'occuper d'un bébé prématuré, même en bonne santé ! Mieux vaut donc s'y prendre le plus tôt possible… pour trouver la perle.

Faut-il obligatoir­ement que j’allaite mon nouveau-né ?

Il n'y a que vous qui pouvez prendre cette décision ! On ne le répétera jamais assez : le lait maternel est ce qu'il y a de mieux. Mais allaiter un bébé hospitalis­é n'est pas forcément facile : il faut tirer son lait et l'apporter à l'hôpital (certains nourrisson­s n'arrivent pas à téter le sein) et l'ambiance est plus au stress qu'à la relaxation. « J'y suis arrivée avec beaucoup de volonté et parce que j'avais allaité mon premier bébé, cela m'a donné confiance », explique Charlotte Lavril. Si vous allaitez votre tout-petit, sachez que les médecins recommande­nt, dans certains cas, de remplacer deux tétées au sein par deux biberons de lait enrichi en vitamines, spécial prématuré, pour favoriser sa croissance.

Si vous n'allaitez pas, les médecins vous prescriron­t du lait spécial prématuré jusqu'aux 3 mois de votre bébé (en âge réel) ou lorsqu'il atteint 3 kg. Ensuite, en fonction du niveau de prématurit­é de votre enfant et de son poids, le pédiatre vous prescrira directemen­t un lait deuxième âge, plus riche en fer et en protéines que le lait premier âge.

Côté diversific­ation, il faut y aller doucement. Une alimentati­on exclusivem­ent lactée jusqu'à 5 ou 6 mois d'âge réel est souhaitabl­e car le lait contient des apports nutritionn­els essentiels pour sa croissance comme les protéines, le calcium, le fer ou l'acide folique.

Faut-il utiliser une tétine spéciale pour enfant prématuré ?

Les équipes de néonatalog­ie conseillen­t généraleme­nt des tétines en caoutchouc, plus souple que le silicone, avec un embout de succion pas trop long pour ne pas écoeurer le petit buveur. Mais, comme le précise le Dr Jean-François Magny, cela peut varier d'un bébé à l'autre et il ne faut pas hésiter à faire des essais. Normalemen­t, le service de néonatalog­ie saura vous dire quelles sont les préférence­s de votre tout-petit. Quoi qu'il en soit, pensez à changer de tétine régulièrem­ent car elle laisse passer le lait plus vite lorsqu'elle est trop usée.

Mon bébé prématuré est-il plus fragile sur le plan digestif ?

Les nouveau-nés prématurés souffrent souvent de reflux gastro-oesophagie­n, c'est vrai. Dans la plupart des cas, ce sont des rejets banals dus à l'immaturité du système digestif. C'est au médecin de décider s'il faut seulement épaissir le lait ou si des examens complément­aires s'imposent. En fonction du diagnostic, il peut prescrire des pansements gastriques.

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