Maison Côté Est

La passion du couteau

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Que représente pour vous la montagne? Que vous a-t-elle appris? Maurice Opinel. Je ne peux pas dire que la montagne a joué un grand rôle dans l’histoire de la famille Opinel. Bien sûr, comme tous les paysans, elle en subissait les contrainte­s, notamment lorsque les crues du torrent l’Arvan emportaien­t les artifices des premiers émouleurs couteliers établis sur le site du bas Gevoudaz pour profiter des chutes d’eaux qui étaient la seule force motrice des artisans de cette époque. C’est plutôt par la suite que l’associatio­n « Opinel, le couteau du montagnard » s’est affirmée, avec la fabricatio­n en série du modèle. Denis Opinel. La montagne, c’est notre maison, notre horizon, le berceau de notre famille depuis des génération­s. Nos ancêtres étaient confrontés à sa dureté, ils ont su s’adapter à leur environnem­ent et cela a été à l’origine de leur profession. Isolé dans son village de Maurienne, à la fin du XVIIIe, notre ancêtre Victor-Amédée a choisi le métier de colporteur pour aller vendre de vallées en vallées babioles, étoffes et petits outils. C’est lors d’un de ses voyages qu’il a appris à fabriquer des clous et décidé d’installer sa forge au bord du torrent de son village. Joseph, mon arrière-grandpère, fondateur de l’entreprise, a été très tôt confronté à la dureté de cette vie montagnard­e. Il en a sans doute tiré son pragmatism­e et sa volonté de réussir! Mon père et moi-même sommes nés à Chambéry. Plus citadins, nous sommes néanmoins très attachés à nos racines montagnard­es et avons toujours souhaité développer notre entreprise en Savoie, comme un héritage qui n’a de sens que s’il reste associé à son territoire, à son identité. Nous avons assisté à l’évolution de la montagne depuis les Trente Glorieuses, elle est devenue synonyme de plaisirs. De nombreux touristes l’ont alors découverte et ont aussi adopté notre petit couteau pour les accompagne­r. Ainsi, le couteau-outil des paysans est devenu le couteau-compagnon des vacances ! Être né en montagne nous a permis de saisir la beauté de la nature, mais aussi sa fragilité. Voir des hivers de moins en moins rudes, des glaciers reculer et des pollutions arriver nous a encouragés à faire encore plus attention à notre environnem­ent.

Que recherchen­t les clients dans la marque Opinel? M. O. Nos clients apprécient la simplicité du couteau Opinel qui ne comprend que cinq pièces. Ils apprécient aussi surtout la qualité de sa coupe et son prix modique. D. O. : Nous avons la chance de recevoir des confidence­s, des souvenirs d’enfance, des anecdotes autour de l’Opinel. C’est un attachemen­t profond et intime que les gens ressentent pour leur couteau, un objet qui leur a été offert, confié, expliqué… Quand ils achètent un Opinel, nos clients veulent peutêtre prolonger cette belle histoire, avec cet objet authentiqu­e, qu’ils ont toujours connu. C’est un produit intemporel, simple, pas cher, sur lequel ils pourront toujours compter, qui les rassure, comme un grigri. À l’étranger, quand on achète un Opinel, on s’offre « un petit bout de France »…

Comment utilise-t-on aujourd’hui un couteau Opinel? M. O. L’Opinel est partout dans la maison. Ce n’est plus un couteau de poche utilisé par un individu pour tous ses besoins de coupe

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