INSTANTS D’ART
APRÈS LONDRES, LE STREET ARTISTE ESPAGNOL GONZALO BORONDO TRANSPORTE SON UNIVERS FAIT DE PEINTURES ET D’INSTALLATIONS MULTIMÉDIAS AU COEUR DU MARCHÉ AUX PUCES.
Gonzalo Borondo installe son univers au Marché aux puces de Marseille… Ode à la femme par Jacques-henri Lartigue. L’automne et ses expos font rimer couleur et ailleurs.
« D’après les cosmologues, nous n’appréhendons qu’environ 5 % de l’univers. Tout le reste est matière noire. » Matière noire, c’est le titre choisi par Gonzalo Borondo, étoile montante de l’art espagnol, pour désigner sa dernière exposition, installée à Marseille. Invité par Catherine Coudert et Stéphane de Calmels, les pilotes de la galerie Saint Laurent, le jeune homme habitué à sillonner la planète a fait halte dans ce lieu singulier. « En découvrant la halle des antiquaires, j’ai eu le sentiment d’entrer dans un purgatoire d’objets, une réserve de mémoire collective, où dorment des histoires personnelles. » De ce gisement obscur, Borondo a voulu tirer une exposition présentant son univers, en collaboration avec huit artistes internationaux, élevés à l’ère du boom digital. Leurs noms : BRBR Films, Carmen Main, Diego López Bueno, Edoardo Tresoldi, Isaac Cordal, Robberto Atzori, Sbagliato, A. L Crego. Pendant trois mois, la tribu a vécu et travaillé en osmose avec le marché et ses habitants. « Comme dans le street art, j’ai voulu dialoguer avec un espace défini, l’expérimenter, m’y connecter et créer exclusivement pour lui » . Résultat : un parcours en trois actes (projeter, percevoir, inter- préter) sur le thème de l’illusion et de la réalité. Une fabuleuse expérience sensorielle et philosophique qui se déploie à travers une pluralité d’oeuvres : peintures, installations, hologrammes ou vidéos. Inspiré par Goya et Ernest Pignon-ernest, Borondo frotte son classicisme aux technologies nouvelles et fait jaillir à chaque pas des étincelles de surprise : Photomaton revisité, cinéma de vidéos oubliées sur Youtube, salon basculé à l’envers, faux miroirs, distorsions, réflexions… De cette moderne caverne de Platon, un escalier s’échappe vers l’oeuvre finale, une constellation d’objets sérigraphiés planant sur l’entrepôt d’antiquités : fantômes mémoriels ou rémanences rétiniennes. Tous, « lumières qui rendent visible l’invisible, réalités qui retourneront dans l’ombre. Matière noire de nos lendemains. » « Matière Noire, Gonzalo Borondo Show », jusqu’au 31 janvier 2018. Du j e udi a u s a medi, d e 1 0 h à 17 h, dimanche de 10 h à 13 h.