VERT PATRIMOINE
ENTRE ABBATIALE DU XIIe SIÈCLE ET MUSÉE CRÉÉ DANS LES ANCIENNES SALLES DE CLASSE, LE COLLÈGE ROYAL ET MILITAIRE DE THIRON- GARDAIS, DANS LE PERCHE, A ÉTÉ RESTAURÉ GRÂCE À STÉPHANE BERN. IL EST ABRITÉ AUJOURD’HUI AU COEUR D’UN JARDIN AUQUEL LE PAYSAGISTE L
Le Collège royal de Thiron-Gardais, restauré par Stéphane Bern, accueille le public dans les jardins dessinés par le paysagiste Louis Benech.
En relevant le pari audacieux de réhabiliter ce lieu historique abandonné, l’amoureux du patrimoine Stéphane Bern l’a d’emblée annoncé : « Plus que propriétaire, je m’en sens dépositaire et serai heureux de le partager avec les Français ! » Côté jardin, le célèbre paysagiste Louis Benech témoigne d’une modestie similaire. « Je n’ai pas fait ce jardin : il était là ! » Dès l’entrée, on est saisi par la beauté du sequoiadendron giganteum, de ceux dont la reine Marie-Antoinette aimait parer le Trianon, l’ancêtre foudroyé en 1998 mais toujours majestueux. Le maître d’oeuvre du jardin commença par observer, comprendre les différentes phases, retrouver d’anciens tracés, redessiner, structurer. Avec le jardinier attitré Rodolphe Maugars, il ajouta fruitiers et topiaires sur les pelouses du jardin à la française, un tapis de roses « Stéphane Bern » créées par Fabien Ducher devant la maison, agrémenté de campanules, pivoines, lavandes, vigne. Au-delà, dans la partie plus romantique, il veilla à conserver les charmes, tailler les grands ifs à l’ombre envahissante, les accompagna de prunus, houx, daphnés persistants ou encore de laurier-tins, aucuba du Japon. Non loin de ce labyrinthe arboré, on peut découvrir de vénérables chênes, hêtres, érables, un faux cyprès et un gingko biloba de toute beauté que l’on suppose plantés là par le dernier habitant de l’endroit, André Guillaumin, longtemps titulaire de la chaire de culture du Muséum national d’histoire naturelle de Paris. D’autres, plus tard, les ont rejoints, liquidambar, sophora japonica, liriodendron tulipifera… Une vraie leçon de botanique in situ ! Sur le côté, on peut encore admirer une roseraie peuplée de noms prestigieux dont ne saurait rougir son royal propriétaire : Jean de Luxembourg, Prince Napoléon, Archiduchesse Élisabeth d’Autriche, Reine Victoria… Sur un hectare et demi, quelle diversité ! On marche jusqu’à l’ancien lavoir XVIIe en bois, prolongé d’un vivier sans doute déjà présent au temps des moines, avant de longer la serre, l’orangerie et d’atteindre le verger de poiriers, pommiers, cognassiers, pruniers et cerisiers, à l’ombre desquels un salon de thé accueille les promeneurs contemplatifs. Plus loin, un parterre de fleurs à couper arbore iris, rosiers, lys, queue-de-renard… Et derrière le mur, confie Fabien, le gardien du domaine, cohabitent chèvres, poules, écureuils et autres hérissons. Comment résister à la paix d’un lieu où tout n’est qu’harmonie, où grâce à la générosité de l’un et au savoir-faire des autres, le temps semble avoir suspendu son inexorable cours.
On n’a qu’une seule envie : y revenir.