PAYS BASQUE
Classique mais pas si sage. Comment une famille a investi avec exubérance et une bonne dose de joie de vivre une maison traditionnelle.
Comment réveiller ses classiques : dans cette immense demeure, le ton est donné, d’entrée de jeu, par le pétillant tableau créé par les associations de motifs et de couleurs. L’atmosphère est joyeuse et décontractée ; on imagine aisément, l’été, à l’heure de partir à la plage, les enfants dévalant pieds nus les escaliers en acajou habillés de tapis à motifs léopard. Dans ces espaces de facture traditionnelle, l’apport des papiers peints, modernes, graphiques et fleuris, et de la mise en couleur vive est particulièrement éloquent. « Je n’ai pas touché à la coque, mon travail a été de créer une ambiance », nous précise Martine Cazes (de l’agence Cazes & Conquet), architecte d’intérieur du projet. Afin de mettre en valeur la teinte rouge sang de boeuf des murs, les soubassements en menuiserie ont été rénovés avec soin et repeints d’un brun plus foncé tout comme les fenêtres et les plinthes. « Avec l’architecte, nous avons modernisé et fluidifié cette distribution très classique constituée d’un rez-de-chaussée avec plusieurs pièces de réception, de deux étages avec treize chambres et d’un sous-sol aménagé pour le personnel. L’idée était de garder son âme et ses beaux volumes. Car c’est ici que se rassemble toute la famille pour les vacances. Été comme hiver. » Un grand chantier qui commence par l’installation du chauffage et de l’électricité. Également au programme, le ravalement des menuiseries extérieures afin de conserver ces caractéristiques essentielles de la façade traditionnelle. Seules deux modifications à la structure d’origine ont été consenties : la véranda transformée en salon patio d’esprit marocain et, dans le jardin, l’ajout d’une piscine avec son pool-house. « C’est un projet qui m’a beaucoup tenu à coeur, car ma famille a créé notre agence en 1923, et je reste très attaché au patrimoine basque des
années 1920-30 », explique l’architecte Olivier Soupre. Martine Cazes s’est alors attelée au travail délicat de mettre la demeure au « goût du jour,
sans la trahir » et d’organiser l’espace afin de la rendre plus chaleureuse, moins empesée. L’état de délabrement de la maison ne facilitait pas la tâche. La cuisine d’office du sous-sol était reliée à celle du rez-de-chaussée par un monte-plats pour permettre le service. Les murs, dont les « papiers
peints tenaient avec du scotch » , étaient en triste état. On a choisi, pour les habiller, des papiers peints d’inspiration florale. De nouvelles salles de bains viennent s’ajouter aux deux existantes. Ces dernières sont néanmoins conservées avec leur sol d’origine. La réussite de ce projet à quatre mains se mesure à l’harmonie qui règne dans cette maison qui semble toujours avoir été là, dans son jus. Pas de métamorphose extravagante, juste une reprise en main pertinente et subtile, qui en fait un lieu rattaché à son héritage sans être passéiste. Une rénovation intemporelle et portée par quelques pièces fortes, qui n’a en rien modifié son vocabulaire.