IMPRESSIONS BRETONNES
SES LITHOGRAPHIES, AUX COULEURS VIVES, RACONTENT LA RIA D’ÉTEL, LE SCORFF TUMULTUEUX, LE CHAOS DE HUELGOAT. LA BEAUTÉ DES PAYSAGES, DES CIELS CHARGÉS, DE LA FORCE TELLURIQUE DES ÉLÉMENTS. DANS LA LIGNÉE DES GRANDS PEINTRES GRAVEURS, L’ARTISTE JEAN- YVES B
Le Bel Aven
mais le coeur artistique de la Bretagne a toujours battu en lui. « À toutes les époques, notre région fut une terre d’inspiration pour les artistes, à l’image de l’École de Pont-Aven, ou celle de Concarneau, également fertile pour l’édition avec le travail en gravure des peintres Henri Rivière, Mathurin Méheut... C’est lors d’une exposition au Musée départemental breton de Quimper, consacrée à la gravure sur bois, que j’ai eu un vrai coup de foudre pour ces décors. » Jean-Yves Boislève n’est pas un simple amateur éclairé. L’ancien professeur aux Beaux-Arts de Rennes puis directeur des Beaux-Arts de Lorient avait choisi, lorsqu’il était étudiant, le double cursus peinture et gravure. C’est dans l’atelier de Jacques Durand- Henriot qu’il découvre la lithographie, « la simplification magnifiée du dessin » . Il pratique la linogravure, plus accessible, en utilisant des plaques de linoléum qu’il grave... pendant son trajet en train pour l’école. Ses premières influences sont africaines ; marqué par les tissus chamarrés des femmes, il s’intéresse alors aux fleurs et aux coquillages. L’exposition quimpéroise le convertira aux paysages. « Je ne m’éloigne pas beaucoup de chez moi pour trouver l’inspiration. J’aime les atmosphères particulières des fleuves rapides comme le Scorff ou l’Ellé, des lieux mystérieux qui se prêtent aux légendes, comme le chaos rocheux de Huelgoat. Le paysage breton a un supplément d’âme qui a séduit tant d’artistes ! », souligne Jean-Yves Boislève. Pour chaque série, il produit une vingtaine de planches, dans plusieurs couleurs. Sa technique n’est pas des plus simples puisqu’il travaille « à plaque perdue », ce qui signifie qu’il n’utilise qu’une seule planche par oeuvre. Après l’impression de chacune des couleurs, il creuse très légèrement la plaque. Un processus sans retour en arrière possible. Comme l’explique l’historienne d’art Sylvie Blottière
Derrien, « il ne reste sur la planche que le dernier état, l’estampage final, après les ouvertures successives, pas de chemin à rebrousser ! » Ses prochaines oeuvres ?
Maritimes, certainement, quelque part vers la presqu’île de Crozon…
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Des gravures « à plaque perdue », qui célèbrent les paysages bretons.