F I GURE D E P R OUE
Posée comme un mirage dans une calanque, à l’ouest de la cité phocéenne, cette maison de vacances tout habillée de bois, raconte un autre Marseille... Celle d’une vie au plus proche de la nature, où l’on se déleste du quotidien. Une invitation à prendre d
Une vigie réalisée dans la région par l ’ a gence d’a r c hi te c t ure marseillaise Bonte & Migozzi, aura sans doute inspiré le très discret propriétaire du lieu qui aura tenu le secret à son
épouse… jusqu’à la livraison du chantier ! « Face à ce terrain enclavé de 700 mètres et de surcroît pentu, avec cette vue imprenable sur la Méditerranée, nous n’avions qu’un seul mot d’ordre : pas de béton apparent, pas de plâtre pour minimiser l’impact de la future
maison dans ce site d’exception », souligne Christophe Migozzi. Qu’importe, avec son alter ego Catherine Bonte, ils proposent une esquisse toute de bois et de métal, épousant le relief de la topographie et offrant de toute sa hauteur de vue, une vraie respiration, loin de l’agitation de la ville. En amont du résultat et d’un léger terrassement, la tâche va néanmoins se révéler un véritable tour de force, coincée entre l’inclinaison naturelle du terrain, le voisinage existant et, en contrebas, l’accès direct à la mer. À défaut de pouvoir manoeuvrer une grue sur le site, le béton est coulé à l’ancienne, sur place à la brouette, les plots de fondation élevés dans les règles de l’art, le jardin sauvage de pins et d’agaves en restanques est préservé, juste agrémenté de quelques essences locales, figuiers de barbarie, eucalyptus, lauriers-tins, cistes, filaires, coronilles, santolines… Pour optimiser la circulation dans un volume constructible défini – pas plus de cent mètres carrés clos –, l’ossature en tasseaux de mélèze posés à la verticale rappelle les coursives d’un bateau. Dedans, une atmosphère sobre et douce invite à l’intimité et à la contemplation du paysage marin. Seul s’y glisse le soleil en rais de lumière, dessinant du matin au soir des ombres obliques, entre les niveaux. En haut, cuisine et séjour sont prolongés par une terrasse ouverte sur l’horizon. Une sorte de repli régénérant avec vue sur l’immensité… En bas de l’escalier, les parents dorment face à la mer. Les enfants eux, ont une grande chambre-dortoir, fraîche et ombragée, accrochée à la roche. Comme une cabane. Dans cet ancrage préservé, l’été est rythmé par les parties de cartes ou de pétanque, les sardinades, les bains du soir ou la nage en palmes du matin. La maison, elle, a pris ses repères dans le paysage. De cette architecture manifeste, naît une poésie contemporaine qui a su se faire une place dans le décor…