Maison Côté Sud

LANGUEUR TROMPEUSE

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Les choses sont simples, à Nisyros. De petites routes qui sentent le thym, le fenouil et les figues mènent au coeur de cette île-volcan, dont les touristes explorent la vaste caldeira. L’un des cratères s’avère mollement en activité, ce qui explique les effluves de soufre. À ce passé éruptif, l’île doit un sous-sol en pierre ponce, des plages façon poivre noir et, chose rare dans le Dodécanèse, des sols très fertiles. Certes, cela n’a pas suffi : de nombreuses familles de Nisyros ont dû partir vivre ailleurs, loin, à New York ou à Melbourne, et la plupart des terrasses qui zèbrent les collines sont abandonnée­s. Mais l’île a gardé le goût des petits plats et des tavernes ouvertes toute la journée. À Mandraki, par exemple, quand tout le monde fait la sieste dans les maisons-cubes blanches à volets bleus, il faut aller chez Oxos. Sur la terrasse face à la mer, Eleni et Dimitra, occupées à écosser des haricots verts, s’interrompr­ont pour vous servir des crevettes frites, ou un fromage à la mode de Nisyros, macéré dans du vin rouge. Le local qu’elles louent appartient au monastère de Panagia Spiliani, posé juste au-dessus, sur la falaise. L’édifice religieux abrite de très belles icônes, dont une Vierge miraculeus­e, couverte de demandes et d’offrandes. Plus haut encore, il y a l’acropole, vieille de 2600 ans, dont la restaurati­on a valu à Anna Apostolou le prix Europa Nostra. Tombée amoureuse de l’île, l’architecte athénienne a acheté une vieille maison à Emporeios, village des collines quasi-abandonné aux chèvres, et y a aménagé deux appartemen­ts tout confort, avec vue sur la mer Égée au petit matin, quand les îles semblent flotter sur un matelas de brume. Sur place, on peut se restaurer au To Balkoni tou Emporeiou : dans cette modeste taverne, Katina et son mari Dimitris concoctent des régals à base de légumes du jardin cueillis chaque matin, comme leurs pitia, croquettes de pois chiche à la menthe, servies avec une sauce à l’amande et à l’ail. De l’autre côté de la caldeira se trouve Nikia, sa belle église en marbre et sa place blanche toute ronde, où l’on sirote, sous les parasols, deux autres spécialité­s locales : la kanellada et la soumada, aux amandes amères. Yamas !

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