TOULOUSE, LA ROSE D’OCCITANIE
Visite d’une ville érudite, poétique, berceau de la brique foraine qui met du rose aux joues de ses hôtels particuliers, de ses quais, de ses églises.
LA ROSE D’OCCITANIE
BLEU PASTEL D’ABORD, BLEU CIEL ENSUITE, TOULOUSE A LA BOSSE DES AFFAIRES, PAR SA GÉOGRAPHIE ENTRE GASCOGNE ET LANGUEDOC, GARONNE ET CANAL DU MIDI. LA BOSSE DES MATHS AUSSI, DES THÉORÈMES DE PIERRE DE FERMAT AU PRIX NOBEL DE JEAN TIROLE. UNE VILLE ÉRUDITE DONC – SON UNIVERSITÉ EST À PEINE PLUS JEUNE QUE LA SORBONNE –, MAIS AUSSI POÉTIQUE, CAPITALE DES TROUBADOURS DU MOYEN ÂGE ET BERCEAU DE CLAUDE NOUGARO. LUI AUSSI A CHANTÉ SA BRIQUE FORAINE, APPORTÉE PAR LES LÉGIONS ROMAINES, QUI MET DU ROSE AUX JOUES DE SES HÔTELS PARTICULIERS, DE SES QUAIS, DE SES ÉGLISES. ET QUI DE MÉRIDIONALE, LA FAIT DÉJÀ MÉDITERRANÉENNE…
Forcément, le voyage à Toulouse débute le nez en l’air ! De part et d’autre du Capitole, la galerie des Illustres et la « Galerue » peinte par Raymond Moretti dessinent, chacune à sa manière, une introduction à l’histoire de la ville. Sur cette dernière, le peintre a représenté des grandes dames locales, de la Vénus préhistorique de Lespugue à Paule de Viguier, poétesse et égérie de la Renaissance, si belle que les Toulousains lui demandèrent d’apparaître deux fois par semaine à son balcon ; des garçons passionnés, les pieds dans l’eau du canal du Midi pour son créateur Pierre-paul Riquet ou la tête dans les nuages pour Mermoz, SaintExupéry et Guillaumet ; de fortes têtes comme le duc de Montmorency ou Jean Jaurès, et Jean Dieuzaide qui photographia sur un fil un mariage de funambules qui parut dans Life et fit le tour du monde. À Toulouse, on n’a pas peur des acrobaties, mais, dans une ville de pilotes d’essai, le ciel peut vite devenir trop petit. Reste alors l’espace, dont Toulouse a fait tout un pôle d’excellence avec grandes écoles, laboratoires de recherche et industries. Que les Toulousains aient l’âme voltigeuse n’a pas gêné François Delarozière de fabriquer à Tournefeuille une partie de ses machines, aussi grandioses qu’inutiles, sauf bien sûr à nous faire rêver. Et si l’ingénieur-artiste était l’héritier direct des érudits-poètes du Moyen Âge et de la Renaissance ? Langue d’oc ou langue d’oïl, l’académie des Jeux floraux fait vivre cet héritage littéraire. Depuis 1323, elle a distingué Ronsard, Voltaire, Hugo, Mistral et, cette année, Lydie Salvayre, qui a grandi à Auterive, parmi les nombreux républicains espagnols en exil que Toulouse accueillit. La romancière parle d’une « île espagnole à l’intérieur de la France ». Oui, mais une France méridionale, qui avait déjà le goût de la fête, du parler fort et de la convivencia…