UN SOUFFLE VERS L’AILLEURS
Entre références mythologiques et nostalgie de l’enfance, les oeuvres de Daniel Zanca nous invitent à réfléchir à l’incroyable voyage de la vie.
Enfant, quand on lui demandait ce qu’il voulait faire plus tard, Daniel Zanca répondait « peintre comme Gauguin ». C’est au cours de ses études d’arts qu’il a découvert le travail des impressionnistes, mais sans doute aimait-il déjà l’idée de partir. Aujourd’hui encore il est captivé par l’idée d’un ailleurs qui invite à la réflexion, à la création. Peut-être est-ce dû à son enfance en Tunisie où il était souvent question de tout quitter, ou alors à cette traversée qui à 18 ans lui a fait gagner la France et expérimenter la mer comme passage d’un monde à l’autre ? Aujourd’hui il reste fasciné par l’intime conviction de Christophe Colomb et par l’horizon, cette ligne mouvante qui nous sépare de l’inconnu et dessine les contours de notre champ de vision. À travers sa peinture, ses sculptures et ses installations, Daniel Zanca explore l’espace et le temps pour découvrir de nouveaux possibles. Mais c’est où au juste, ailleurs ? De l’autre côté de la mer omniprésente dans son travail ? Au fond de l’eau où il immerge certaines de ses sculptures pour laisser la nature finir le travail ? Dans une époque encore à venir, ou dans l’espace peut-être, territoire de conquête des temps modernes qui offre un nouveau point de vue sur la Terre et nous-même ? Pour Daniel Zanca, ailleurs, c’est tout ce qui enflamme notre imagination et nous fait réfléchir à notre condition humaine.
Car si l’artiste est un solitaire, les autres sont au centre de son travail, et celui-ci ne trouve son sens que dans la rencontre. Son art parle de notre humanité commune et de la condition provisoire de nos existences. Avec humilité, Daniel explore ainsi la rouille, la patine qui laisse la nature et le temps s’exprimer, et l’archéologie nourrit sa réflexion sur les traces du passé, sur ce qui nous survit. De sa Vénus immergée dans le Rhône à ses portraits de la mer en passant par ses oursins géants, tout son travail invite à retrouver l’enfant en nous, curieux de ce qui l’entoure. Il propose de se délester du superflu aussi, de se recentrer sur son île intérieure à l’instar d’un autre de ses héros, Robinson Crusoé. Et est-ce vraiment un hasard si, à la vue de ses oeuvres, nous trotte en tête ce titre d’un tableau de Gauguin : D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?