TERRES DE MONTAGNE
La céramiste Anne Marmottan transfigure grès et porcelaine en haute Tarentaise.
APRÈS S’ÊTRE ADONNÉE À LA PHOTOGRAPHIE, ANNE MARMOTTAN LAISSE LIBRE COURS À SA PASSION CÉRAMISTE, QU’ELLE A MODELÉE DE STAGES EN ÉCHANGES PROFESSIONNELS, D’EXPÉRIENCES EN COMMANDES. ENTRE LE GRÈS ET LA PORCELAINE, LA HAUTE TARENTAISE EST SON AUTRE TERRE D’ÉLECTION ET DONNE DE LA HAUTEUR À SON INSPIRATION NATURELLE.
Si vous ne la trouvez pas à son atelier, où elle reçoit sur rendez-vous, sans doute est-elle en train de se ressourcer au grand air, dans un des paysages qui magnifient l’authenticité patrimoniale de Sainte-FoyTarentaise : alpages et glaciers, forêts de mélèzes et champs de myrtilles, fontaines-lavoirs et ruisseaux... « Du village classé du Monal au sommet de l’Aiguille, avec le panorama étincelant du mont Pourri en toile de fond, la haute Tarentaise m’émerveille et m’inspire quotidiennement», partage Anne Marmottan, devant ses grès blancs comme la neige, voire de la porcelaine immaculée comme les Alpes. Sur cette ligne de crête virginale, ses gravures à la pointe ou ses dessins monochromes laissent une empreinte aussi délicate qu’une première trace dans la poudreuse. Ours, skieurs, sapins ou profilés topographiques, ses motifs esquissent leurs lignes de courbe au gré d’assiettes, de plats ou encore de bols, autant de jalons de services de table où s’invitent tantôt des luminaires, tantôt des vases. Multipliant les pas de côté créatifs, elle s’aventure aussi vers le moulage en ciment ou en résine, qui renouvelle son bréviaire. Après son plantigrade polaire, qui sculpte un de ses hits décoratifs, ce sont des bois de cerf qui font mouche en suspensions. «Découvrir est un de mes grands plaisirs», développe cette céramiste autodidacte, qui s’est découverte douée de ses mains depuis sa tendre enfance. Alors qu’elle est admise aux Beaux-Arts de Grenoble, un aléa de la vie l’écarte de sa passion, jusqu’à ce qu’elle ait le loisir de s’y adonner. «Quand sa vocation a été contrecarrée, je crois qu’on travaille deux fois plus», précise-t-elle aujourd’hui, s’accomplissant entre oeuvres et commandes, notamment pour les hôtels et restaurants des stations alentour. « À côté du coulage, autre technique que je pratique, j’adore le tournage. Puis, du modelage à la cuisson, jusqu’à la pose d’engobe, je peux passer des heures ici. » Dans la dépendance de l’épicerie du Chef Lieu, où séchaient patiemment fromages et salaisons, ce sont ses pièces et son art de vivre qui laissent dorénavant le temps s’écouler...