Chercher un sens à tout ce que nous vivons depuis le printemps conduit à se demander ce que nous faisons et ferons dans le futur, collectivement bien sûr mais surtout individuellement, de ce moment.
La zone de turbulences que nous traversons nous inciterat-elle, si ce n’est déjà fait, à changer nos modes de vie ? Nos attentes ? Notre façon de concevoir à la fois la nature, dont le manque a été cruellement ressenti pendant deux mois, et la fameuse « maison-refuge » qui, plus que jamais, doit accueillir des espaces à vocation aussi différente que le travail et la vie de famille ? Déjà, nous voyons dans les villes un glissement assez radical des mentalités, voire une inversion des tendances. Les mêmes qui, l’année dernière à peine, regardaient, circonspects ou moqueurs, le développement des transports alternatifs, se découvrent une passion toute neuve pour le vélo, la trottinette électrique ou, tout simplement, la marche à pied. L’alternatif est devenu la norme. Au même titre que le télétravail, qui a bouleversé toute la mécanique traditionnelle des transports. Apprendre à être autonome face à la difficulté, afin d’éviter le repli sur soi, aussi bien physique que psychologique, devient la nouvelle frontière. Réapprendre à se surprendre, aussi. L’attractivité des campagnes, normandes ou bordelaises notamment, proches des grandes agglomérations, n’a jamais été aussi fort. Les urbains nourrissent, chacun à leur manière, un petit rêve vert, de la longère à rénover à la maison d’un village « endormi » , en passant par le balcon ou le mur végétalisé, du refuge où passer le week-end à une mutation plus profonde. On ne peut que se réjouir de ce phénomène, de ce réinvestissement, engagé, de nos campagnes et de nos territoires. Claire Desmares-Poirrier a épousé cette dynamique, il y a dix ans déjà, en installant, avec son mari, sa production de plantes aromatiques et médicinales en Bretagne, près de La Gacilly. Dans son Exode urbain, manifeste pour une ruralité positive, elle décrypte les nouvelles façons d’habiter la campagne, espace de tous les possibles, loin des poncifs et autres stéréotypes. Dans son café bio-librairie, elle a imaginé pour nous un déjeuner plein de vitalité, articulé autour des infusions et sirops qu’ils concoctent avec une précision d’herboristes. Une chaîne vertueuse, entre nécessité de production éthique et locale, alimentation et bien-être, que nous souhaitons tous faire nôtre. Les professionnels, ces chefs qui, comme ceux que nous avons rencontrés lors de notre reportage à Lorient, s’engagent auprès de leurs producteurs à l’heure de la crise écologique, ou nous, plus humblement, dans le secret de notre cuisine, plus que jamais chaleureuse, conviviale, accueillante, véritable coeur du foyer. Réinventer, réinterpréter, réapprendre, redécouvrir, à chacun de retrouver son souffle et d’écrire la, sa, suite.