Maison Côté Est

LARTIGUE EN JOIE

ALORS QUE LA COULEUR EST OMNIPRÉSEN­TE DANS LES ALBUMS QUE L’IMMENSE PHOTOGRAPH­E FRANÇAIS A CONSTITUÉS AU LONG DE SA VIE, CELLE-CI N’A JAMAIS ÉTÉ MONTRÉE OU EXPOSÉE DE SON VIVANT. À LAUSANNE, UNE PLONGÉE POLYCHROME EXPOSE SON UNIVERS PERSONNEL ET INTIME.

- PAR Tél. Béatrice Brasseur

(...) J’ai toujours été peintre. C’est avec mon oeil de peintre que je vois tout ». Si ses clichés en noir et blanc l’ont rendu célèbre, la couleur représente un tiers de la production de Jacques-Henri Lartigue. Un pan inédit de son oeuvre. Le photograph­e capture des bonheurs simples et rayonnants, où figure souvent Florette, sa troisième et dernière épouse. Ils ont 27 ans d’écart lorsqu’il la rencontre, il en tombe fou amoureux, ils resteront unis 45 ans. « Je prends à tort et à travers de stupides photograph­ies et mon paradis sans ombre me semble invulnérab­le… », écrivait l’artiste dans son journal, lequel comptait dix mille pages à sa mort. Ce génie du noir et blanc, passionné de nouvelles techniques, photograph­iait déjà en couleurs dans les années 1910 et 1920. « Quand j’étais petit, j’attendais l’invention des autochrome­s (en 1907) avec impatience », expliquait Lartigue. Ce procédé commercial­isé par les frères Lumière pâtit de la lourdeur de l’équipement et de la lenteur du temps de pose. Lartigue l’abandonner­a. Ses autochrome­s restent rares, l’exposition en montre quelques-uns. L’artiste retrouvera la joie de la couleur et le plaisir de l’instantané dans les années 1950 avec un Rolleiflex 6x6 puis un Leica 24x36. Il « empaille » son bonheur, « des choses que la vie m’offre en passant », il s’émerveille devant la nature, photograph­ie sa famille, les fleurs, les paysages du Pays Basque, de Côte d’Azur ou de Normandie, puis d’Italie, du Venezuela, du Mexique et de Cuba. « Sauront-elles m’obéir, ces photos en couleurs, si nouvelles que l’on peut leur confier toutes ses illusions. Illusions de ne rien perdre, de tout attraper et de tout conserver. Vont-elles tout raconter ? Lorsqu’elles sortiront du laboratoir­e, sauront-elles ressuscite­r des bribes de ce qu’en ce moment je vois, je regarde, écoute, respire ? Au fond, je sais que non, mais je me garde bien de regarder au fond ». Des photograph­ies toujours spontanées, jamais mises en scène, ce que pourrait faire croire la perfection de leur compositio­n, et jamais recadrées. Et aujourd’hui encore, incroyable­ment modernes.

MUSÉE DE L’ÉLYSÉE

— 18, avenue de l’Elysée CH - 1014 Lausanne.

+ 41 21 316 99 11. elysee.ch

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1. 2. 3. 1. Des instants de bonheurs simples, pris sur le vif, lumineux, sensuels, photograph­iés par Jacques-Henri Lartigue, dans des compositio­ns parfaites. « Florette », sa dernière épouse, Monte-Carlo Beach, 1958. 2. « Florette et Stéphanie, Jardin...

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