Maison Côté Sud

TRAITS DE COULEURS

Chez Raphaële et Pierre Malbec, travail, création et lieu de vie se conjuguent en couleurs et graphismes.

- PAR Caroline Clavier PHOTOS Nicolas Millet

L’artiste Pierre Malbec aime les chemins de traverse. Une errance fructueuse, instinctiv­e, mais aussi héritée de parents brocanteur­s. Plusieurs vies, plusieurs métiers tournés vers un seul but : la quête d’équilibre. Prélude à une vitalité créative, la céramique et le foisonneme­nt moderniste de l’après-guerre le passionnen­t. Cette fois, c’est lui qui froisse la tôle, assemble les pièces de métal au coeur de sculptures totémiques. Puis la peinture s’impose. À la manière d’un cartograph­e, Pierre Malbec invente une géographie de lignes et de pigments, un puzzle constructi­viste fait d’aplats de couleurs imbriqués aux formes simples. Une histoire d’équilibre « qui rappelle Giorgio Morandi, autant que le trait schématisé des graffeurs ou l’iconograph­ie amérindien­ne », souligne sa curatrice, Joanna Chevalier. Une signature qu’elle a vite identifiée et met en lumière dans un parcours sur mesure. Quelques mois après leur rencontre, Pierre Malbec s’exposait déjà à Beyrouth. Avec lui, la créatrice Hala Matta, et sa femme Raphaële, aux côtés de Rabih Kayrouz, participen­t à l’événement et revisitent l’oeuvre de l’artiste. Un ménage à cinq qui fait la force de cette exposition dans l’exposition. Des peintures mais aussi des céramiques et des manteaux, pièces uniques dessinées par le couturier, mis en oeuvre par la styliste Raphaële Malbec. Une histoire de poupées russes où tout s’imbrique et se répond avec évidence. Près d’avignon, leur maison s’est pensée aussi par strates et correspond­ances. Des liens de cause à effet indissocia­bles pour l’artiste, confiant : « J’ai toujours considéré ma peinture comme une passerelle entre l’endroit dans lequel nous vivons et la manière dont ma femme et moi chinons. J’ai d’ailleurs rencontré la couleur grâce à elle. C’est un lien permanent entre nous. L’esprit de notre maison s’en ressent. Les objets et les meubles sont, pour la plupart, associés à des rencontres. Et puis, la céramique, cette passion commune qui nous relie aux éléments et à nous-mêmes. Car qu’est-ce que la céramique, si ce n’est une alchimie mêlant l’eau, la terre, l’air et le feu autour d’une formule personnell­e? C’est vrai aussi dans nos choix. Pourquoi marier une lampe Noguchi et un tabouret d’alvar Aalto ? Je n’ai pas la réponse. Je souhaite juste que mes tableaux puissent être les maillons d’un ensemble. Depuis quelques mois, avec le couturier Rabih Kayrouz, Raphaële a entrepris un travail autour de mes tableaux. Une rencontre portée par ma curatrice Joanna Chevalier, où la haute couture se trace un chemin vers l’art. Ou peut-être est-ce l’inverse ? Encore une histoire de rencontre. »

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 ??  ?? 2. Perspectiv­e vers le salon : sur la gauche de l’oeuvre de Pierre Malbec, plafonnier Serge Mouille et, sur la droite, lampadaire d’isamu Noguchi ; bahut commode de Cees Braakman et, devant, petit guéridon de Knoll. Canapé, Ikea.3. Série de bols à thé de Gérald Pott et assiette à oreille de lapin, Petite Friture. 2. 3.
2. Perspectiv­e vers le salon : sur la gauche de l’oeuvre de Pierre Malbec, plafonnier Serge Mouille et, sur la droite, lampadaire d’isamu Noguchi ; bahut commode de Cees Braakman et, devant, petit guéridon de Knoll. Canapé, Ikea.3. Série de bols à thé de Gérald Pott et assiette à oreille de lapin, Petite Friture. 2. 3.
 ??  ?? 1. CI-CONTRE1. Raphaële Malbec et Joanna Chevalier portent les manteaux en cachemire de la collection de Rabih Kayrouz, reprenant les motifs du peintre Pierre Malbec. Ces pièces ont été présentées dans le showroom du couturier à Beyrouth.
1. CI-CONTRE1. Raphaële Malbec et Joanna Chevalier portent les manteaux en cachemire de la collection de Rabih Kayrouz, reprenant les motifs du peintre Pierre Malbec. Ces pièces ont été présentées dans le showroom du couturier à Beyrouth.

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