DEUX FILLES AUX DOIGTS D’ARGILE
Les mains dans la terre et le coeur tourné vers la Corse, les céramistes Caroline Bartoli et France Bocognani se sont pétri une identité, Franca.
LES MAINS DANS LA TERRE ET LE COEUR TOURNÉ VERS LA CORSE, CAROLINE BARTOLI ET FRANCE BOCOGNANI SE SONT PÉTRI UNE IDENTITÉ COMMUNE, FRANCA. DANS SON ATELIER PHOCÉEN, LE DUO DÉPOUSSIÈRE L’ART DE LA CÉRAMIQUE EN INVENTANT DES PIÈCES AU CHARME PRIMITIF. ATTENTION, TALENTS BRUTS.
Franca, c’est d’abord une histoire d’amitié. Corses vivant à Marseille, Caroline Bartoli, la brune, et France Bocognani, la blonde, se rencontrent dans un collectif de filles, la Bande éphémère, qui organise des soirées pour promouvoir de jolies marques locales, comme Sessùn, Kulte ou American Vintage. Tout les rassemble : leurs origines, leur travail dans la communication et le marketing, leur curiosité insatiable, mais surtout leur passion pour l’activité manuelle. Caroline passe son temps à broder, tricoter ou tisser. France crée des collections de chapeaux et a obtenu son CAP de décoration en céramique à l’école d’aubagne. Le déclic viendra d’un ami commun, le décorateur François Champsaur, qui leur offre des cours du soir chez sa mère, la célèbre céramiste Maggy Champsaur. Elles y perfectionnent leur technique, et décident en 2019 de mêler leurs prénoms pour créer leur marque, Franca, dédiée à l’art de la terre. Leur première commande, un service décoré d’empreintes de dentelle pour Le Café Bohème à Hyères, leur
permet d’affiner leur concept: des minicollections personnalisées pour chaque client. Parallèlement, elles dénichent dans le quartier de Saint-just une petite maison bordée d’un jardin et mitoyenne d’un hangar. Un lieu à fort potentiel où elles installent leur atelier. «Nous nous y retrouvons le soir après une journée de travail », raconte Caroline. Peu à peu, au gré d’expositions éphémères, leur créativité instinctive et épurée rencontre son public. Le restaurant La Mercerie leur commande 150 assiettes, qu’elles poinçonnent d’un bouton pour évoquer l’histoire de l’établissement. «La céramique est une école de patience. Nous avons mis deux mois et demi pour fabriquer ce service, explique France. Nous associons nos clients à ce processus lent, en leur envoyant des photos du work in progress. » Le duo travaille à la plaque et au moule ou modèle à la main, car « le tour est un autre métier », affirme France. Leurs sources d’inspiration sont multiples : un détail d’architecture, un imprimé textile, un souvenir de voyage portugais ou majorquin… Interrompue par le confinement, l’aventure continue aujourd’hui et de belles collaborations se profilent. Par exemple, avec Marie Gas dans l’un de ses concept stores parisiens, l’hôtel Misincu au coeur du cap Corse ou encore la villa Noailles à Hyères… Un avenir en forme de terres promises pour ce tandem créatif.