FOLIE MAÎTRISÉE
FORT D’UN BUREAU D’ÉTUDES ET D’UN ATELIER, MÉTALOBIL, PRÈS DE NANTES, MATÉRIALISE SA CRÉATIVITÉ DÉBRIDÉE DEPUIS 2004, ET TÉMOIGNE D’UNE VRAIE CULTURE ARCHITECTURALE ET PLASTICIENNE. SCÉNOGRAPHIE, MACHINES POÉTIQUES, MOBILIER… SON DERNIER OVNI ? UNE SOUCOU
Architecture, scénographie, mobilier, l’agence de design nantaise Métalobil, qui vient d’installer une soucoupe volante en plein Bordeaux, bouleverse les codes.
En avril, la PME nantaise enchantait l’abbaye aux Dames avec un carrousel musical, aussi technologique que poétique. Depuis juin, c’est une autre réalisation hors norme qui galvanise Bordeaux, faisant planer un vaisseau spatial de 17 m de diamètre et 7, 7 m de haut, soit 13 tonnes de tôles d’aluminium rivetées à une structure en acier. Ce n’est pas un hasard si l’agence Bold, commissaire et maître d’oeuvre du triptyque de l’artiste Suzanne Treister, a sollicité l’équipe de doux rêveurs, inégalée dans l’ingénierie design. Quelque 3 000 heures de travail plus tard, entre études, fabrication en atelier et montage sur le chantier, l’oeuvre monumentale atterrissait sur le bassin à flot n°1, pour prendre son envol dans l’espace public. Entre-temps, le 30 mai, Métalobil recevait différents prix pour la construction, en bois, d’un atrium dans le premier bâtiment de Metronomy Park, qui prend ses quartiers à Nantes ; à suivre, le hall du second bâtiment. Ce ne sont d’ailleurs pas ses premiers lauriers. Créée avec l’atelier King Kong, la sphère qui a assuré la transformation acoustique de la chapelle Corneille, à Rouen, en un auditorium de 600 places, lui a, par exemple, valu le prix métiers d’art aux Trophées de la construction de BatiActu. Et pour cause : alliant innovation technique et lustre patrimonial, la mécanique conjugue un miroir à l’effet « fisheye » et une lentille qui diffracte le son, tout en assurant chauffage et éclairage pendant les concerts. « Mon horreur des problèmes est égale à ma fascination pour les solutions », explique Freddy Bernard, tête pensante et bricolo de Métalobil aux côtés de Mathieu Lebot. Ils se voient comme des « traducteurs de contexte », « travaillant aussi à la poésie à partir de la feuille blanche ». Avec eux, le rotin, un de leurs matériaux de prédilection, est ainsi réinventé en une fibre créative tous azimuts. Ou comment des étudiants, pionniers dès leurs premiers élans sur l’île de Nantes, ont brillamment tracé leur chemin vers la périphérie de la ville… sans quitter la première place.