FAIRE PARLER LA MATIÈRE
Adeline Dutel a d’abord étudié le graphisme, un passé dont elle conserve le goût pour les couleurs vives et lumineuses. Elle est ensuite sortie l’école de peinture décorative Van der Kelen de Bruxelles avec la médaille d’argent. Durant 15 ans, elle a réalisé, pour le grand public, des fresques et des tableaux décoratifs, avec une spécialité : le trompe-l’oeil. Elle puise aujourd’hui dans cette expérience les techniques et les gestes précis pour la réalisation de ses oeuvres singulières. « La décoration d’intérieur n’est jamais loin dans mes oeuvres. J’ai beaucoup de plaisir à retrouver des objets, à mélanger des pigments et à créer mon propre langage pictural. » À ses débuts, Adeline Dutel a donné naissance à sa série d’oeuvres emblématiques, Les Voitures, des peintures hyperréalistes avec résine de véhicules de collection, aux accents néo pop.
Un art dans l’air du temps
Artiste plasticienne, Adeline Dutel s’inscrit dans une démarche écoresponsable. « Je travaille avec des matériaux de récupération, chinés dans les brocantes et les casses automobiles. Je me suis rendu compte que le travail manuel sur la matière décuple les idées et le potentiel créatif », explique-t-elle. Point de départ de toute création, c’est le matériel qui donne le ton. Bois, cellulose, métal, plastique ou encore tissus, entre ses mains, l’objet devient une sculpture, une installation, une peinture sur toile ou sur céramique, un masque ou un collage. L’imagination de l’artiste transforme un pneu en tête de lion ou bien encore des phares en lampe.
Comme une évidence, l’artiste plasticienne déclare son admiration pour le sculpteur César, maître à penser dans l’art de transformer la matière. « Par nécessité, il récupérait lui aussi des matériaux pour les transformer en art. Ses oeuvres me semblent très pertinentes à notre époque, en particulier ses compressions et aussi ses expansions » commente-t-elle. L’artiste compressait en effet des véhicules dans une presse hydraulique pour leur donner un aspect nouveau et surprenant avant de se consacrer à ses « expansions », des coulures de polyuréthane, un polymère coloré qui se fige en quelques secondes. « Je m’intéresse également à Ai Weiwei, principalement parce qu’il travaille et met en avant l’artisanat chinois dans son activisme ».
Au fil de ses voyages en Indes, en Afrique et en Asie, Adeline Dutel puise dans la richesse des cultures et des arts une source d’inspiration sans limite qu’elle exprime à travers ses diverses collections comme celles intitulée Les Masques, un bestiaire chatoyant.
Dans le Lubéron, à Lauris, l’atelier 67 d’adeline Dutel déploie une large palette de disciplines au service d’un art plastique
résolument actuel et coloré.