Natif d’Épinal, Guillaume Ougier n’a pas oublié la ferme de ses grands-parents dans les Hautes-Vosges, les meubles que chacun fabriquait. La forêt est son univers. Il a nommé son atelier proche de Nancy « Darbroche » : d’arbre et de roche.
Son enfance se déroula pour une grande
part dans la forêt des Vosges. Guillaume Ougier en a gardé un amour et un respect innés pour les arbres, la nature. Littéraire, étudiant en philosophie, il fut d’abord cuisinier à Nancy. « Une passion dans la famille. » Autant photographe, dessinateur, graveur que sculpteur sur bois, il ouvre ensuite son atelier. Entre deux déambulations forestières, il y laisse libre cours à ses découvertes, réfléchit au respect de l’environnement, au zéro déchet, à notre impact, à la réutilisation de matières premières telles que stocks inutilisés de la scierie, copeaux de tournage, bois abandonné sur les chemins. « Ils sont tous nobles, c’est encore du bois, une vie. » Ainsi s’est élaboré ce bel ouvrage, Sculpter la forêt, invitation à l’errance & créations sensibles (éditions Hoëbeke). Guillaume Ougier y présente vingt réalisations, cinq par saison, d’objets poétiques usuels ou décoratifs, simples à finaliser à partir de bois récupéré ou ramassé, jamais coupé, sans matériel complexe ni connaissances particulières : cuillère, bougeoir, mobile, bol, boîte... Est-ce son passé culinaire, la présentation très claire rappelle celle d’un livre de cuisine avec ses listes d’ingrédients et de matériel, ses étapes à suivre. Guillaume nous donne même la « recette » du brou de noix, de la colle à bois et du beurre de cire d’abeille ! Bien sûr, il faudra commencer doucement, bien aiguiser ses lames, avant de manier hachette, scie égoïne, gouge, râpe à bois, maillet ou marteau, même de seconde main ou dénichés en vide-greniers. Cet amoureux de la nature fait plus que nous confier ses secrets de fabrication. Il insuffle à chaque objet « un temps humain », nous incite à ralentir, à prendre conscience de la fragilité des équilibres de vie, à nous reconnecter aux rythmes des saisons, à l’énergie de chaque arbre, différente selon qu’il est chêne, bouleau, saule, hêtre ou marronnier. Pour cela, l’auteur à la plume sensible panache ses conseils de « respirations poétiques », inspirées par son lien fusionnel avec sa forêt d’enfance. « Elle reste pour moi un merveilleux terrain de jeu, de liberté sans cesse retrouvée. Il faut l’écouter, errer sans but précis, arpenter sentiers et paysages pour entrer en symbiose avec elle, sans artifices. » Et la préserver encore longtemps.