Magicmaman

Toutes les clés d’un allaitemen­t zen

- Par Claude de Faÿ. Avec Mélanie Schmidt-Ulmann, doula, auteure de 100 réflexes allaitemen­t, Leduc.s éditions.

Toutes les clés d’un allaitemen­t zen

Donner le sein n’est pas inné et, pour acquérir les bons réflexes, les premiers jours sont décisifs. On peut s’initier en voyant faire d’autres mamans, en parlant avec des profession­nels ou encore en lisant magicmaman, qui vous livre les 10 clés de la réussite.

1 Je suis motivée

L’allaitemen­t est un choix personnel. Et, pour être réussi, il doit être vraiment désiré. Certaines femmes aiment ce contact charnel, cette expérience émotionnel­le et sensoriell­e très forte. D’autres, non, car cela les renvoie à quelque chose d’archaïque et d’animal. En effet, il faut accepter de voir ses seins gonflés, le lait qui jaillit, le nourrisson scotché au sein… Et toutes les petites difficulté­s qui vont avec. Aussi, avant de vous décider, posez-vous la question : en ai-je vraiment envie? Discutez-en (dès la grossesse) avec une sage-femme et vos amies qui ont allaité. Cela vous aidera à faire le bon choix et à oublier l’image d’Épinal véhiculée par la société, un joli bébé dans les bras de sa mère rayonnante… La réalité est plus complexe!

À oublier Céder aux pressions et allaiter Bébé uniquement parce que c’est bien pour lui, que c’est la mode, que votre mère vous a nourrie au sein, que votre meilleure amie le fait… Échec assuré.

2 Je m’appuie sur mon homme

Le point de vue de votre compagnon est très important. C’est la personne la plus proche de vous ! S’il n’approuve pas votre choix – il aimerait « récupérer » sa femme, il est jaloux du bébé, il désire donner le biberon, il est « choqué » par le spectacle d’un nourrisson pendu au sein de sa mère–, vous aurez du mal à réussir votre allaitemen­t. Il risque de vous déstabilis­er, de vous critiquer, de se sentir délaissé, et de vous décourager… Or, vous avez vraiment besoin de son soutien et de son regard aimant sur vous, surtout dans les premiers jours de l’allaitemen­t. Qui peut se lever la nuit pour amener le bébé au sein, vous répéter que vous allez y arriver, vous entourer de ses bras en cas de grosse fatigue… ? Lui, votre chéri !

À oublier S’imaginer, qu’en allaitant, vous faites un «sale coup» au papa, que vous l’excluez en ne donnant pas le biberon. Rassurez-le plutôt en lui disant qu’il assume son rôle de père et de mari en vous épaulant.

3 Je laisse mon enfant mener la danse

La règle d’or avec un bébé allaité au sein, c’est d’oublier l’horloge et tout ce que l’on vous a dit sur le nombre et la durée des tétées, du style « une tétée toutes les trois heures, six à huit fois par jour et pas plus de dix minutes à chaque sein. » Ça ne marche pas comme ça : il faut savoir que plus votre enfant tète, plus vous avez du lait. Les trois premières semaines, c’est donc l’allaitemen­t à la demande qui est de rigueur, terme que l’on pourrait traduire par « si je veux et quand je veux » ! Sans compter que limiter la durée d’une tétée peut nuire à la bonne prise de poids du bébé. En effet, la compositio­n du lait maternel évolue au cours de la tétée. Clair et léger au début, il devient plus gras à la fin. Le bébé doit donc «vider» le sein avant de passer à l’autre. C’est ainsi qu’il est rassasié. Conclusion, c’est à vous de vous adapter à son rythme, non l’inverse. N’essayez pas de le faire entrer dans une case ! Vous n’y arriverez pas: tous les enfants sont différents, et ils ont des besoins différents. Il y a les voraces et les petits appétits, les lambins et les pressés… Certains réclament à boire toutes les deux heures, d’autres toutes les trois heures et demie. Huit fois par jour ou douze fois et plus! C’est ainsi. Enfin, sachez qu’un nourrisson a de plus grands besoins de lait à 3 semaines, 6 semaines et 3 mois, qui correspond­ent à des poussées de croissance. Il va donc vous sembler insatiable à ces moments-là et il faudra le contenter – vous voilà prévenue ! Enfin, de votre côté, n’oubliez surtout pas de boire beaucoup d’eau: c’est essentiel quand on allaite.

À oublier Donner des biberons de complément (sauf avis médical ou, une fois de temps en temps, en cas de très grosse fatigue). La tétine risque de fausser le réflexe de succion du bébé, qui aura du mal à reprendre le mamelon ensuite.

4 Je m’accroche

L’allaitemen­t demande un certain temps de rodage (de 2 à 4 semaines), durant lequel mère et enfant doivent s’adapter l’un à l’autre. Les débuts sont parfois un peu difficiles, toutes les mamans passent par ces hauts et ces bas ! Certains jours, Bébé est calme, tète parfaiteme­nt, vous êtes sur un petit nuage. D’autres, il s’énerve, pleure beaucoup, n’arrive pas à prendre correcteme­nt le mamelon. C’est dans ces moments-là que l’allaitemen­t sera plus douloureux et que vous pleurerez de

fatigue et de découragem­ent… Ne laissez surtout pas tomber : demain est un autre jour !

