TRAITS DE COULEURS
Chez Raphaële et Pierre Malbec, travail, création et lieu de vie se conjuguent en couleurs et graphismes.
L’artiste Pierre Malbec aime les chemins de traverse. Une errance fructueuse, instinctive, mais aussi héritée de parents brocanteurs. Plusieurs vies, plusieurs métiers tournés vers un seul but : la quête d’équilibre. Prélude à une vitalité créative, la céramique et le foisonnement moderniste de l’après-guerre le passionnent. Cette fois, c’est lui qui froisse la tôle, assemble les pièces de métal au coeur de sculptures totémiques. Puis la peinture s’impose. À la manière d’un cartographe, Pierre Malbec invente une géographie de lignes et de pigments, un puzzle constructiviste fait d’aplats de couleurs imbriqués aux formes simples. Une histoire d’équilibre « qui rappelle Giorgio Morandi, autant que le trait schématisé des graffeurs ou l’iconographie amérindienne », souligne sa curatrice, Joanna Chevalier. Une signature qu’elle a vite identifiée et met en lumière dans un parcours sur mesure. Quelques mois après leur rencontre, Pierre Malbec s’exposait déjà à Beyrouth. Avec lui, la créatrice Hala Matta, et sa femme Raphaële, aux côtés de Rabih Kayrouz, participent à l’événement et revisitent l’oeuvre de l’artiste. Un ménage à cinq qui fait la force de cette exposition dans l’exposition. Des peintures mais aussi des céramiques et des manteaux, pièces uniques dessinées par le couturier, mis en oeuvre par la styliste Raphaële Malbec. Une histoire de poupées russes où tout s’imbrique et se répond avec évidence. Près d’avignon, leur maison s’est pensée aussi par strates et correspondances. Des liens de cause à effet indissociables pour l’artiste, confiant : « J’ai toujours considéré ma peinture comme une passerelle entre l’endroit dans lequel nous vivons et la manière dont ma femme et moi chinons. J’ai d’ailleurs rencontré la couleur grâce à elle. C’est un lien permanent entre nous. L’esprit de notre maison s’en ressent. Les objets et les meubles sont, pour la plupart, associés à des rencontres. Et puis, la céramique, cette passion commune qui nous relie aux éléments et à nous-mêmes. Car qu’est-ce que la céramique, si ce n’est une alchimie mêlant l’eau, la terre, l’air et le feu autour d’une formule personnelle? C’est vrai aussi dans nos choix. Pourquoi marier une lampe Noguchi et un tabouret d’alvar Aalto ? Je n’ai pas la réponse. Je souhaite juste que mes tableaux puissent être les maillons d’un ensemble. Depuis quelques mois, avec le couturier Rabih Kayrouz, Raphaële a entrepris un travail autour de mes tableaux. Une rencontre portée par ma curatrice Joanna Chevalier, où la haute couture se trace un chemin vers l’art. Ou peut-être est-ce l’inverse ? Encore une histoire de rencontre. »