La légende du fuseau
Que vous a appris la montagne? Jean-Paul Allard. C’est un lieu de calme, totalement privilégié. On marche quelques minutes et on peut s’isoler complètement dans des paysages fabuleux. La montagne nous a également donné de grands champions de ski, comme Émile Allais, pour lequel mon père a dessiné le célèbre fuseau, plus aérodynamique que le pantalon bouffant norvégien ! Antoine Allard. J’ai grandi à la montagne. C’est pour moi un espace de loisirs et d’évasion, été comme hiver. La pratique des sports en montagne et notamment de la haute montagne m’apprend le dépassement de soi, le respect de la nature, l’humilité face aux éléments… Votre vocation est-elle née de cette nature? J.-P. A. Oui, bien sûr, mais surtout de la façon de travailler de mes parents, de leur goût pour la qualité et les finitions. Ils étaient mes modèles ! A. A. : Il est vrai que les valeurs montagnardes et paysannes sont importantes et ont une influence sur la façon de gérer notre entreprise familiale. C’est aussi un grand plaisir de travailler en montagne, dans un lieu où les gens sont en vacances…
Comment le célèbre fuseau est-il devenu un article de mode? J.-P. A. Il a d’abord évolué dans les années 1950, avec l’invention à Lyon d’un tissu extensible, « Elastis », qui nous a permis d’imaginer des fuseaux plus moulants. Nous continuons d’en vendre pour le ski, dans des matières plus chaudes, mais, il est surtout devenu un habit élégant, que l’on traite en flanelle, en gabardine. Ce n’est pas un collant, il donne beaucoup d’élégance et surtout de belles fesses, toutes les femmes le savent ! Dans les années 1980, il a été une source d’inspiration pour la haute couture, d’Hermès à Paco Rabanne. A. A. Oui, il a évolué dans ses formes, grâce aux nouvelles matières et notamment le sanscouture. Il est de nouveau très porté sur les pistes, aussi bien qu’en prêt-à-porter. De plus, la mode fait un très gros retour sur les années 1960-1970. À cette époque, le fuseau avait tellement de succès que le mot était utilisé