PALACE COLLECTION
Le Negresco, dernier palace indépendant français, abrite une belle collection d’oeuvres d’art.
Nice, vue mer. Inauguré en 1913, Le Negresco est le dernier palace indépendant français. Sur la Promenade des Anglais, son architecture Belle Époque protège ses collections d’oeuvres d’art et de mobilier. Le Studio Marc Hertrich & Nicolas Adnet révèle la couleur dans l’aile Rivoli. PA R Cécile Vaiarelli P H OT OS Bernard Touillon
L’arc parfait de la Baie des Anges miroite sous le soleil. Nice est toujours cette longue promenade dans le temps où Belle Époque et monde contemporain se lisent d’un seul trait. Le Negresco est à lui seul la synthèse de ce télescopage d’époques et de goûts. De sa façade néoclassique, soulignée d’envolées lyriques, à sa verrière classée Monument historique, ce pourrait être un palace figé dans son patrimoine, énumérant à l’infini son lot de célébrités. Il n’en est rien. Le lieu est vivant, éclectique, animé par les notes de jazz qui s’échappent de son bar légendaire, bien longtemps après que Woody Allen ait achevé le tournage de Magic in the Moonlight. C’est aussi un lieu éclairé par ses collections d’oeuvres et de mobilier rares, porté par l’éblouissant savoir-faire de dix métiers d’art qui se partagent les ateliers cachés sous l’envers du décor. Le goût de Jeanne Augier, propriétaire de l’hôtel à partir de 1957 est intimement lié à la grande aventure des collections. Au centre de la colonnade où posent en majesté Napoléon III et l’impératrice Eugénie, l’immense lustre Baccarat s’impose comme la pièce maîtresse du salon royal en ellipse. Un décor classique qui vacille sous la couleur avec les tapis flamboyants de Raymond Moretti et la Nana Jaune de Niki de Saint Phalle. Plus loin, le buste en bronze de Madame Renoir dont le Negresco possède un rare exemplaire est une représentation intimiste et réaliste de sa femme par Auguste Renoir. Autre sculpture, autre temps, en figure de proue sur la terrasse, le souffle du jazz d’un Miles Davis éclatant de couleur, par Niki de Saint Phalle. Dans les étages, le fil rouge de la collection est souligné par les entrelacs cinétiques des tapis qui cheminent vers les chambres. Oeuvres originales d’yvaral, ils entament un dialogue avec un ensemble de gouaches de Victor Vasarely et d’abstractions dynamiques de Sonia Delaunay. Autre trésor d’élégance… une importante collection de lithographies de René Gruau, maître de l’illustration de mode. Sa fameuse publicité « Rouge Baiser » fit le tour du monde en inventant en quelques traits esquissés, la femme moderne. C’est au restaurant Le Chantecler que se concentrent plusieurs pièces de mobilier parmi les plus raffinées du Negresco. Son décor d’inspiration Louis XV rehaussé de rose tonique et de vert acidulé se marie avec une carte gastronomique créative sous la direction de Jean-denis Rieubland et du chef pâtissier Fabrice Didier. Deux étoiles au firmament pour une cuisine inspirée de la Provence, concentré de fraîcheur des produits de la Riviera. Dans la toute nouvelle aile Rivoli, le duo d’architectes d’intérieur Marc Hertrich et Nicolas Adnet adopte des palettes denses pour sept nouvelles chambres. Vert émeraude, jaune d’or, rouge cerise et un équilibre réussi entre classicisme et modernité, réinterprété avec les ateliers de tapisserie et d’ébénisterie intégrés dans l’hôtel, classé EPV, Entreprise du Patrimoine Vivant. Vues sur les jardins du musée Masséna, plutôt que sur la mer ou bien l’inverse. Au Negresco, un éclat de lumière, et le paysage est toujours à portée de plaisir. Le Negresco. Restaurant Le Chantecler, menu découverte à partir de 180 €. Brasserie la Rotonde, déjeuner bistrot à partir de 23,50 €. Le dimanche, Brunch Jazz dans le bar, 65 €. 37, Promenade des Anglais, 06000 Nice. Tél. 04 93 16 64 00. hotel-negresco-nice.com