Maison Côté Ouest

L’INSTANT

Pour mettre en scène la relation entre l’homme et l’animal, thématique 2017 du festival La Gacilly, Emanuele Scorcellet­ti a invité les habitants dans des tableaux équestres, cadrés au noir dans la brume de l’hiver. Un travelling en image fixe, à cheval en

- PAR Anne- Laure Murier PHOTOS Emanuele Scorcellet­ti

Quand un photograph­e italien s’inspire de la Bretagne légendaire… Une exposition qui distille sa poésie à La Grée des Landes.

À partir du 14 octobre, « Equus » continue son galop dans l’écrin de verdure de La Grée des Landes, lequel relaiera aussi la vente du catalogue (19 €) : des tableaux d’une singulière poésie où s’entrecrois­ent cinéma de Fellini et légendes celtiques, pour magnifier et rendre toute sa grâce au cheval roi. festivalph­oto-lagacilly.com et lagreedesl­andes.com

« Regarder, ne pas réfléchir, laisser la vie poursuivre son chemin et notre coeur nous

diriger… » Emanuele Scorcellet­ti ne bride pas sa devise. Si ce diplômé d’une école de cinéma, féru de septième art, cadre volontiers les stars, c’est tout aussi spontanéme­nt qu’il a mis les habitants de La Chapelle- Gaceline à l’affiche d’Equus. Soit une fresque un peu folle, dans le fond comme dans la forme, convoquant l’univers fantasque de Federico Fellini et la rigueur géométriqu­e d’Henri CartierBre­sson. Pour fixer l’ « instant décisif » du chef de file de l’agence Magnum, le photograph­e d’origine italienne n’a d’ailleurs pas hésité à crier « action » , un mégaphone à la main, du terrain de foot municipal à l’hippodrome du village : en piste, des airs de La Strada. À mille lieux du portrait de Sharon Stone au festival de Cannes, qui lui a valu un World Press en 2002 dans la catégorie Arts et Culture, imaginez un peu la kermesse ! Entre buts enguirland­és, linge étendu, landau, roulotte ou charrette, tout le monde s’est pris au jeu : le maire, arborant écharpe tricolore comme trompette ; le peintre du village, affublé des fripes vidées des greniers ; l’instituteu­r, cette fois-ci en plein exercice de théâtre de rue du haut de ses échasses… C’est avec une autre patience qu’il a composé ses tableaux entre lande et forêt, dont le face- à- face entre les magicienne­s de la Ferme équestre du Vautoudan. Un cheval cabré, une corneille apprivoisé­e à l’arrêt, un masque vénitien sur les terres de Merlin : dans le clair-obscur de la brume, l’effet est saisissant. Dans la lande bretonne, ce Méridional aurait- il trouvé les

« limbes » dont parle son cinéaste fétiche, « cette frontière entre le monde du tangible et de l’intangible, qui sont le véritable royaume de l’artiste » ? Avec ses tourelles, ses écuries et ses arbres centenaire­s, le Manoir de Trégaray l’a d’emblée inspiré. « Propriétai­re de ces chambres d’hôtes, Annie Barreteau m’a ouvert toutes les portes. » Une première fée, aux ramificati­ons puissantes… « Voyage au coeur de l’homme et du cheval, Equus est une exposition qui nourrit l’âme », commente Auguste Coudray, président du festival. D’où sa décision d’en prolonger les bienfaits à l’éco- hôtel Spa de La Grée des Landes : une autre raison d’y galoper cet automne.

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CI- CONTRE Un pur sang espagnol qui se cabre, une corneille apprivoisé­e à l’arrêt, « deux paysannes transformé­es en fées » selon les propres dires de Laurence et Solena Maubec : entre les cavalières de la Ferme équestre du Vautoudan et Emanuele...
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CI- CONTRE Ferme et théâtre équestres, maréchal-ferrant ou sellier : le monde des chevaux fait la notoriété de La ChapelleGa­celine, d’où cette fable en plusieurs tableaux titrée Equus.
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PAGE DE DROITE Sous l’oeil du photograph­e, les marais de Glénac montent sur leurs grands chevaux.
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