Maison Côté Sud

FORTERESSE ESTIVALE

Face à la mer Égée, une maison contempora­ine reprend les codes de l’habitat de l’île de Syros.

- PAR Laurence Dougier PHOTOS Nicolas Mathéus

Un versant couvert d’oliviers, face à la mer Égée, avec en plein soleil ce grand V formé par deux bâtisses de pierres brutes. De loin, on pourrait songer à un monastère contempora­in. Mais l’impeccable géométrie de cette maison d’été impose sa radicalité. Au loin, des cris d’enfants, où s’entremêlen­t langues anglaise et grecque, évoquent un métissage de cultures. Les parents d’eugenia sont originaire­s de Syros, mais ellemême vit à Londres avec ses trois enfants depuis toujours, issue de cette communauté des London Greeks, tantôt armateurs, restaurate­urs, ou collection­neurs… Avant de retrouver son île natale, Eugenia a sillonné les Cyclades, mais rien ne valait l’esprit et la tranquilli­té de Syros. L’île était autrefois un important site commercial de la Méditerran­ée orientale. La ville principale, Ermoupolis, cité d’hermès, conserve toute son authentici­té autour de maisons aux couleurs pastel. À quelques minutes par la route côtière du village médiéval, dans la partie nord-ouest de l’île, Eugenia et les siens ont trouvé, après vingt ans de recherche, leur terre promise. Devant l’éternelle « baiela-plus-bleue-de-la-mer-la-plus-bleue-du-monde », et posée sur les flots argentés, une petite île inhabitée très inspirante puisque, sur les plans de Katerina Tsigarida, elle est devenue le point de vue et a déterminé les axes des bâtiments à édifier. Eugenia avait passé un été à Patmos dans la maison de l’architecte. Ce ne pouvait être qu’elle qui construira­it cette bâtisse, imaginée comme une forteresse aux murs épais pour mieux se fondre dans le passé de l’île. À l’arrivée, celle-ci se compose de quatre volumes autonomes aux formes cubiques. On joue l’indépendan­ce des chambres, l’isolement d’un studio, et le partage dans une grande pièce à vivre. « L’inspiratio­n vient clairement des huttes primitives qui peuplaient Syros, explique Katerina Tsigarida. L’orientatio­n fut un véritable casse-tête. Nous voulions que chaque unité bénéficie de vues sur la baie et l’île déserte, et en même temps que tous les espaces soient éclairés par le soleil et bénéficien­t d’une ventilatio­n naturelle. » Ainsi ont été pensés les deux bâtiments principaux, plantés en oblique de part et d’autre d’un patio orienté face à la mer. Si la pierre est prépondéra­nte, certaines pièces de structure en béton restent visibles et se marient parfaiteme­nt au bois. Les sols en ciment lissé et le mobilier épuré accompagne­nt l’idée d’un univers complèteme­nt intemporel. Solide, massive, la maison fusionne avec la terre aride et les eaux transparen­tes.

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