L’INSTANT
C’est un jardin extraordinaire. Entre terre bocagère et mer proche, une féerie envoûtante de douze paysages différents aux espèces souvent rares, conçus, soignés et sans cesse réinventés par un seul homme, Frédéric Tinard, dont la créativité, la passion e
En Normandie, un jardin extraordinaire entre mer et bocage.
Les jardins du Domaine Albizia sont l’oeuvre d’un seul passionné qui, hormis huit robots tondeurs, fait tout par lui-même et nous offre une merveilleuse immersion au coeur du règne végétal en nous dévoilant tous les recoins secrets de son paradis.
C’est dans le jardin familial, en pleine campagne normande, que Frédéric Tinard passa son enfance à observer les plantes, les moissons, à sentir les fougères. Initié au jardinage par une mère d’origine mongole qu’il a perdue alors qu’il était encore très jeune, il lui rend hommage en créant des jardins. Un BTS paysager « aménagement de l’espace » , sept ans dans une banque – « une expérience utile pour qui a les pieds sur terre mais la tête dans les nuages ! » –, une formation de fleuriste à l’école Piverdière, sept ans à tenir une boutique de fleuriste à Porten-Bessin tout en créant décors et jardins, l’amenèrent un beau jour à l’annonce d’une agence immobilière de Bayeux et à la visite d’un champ de deux hectares et demi doté de trois maisons en ruine. « J’y ai tout de suite vu mes jardins ! » Durant dix ans, Frédéric s’adonne à cette tâche, immense. Si la terre est prête à planter grâce aux chevaux qui l’ont foulée, aux sources, à la légère acidité apportée par les ardoisières voisines et à la proximité de la Bretagne, il fallut couper le vent au moyen de haies délimitant les onze premiers jardins, qu’un douzième de plantes de collection vient de rejoindre, « un cabinet de curiosités à ciel ouvert. » Aujourd’hui, ce sont plus de 150 000 sujets, 6 000 charmilles, 3 kilomètres de haies que Frédéric taille lui-même, aidé seulement de 8 robots tondeurs. Au début, l’aventure fut privée, puis, il y a cinq ans, les bâtiments – maison de maître XVIIIe, longère, pigeonnier (un quatrième de jeux connectés fut aussi construit) – furent restaurés avec chambres d’hôtes haut de gamme et Spa. Seuls, les hôtes profitaient du jardin, mais le boucheà- oreille fit progressivement son oeuvre et les gens demandaient à visiter. Aussi, l’an dernier, Frédéric finit-il par accepter d’ouvrir sa merveille au public. Un ami photographe, Stéphane Maurice, vient même de réaliser un superbe livre sur le jardin (en vente sur place ou sur le site). « Un jardin est réussi quand on oublie le jardinier, dit modestement son créateur. Comme un livre, une musique, il nous parle de la vie. J’ai des échanges très riches avec les visiteurs. » Ce musicien compose à ses heures, part en quête de plantes rares, visite d’autres jardins, mais revient vite plonger ses mains dans la terre. Domaine Albizia, La Vitardière 14240 Livry, tél. 06 75 08 66 47, domainealbizia.com