Maison Côté Est

LA FINE LAME DES GLACIERS

MONITEUR DE SKI ET ARTISAN AUTODIDACT­E, DIDIER SIMOND IMAGINE DES COUTEAUX DANS LES PLUS BELLES ESSENCES DE BOIS DE SA VALLÉE, PRÉLEVÉES EN PLEINE NATURE OU PÉTRIFIÉES PAR LES GLACES. UN HOMMAGE À SON GRAND-PÈRE ET À L’HISTOIRE DE CHAMONIX.

- Il a l’allure et la silhouette du sportif PAR Agnès Benoit PHOTOS Christophe Dugied

mais son regard bleu glacier aiguisé est celui d’un artiste. Dans son atelier, le coutelier Didier Simond nous raconte l’origine de sa vocation : « L’exploitati­on de la glace débute à Argentière­s avec Charles-Vincent Gelati, un Italien arrivé dans la vallée en 1908 qui fournit aux hôtels la glace nécessaire à leur clientèle. Le réfrigérat­eur n’existe pas encore et les hôteliers conservent leur nourriture dans d’immenses glacières contenant jusqu’à 1 500 kg de pains de glace. Après la première guerre mondiale, les 4 frères Simond prennent le relais et bâtissent une cabane, au pied du glacier, pour entreposer les pains de glace. Pour assembler les rondins de bois qui se trouvaient sur les côtés, mon grand-père utilisait toujours un couteau de travail bien pratique, avec une lame spéciale solide, qui permettait de couper les cordes reliant ces rondins dessous et dans les coins. » Didier Simond s’en inspire pour créer, à ses heures perdues, son couteau-pince Le Rize. Puis imagine Le Chamoniard, un couteau pliant dont il donne au manche la forme du Mont-Blanc et qu’il pyrograve de la première ascension du sommet, un exploit de Jacques Balmat en 1786. Un symbole de la vallée ! Aujourd’hui on retrouve son couteau sur la belle table de l’Albert 1er, un restaurant doublement étoilé à Chamonix. « Je ne travaille que des bois locaux comme le noyer, le bouleau, l’arolle, le genévrier, et parfois j’inclus dans la résine du lichen des feuilles d’or », explique-t-il. Didier est aussi un homme de défi qui aime fabriquer des couteaux d’exception en série limitée. Pour son premier Chamoniard, il est monté au terminus du train du Montenvers, a descendu de nombreuses échelles sur plus de 100 mètres pour prendre pied sur le glacier et le traverser, avant de remonter de l’autre côté. Le tout à 4 reprises, pour le transport sur son dos du fût d’arolle, coupé en deux parties d’un mètre chacune. Il a aussi récupéré des bois fossiles dans la mer de Glace datés de 3 100 ans… Les couteaux de Didier Simond sont un morceau d’aventure !

LE COUTEAU CHAMONIARD DIDIER SIMOND

— Visite de l’atelier de juin à septembre, de 14 h à 18 h. Possible aussi en hiver.

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