« Je me réveille. J’enfile un t-shirt et des baskets. Ma mère me dépose au bus de mon village. J’arrive Porte d’aix. Je traverse Marseille. J’ai très chaud sur la Corniche. (…) J’enlève mon t-shirt. J’enlève mes baskets. Je saute du rocher face au Petit N
Travelling arrière et retour sur émotions
fortes, 14 mai dernier… Le soleil farde de ses derniers rayons la mantille du Mucem. Le ciel vire au rose, il fait doux, le printemps s’étire vers l’été. La mer est lisse comme un galet. Sur la place d’armes du fort Saint-jean, relié au musée des Civilisations de la Méditerranée par une longue passerelle de béton, le monde attend le défilé Jacquemus, dernier acte de son immersion phocéenne. La double exposition «Maisons» et «Archives» inaugurée au musée d’art contemporain (jusqu’au 14 janvier 2018) en a d’emblée, donné le ton: sculptures déclinant le rond et le carré, deux formes essentielles dans sa réflexion, photosper formances, « étendage » inspiré foulé au milieu des tournesols, sa fleur préférée! Le lendemain, au Mamo, le Centre d’art de la Cité Radieuse où Ora-ïto célèbre la scène contemporaine, le créateur dédicace
Marseille, je t’aime, ouvrage-poème célébrant sa vision de la ville avec ses amis artistes. Des moments partagés dans l’effervescence, la joie, l’affection des siens retrouvée pour cet enfant de Mallemort qui « a grandi dans les champs, pieds nus, libre de jouer avec les vêtements ». La fête, avant l’instant magique. Ce dimanche-là, avant le défilé des «Santons de Provence», il faut s’installer dans la petite chapelle pour mieux comprendre le phénomène Jacquemus, déroulé en vidéos et photos par ce faiseur d’image: une paire de tongs, un mouillage, un plongeon, un marché, un être cher, un animal, la vie… Ces Instagram postés comme autant d’histoires, de séquences traçant son «profil». Alors, quand s’envolent les premières notes de Jean de Florette, que la ligne des immenses chapeaux de paille traverse la passerelle, on succombe à sa poésie comme à sa fraîcheur. Celui qui aime Picasso, Matisse, la mer, son cabanon marseillais, sa maison de campagne dans les terres… Qui rend hommage à Christian Lacroix, Lucien Clergue, porté par le souvenir de l’oncle matador Pierre Schull, a encore tant de Suds à dénouer. « Il n’y a pas de route du succès, juste son chemin », plaide-t-il simplement. Le paysage s’anime des silhouettes qui défilent, le Mucem retient son souffle, la mémoire, la modernité, la tradition, la création, tout se raconte ici sous nos yeux, moment de grâce suspendu où l’émotion nous unit. Marseille, nous aussi on t’aime! Jacquemus. jacquemus.com Maison Méditerranéenne des Métiers de la Mode. m-mmm.fr