L’ÉDITO
« Une chambre à soi » était, pour Virginia Woolf, le refuge essentiel à l’inspiration et la créativité. « La plage à soi » est le nouveau rêve absolu.
Les
vacances à la mer, Graal absolu du farniente ? Pas pour les puristes qui se lancent dans la quête de LA plage, sauvage, insolite, paradisiaque, dotée de beautés naturelles et préservée de tout, surtout de ce que l’on ne veut pas – c’est-à-dire les autres. Une recherche qui s’apparente souvent à un jeu de piste : nous voilà transformés en Sherlock Holmes, guettant des indices savamment distillés (« on y accède par un escalier, juste après le troisième pin », « le passage s’ouvre à marée basse, au nord de la grande plage, à droite », « derrière le quatrième virage de la départementale »…). Au bout du GPS, nul ne sera donc surpris de devoir d’abord négocier chemins tortueux ou sentiers abrupts avant de pouvoir poser serviette et crèmes solaires. À moins, encore, que l’Éden ne soit accessible que par bateau. Les adresses confidentielles, dûment pratiquées depuis des générations ou confiées par un commerçant à l’âme généreuse, s’échangent comme des pépites d’or, de « la plus belle » à « celle qui n’apparaît sur aucune carte ». Toute l’idée est de partager… mais pas trop. Et tous de craindre, finalement, de voir apparaître « sa » plage dans quelque classement national, voire international. En 2016, le quotidien britannique The Guardian consacre Morgat (la crique de l’île Vierge), sur la presqu’île de Crozon, dans son Top 20 des plus belles plages du monde. Si la désignation a gonflé à bloc la fierté bretonne en même temps que le réveil économique du petit port, la surchauffe touristique du mois d’août est devenu le prix à payer de la reconnaissance médiatique. Alors si nous, nous savons bien que les eaux cristallines de Bretagne, sur lesquelles se reflète l’improbable camaïeu de verts de la côte sauvage, prennent souvent des airs polynésiens (température exceptée, évidemment), inutile de l’ébruiter au-delà du Finistère ! C’est donc tout à fait entre nous que nous vous invitons à découvrir les petites plages secrètes et familiales de Saint-Briac et Saint-Lunaire, deux joyaux de la Côte d’Émeraude… Parmi les neuf plages que compte Saint-Briac, la plupart sont situées dans des criques bien cachées, en contrebas de falaises ponctuées d’ajoncs, de genêts et de prunelliers : Le Perron, relié à l’île éponyme à marée basse, idéale pour la pêche à pied ; la Petite Salinette et son sable ultrafin ; La Garde, l’une des plages plus méconnues de la Côte, qui se dissimule derrière le golf de Dinard, près de la pointe de la Garde Guérin… Même géographie privilégiée à Saint-Lunaire, où la plage de la pointe du Décollé, accessible via un escalier pentu à souhait, s’ouvre sur une vue époustouflante, à 360°, du Cap Fréhel à la pointe du Grouin. À Côté Ouest, nous gardons les adresses secrètes… entre vous et nous. Alors, quelles sont les vôtres ?