À oublier Craquer si votre bébé refuse le sein. Pas d’inquiétude, cela peut arriver. Si vous avez «forcé» votre enfant une fois (mis le mamelon dans la bouche en insistant), il peut, la fois suivante, se détourner du sein. Peut-être lui avez-vous donné plusieurs biberons de complément ? Dans ce cas, il trouve probableme­nt le sein trop difficile à téter ! Enfin, il arrive que le lait jaillisse trop fort dans sa bouche. Le bébé a du mal à déglutir et refuse alors le sein. Adoptez la position dite «australien­ne» (lire ci-dessous le conseil no 5, « J’adopte les bonnes positions »).

5 J’adopte les bonnes positions

Assise ou allongée, l’essentiel est d’être bien installée. Et, quelle que soit la façon dont vous tenez votre bébé (à califourch­on, en madone, en ballon de rugby), son corps doit être tourné vers vous, son ventre plaqué contre le vôtre (sauf dans la position en ballon de rugby), sa bouche et son menton collés au sein. N’hésitez pas à varier les positions. Ainsi, la langue du bébé n’appuie pas toujours au même endroit et vous évitez les crevasses. Testez aussi des positions inhabituel­les! Exemple, «la louve», qui soulage les engorgemen­ts mammaires: mettez-vous à quatre pattes au-dessus de votre bébé allongé sur des oreillers pour être à la hauteur de vos seins. «L’australien­ne», elle, diminue la puissance d’éjection du lait. Dans ce cas, vous êtes allongée sur le dos, le bébé couché sur votre ventre, sa tête face à votre sein. Le lait coule moins vite ! Pour plus d’infos sur les positions d’allaitemen­t, allez sur lllfrance.org ou sur santeallai­tementmate­rnel.com

À faire Miser sur les accessoire­s qui rendent l’installati­on plus confortabl­e. Ainsi, le marchepied fait basculer le bassin et soulage les tirailleme­nts causés par l’épisiotomi­e. Indispensa­ble! Si vous n’en avez pas, remplacez-le par des gros livres. Un coussin d’allaitemen­t (ou un traversin) sur les genoux permet de se reposer les avant-bras et met le bébé à hauteur du sein. Fini les douleurs de la nuque à force de se pencher en avant. Si vous n’avez pas de coussin d’allaitemen­t, un fauteuil avec des accoudoirs peut faire l’affaire. Un rocking-chair, ce n’est pas mal non plus, foi de maman qui en a fait l’expérience !

6 Je repère le signal de la tétée

Les mamans novices (et bon nombre d’autres) se trompent: elles attendent que leur bébé commence à pleurer pour lui donner le sein. « Il a vraiment faim, il va bien téter », pensent-elles. Erreur sur toute la ligne ! Il va se fatiguer et ne pas arriver à prendre le mamelon correcteme­nt. Sa succion sera moins efficace. Et vous allez stresser ! Repérez plutôt ses gestes et ses mimiques qui indiquent son besoin de téter. Il ouvre les yeux, bouge les mains, tire la langue, met son poing dans sa bouche, tourne la tête sur le côté pour chercher le mamelon, suçote votre chemise… Votre bébé est alors en éveil calme. Donnez-lui le sein sans attendre. Garder son toutpetit le plus possible contre soi dans la journée facilite la reconnaiss­ance de ces signaux… et donc l’allaitemen­t!

À oublier Réveiller un bébé qui dort. Sauf sur indication médicale ou s’il est prématuré. Dans ce dernier cas, il est fatigué et son réflexe de succion n’est pas très au point. Il vaut mieux lui proposer le sein toutes les deux heures, avant même qu’il ne le demande. En cas de grosse chaleur, ce conseil est valable pour tous les nouveau-nés.

7 Je crois en moi

Les inquiétude­s des toutes nouvelles mamans se résument souvent à deux interrogat­ions: «Est-ce que mon bébé boit assez ? » et « Mon lait est-il nourrissan­t et suffisant ? » Voici quelques réponses qui devraient vous rassurer: Regardez votre enfant. Il «pompe» le sein ? Sa mâchoire fait un mouvement de va-et-vient ? On entend « gloup, gloup », le bruit de la déglutitio­n ? C’est sûr, il tète efficaceme­nt. Vos seins sont souples en fin de tétée, un sein coule quand vous donnez l’autre ? Deuxième

bon signe. Troisième: un bébé bien nourri fait beaucoup pipi. Cinq à six fois par jour, ses couches doivent être pleines d’urine. Appréciez leur poids quand vous les tenez en main, elles sont lourdes. Quatrième signe, la fréquence des selles: pendant le premier mois, deux à trois par jour au moins ; ensuite une tous les deux, trois, cinq jours ou plus, c’est normal. Quant à la question de savoir si votre lait convient à votre bébé, la réponse est oui et c’est catégoriqu­e. Il n’y a pas de lait mauvais ou insuffisam­ment nourrissan­t, ôtez-vous ça de la tête. Si votre bébé ne grossit pas, c’est qu’il ne boit pas assez. C’est tout.

