SUR UN AIR VIENNOIS
GRÂCE AUX TRÈS RICHES ARCHIVES JURA BRÜSCHWEILER, LE LEOPOLD MUSEUM DE LA VILLE DE VIENNE REND HOMMAGE AU PEINTRE FERDINAND HODLER, DISPARU VOILÀ UN SIÈCLE.
(1853-1918) vit ses parents et tous ses frères et soeurs emportés par la tuberculose. Il partit pour Genève et fut élève du peintre Barthélemy Menn. Hodler deviendra le chantre du symbolisme. En France, on compare sa force créatrice à celle de Rodin ou de Puvis de Chavannes. À l’instar de Vincent van Gogh ou d’Edvard Munch, ses contemporains, Ferdinand Hodler fut l’un des pionniers de l’expressionnisme et inspira le modernisme viennois. Au fil de ses paysages, abstractions, portraits ou autoportraits, cet inlassable dessinateur, qui utilisa la « vitre de Dürer » – plaque de verre sur laquelle il peignait les contours de son modèle avant de le restituer sur papier –, laissa quelque 9 000 dessins et 12 000 croquis dans ses carnets. Si l’on peut voir plusieurs de ses oeuvres au musée d’Orsay à Paris, au Kunsthaus de Zürich ou à la Neue Pinakothek de Munich, l’historien genevois Jura Brüschweiler a constitué, dès les années 50, un fonds inestimable d’oeuvres, objets et documents ayant appartenu à l’artiste. Ces dernières années, l’inventaire en a été numérisé, rendant possible l’hommage qui lui est consacré à l’occasion du centenaire de sa disparition. Au Leopold Museum de Genève d’abord, puis, de mars à juin 2018, au musée d’Art de Pully, à la Fondation Martin Bodmer de Cologny et au Musée jurassien d’art et d’histoire de Delémont. Niklaus Manuel Güdel, directeur des Archives Jura Brüschweiler, souhaite faire rayonner l’oeuvre du peintre suisse, comparé de son vivant à Klimt ou Cézanne, mais aussi en révéler des aspects méconnus. Ainsi peut-on découvrir, à la lecture de ses annotations sur le Traité des proportions de Dürer, son immense érudition ; et apprendre, sur des quittances, que ses ventes de tableaux pouvaient dépasser les 10 000 francs, une somme pour l’époque ! Ou s’attendrir devant un portrait, réalisé par son ami le graveur Emil Orlik, le montrant au travail sous la pluie. Manuscrits, photographies, boîte à pinceaux, palette, canne, tambour, accordéon ou même passeport nous immergent dans l’univers d’un peintre majeur qui, entre symbolisme, réalisme et idéalisme, fit évoluer l’art de son temps.
« FERDINAND HODLER »
« Affinités électives de Klimt à Schiele. » Jusqu’au 22 janvier, Museumsplatz 1, 1070 Vienne. +43 1 52570. leopoldmuseum.org