ART À PART
Artiste intuitive, Sylvie Moreillon ne s’interdit aucune piste créative, qu’elle soit technique ou esthétique. Et façonne ainsi une oeuvre singulière.
Depuis plus de 2 décennies, Sylvie Moreillon, artiste protéiforme, s’inscrit dans le circuit des galeries d’art suisses. Avec en prime quelques incursions en Allemagne et en France. Peinte et sculptée, son oeuvre ne se limite pas à une seule et même technique, pas plus d’ailleurs qu’à un style déterminé. Elle aime en effet explorer des univers différents, en se laissant guider par son intuition.
De son père architecte, Sylvie Moreillon a hérité le goût de la construction, des lignes structurantes et des matériaux. A l’invitation de la municipalité, elle assiste au chantier du métro de Lausanne, en spectatrice admirative des prouesses techniques et esthétiques des haveuses. De fait, ces machines qui percent les tunnels du métro, et, ce faisant, dessinent des motifs sur les parois rocheuses, inspirent l’artiste. Autant de pliures, griffures et volutes que s’emploie dès lors Sylvie Moreillon à restituer dans son atelier. Grâce à une technique complexe, elle obtient ainsi un voilage de pierre qui ornera ses oeuvres. A l’image de The Tube, cylindre métallique facetté revêtu de cette élégante parure.
Autre sujet de prédilection, l’univers viticole qu’elle a exploré tant en Suisse qu’en France. Les caves en sous-sol l’ont particulièrement inspirée. L’artiste affectionne en effet les lieux clos dont les lignes de force et points de fuite structurent l’espace. Pour la série réalisée en Suisse, l’artiste ose des cadrages audacieux et restitue, à l’acrylique, une lumière en clairobscur. Ces toiles hyperréalistes jouent subtilement sur l’ambiguïté entre peinture et photographie. Dans la version française, les tonneaux apparaissent comme des totems, les couleurs à l’huile dessinant de remarquables aplats nuancés, qui traduisent bien toute la magie de l’art viticole.
Depuis peu, Sylvie Moreillon trace une nouvelle voie picturale. Si sa peinture était jusque-là figurative, elle tend désormais vers l’abstraction. En effet la série « La Ligne » inaugure une nouvelle manière, où le motif disparaît au profit d’une trame graphique en noir et blanc. On pense à Buren ou à Vasarely... En réalité, c’est l’épure, la discipline japonaise qui l’inspire. D’ailleurs, ces oeuvres portent toutes des noms nippons. Elles se caractérisent par une absence de profondeur, typique de l’art japonais, qui, paradoxalement, ouvre de nouvelles perspectives à l’artiste.