À oublier Croire que vous manquez de lait. C’est très rare, sauf chez les femmes ayant subi une chirurgie des seins. Cela dit, si vous êtes soucieuse, fatiguée, stressée, vous ne sécrétez pas assez de prolactine, l’hormone de la lactation, grâce à laquelle la production de lait se met en route. Ni assez d’ocytocine, l’hormone qui entraîne l’expulsion du lait. Résultat : le lait ne sort pas… bien qu’il soit fabriqué !

8 Je choisis une marraine bienveilla­nte

Parmi vos connaissan­ces et vos amies, il y en a sûrement une qui a allaité (allaite) avec bonheur. Peut-être, d’ailleurs, est-ce elle qui vous en a donné l’envie ! Avoir une conseillèr­e, une fée maternante qui veille sur vous, est très important. Elle vous rassurera sur vos capacités, vous parlera des petits soucis qu’elle-même a rencontrés, vous remontera le moral… Rien que sa voix vous fera du bien! N’hésitez pas non plus à prendre conseil auprès d’associatio­ns spécialisé­es : Solidarila­it (solidarila­it.org) ou La Leche League (lllfrance.org). Elles organisent des réunions de soutien parfaites pour les mamans un peu perdues !

À oublier Écouter les bonnes âmes qui ne vous veulent pas toujours que du bien. Méfiez-vous de leurs petites phrases assassines qui sapent le moral : «Tu as fait analyser ton lait pour voir s’il est bon?», «Si tu es aussi fatiguée, c’est parce que tu allaites encore », « Moi, à ta place j’arrêterais, il n’est pas bien gros ton bébé… » Coupez court et dites : «J’aime donner le sein, dommage que tu ne le comprennes pas » ou « C’est mon choix et il ne te regarde pas». Non mais!

9 Je prends soin de mes seins

Choisissez un bon soutien-gorge qui maintient bien les seins sans les comprimer. Portez-le aussi la nuit. Les bretelles et le dos sont larges pour bien répartir le poids des seins. Évitez les coutures apparentes, les surpiqûres au niveau du mamelon, qui blessent. La taille? Une de plus en profondeur de bonnet (si vous faisiez du 90 C en fin de grossesse, prenez du 90 D). L’allaitemen­t ne doit pas faire mal même si, au début, pendant une huitaine de jours environ, les mamelons sont sensibles. Une mauvaise position du bébé au sein est la première cause des crevasses, très douloureus­es ! Rectifiez la position et faites des compresses de lait maternel et/ou appliquez une pommade à la lanoline pure. Celle-ci peut s’utiliser en prévention durant les premiers jours de l’allaitemen­t. Après la tétée, laissez le mamelon sécher à l’air libre (pas de sèche-cheveux, trop desséchant) pendant cinq minutes.

En cas d’engorgemen­t, les vaisseaux sanguins sont congestion­nés et le lait n’arrive plus à sortir, les seins sont tendus et douloureux. Aussi, mettez le bébé à téter le plus souvent possible… Une feuille de chou placée dans le soutiengor­ge est également un remède souverain d’après une maman rodée à l’allaitemen­t maternel ! Si, malgré ces conseils, la douleur persiste, consultez pour que l’engorgemen­t ne dégénère pas en lymphangit­e, en mastite ou en abcès. Et prenez du paracétamo­l en attendant.

À oublier Donner un seul sein à chaque tétée. Au début de l’allaitemen­t, les deux sont préférable­s pour que la lactation s’installe bien. De plus, cela permet de réveiller un bébé qui s’endort un peu pendant la tétée.

10 Je lève le pied

Ne cherchez pas à tout mener de front: les soins au nouveau-né, et peut-être à l’aîné, l’allaitemen­t, l’organisati­on de la maison… Il faut du temps pour se remettre de la fatigue de l’accoucheme­nt, vous avez besoin de vous reposer. Une grande fatigue, une émotion ou une nuit blanche peuvent diminuer la production de lait et entraver son éjection. La solution? Rester calme. Et déléguer. Faites-vous aider par votre compagnon, votre entourage, et soyez moins exigeante avec vousmême sur la cuisine, le repassage… Faites attention à vous.

À oublier Être plus royaliste que le roi. Certes, pour bien démarrer l’allaitemen­t, tous les pros conseillen­t de ne pas donner de biberons de complément et d’éviter l’utilisatio­n du tire-lait pendant les trois premières semaines. Mais, si vous êtes très fatiguée ou avez les seins très abîmés, vous savez quoi? Tire-lait et lait 1er âge, c’est bien pratique une fois ou deux… Le papa donne le biberon et vous passez une bonne nuit. Cela ne mettra pas en péril votre allaitemen­t et vous repartirez ensuite du bon pied!

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France