Maison & Travaux

Pierres et bois associés 2 extensions bien intégrées

Ces belles longères vannetaise­s, typiques de l’architectu­re régionale, ont été transformé­es en gîtes ruraux. Dans un esprit contempora­in, les deux extensions modernes valorisent les bâtiments existants sans les dénaturer.

- CÉDRIC ROGNON PHOTOS ANTONIO DUARTE (SAUF MENTION CONTRAIRE) CONCEPTION A’DAO ARCHITECTU­RE GÎTES RURAUX LA FERM’H, WWW.LAFERMH- BADEN.FR

À300 mètres de la mer, entre golfe du Morbihan et campagne, la Ferm’H est un ensemble de cinq gîtes ruraux issus de la rénovation, dans un style contempora­in, des longères de la ferme de Lairmarc’h. Les propriétai­res, dont l’un poursuit l’exploitati­on de la ferme, souhaitaie­nt réhabilite­r et mettre en valeur leur patrimoine familial. Toutefois, le plan local d’urbanisme autorisait un changement de destinatio­n des bâtiments agricoles à condition de créer des gîtes ruraux. C’est ainsi que le projet a été conçu et réalisé dans une démarche environnem­entale qui privilégie l’usage de matériaux naturels, locaux et recyclable­s. L’eau de pluie est même récupérée pour alimenter les toilettes, la laverie collective et pour arroser le jardin ! Les eaux usées sont, quant à elles, traitées au moyen d’un système de phytoépura­tion (sans fosse septique).

Conserver les belles pierres

Typiques de la région vannetaise avec leur assemblage en pierre sèche, les longères ont été restaurées avec des matériaux sains et authentiqu­es (pierres, bois non traité, ouate de cellulose…). Les charpentes ont été déposées et, quand cela était possible, les vieilles poutres en chêne ont été sablées et reposition­nées. Quant aux façades, elles ont été isolées par l’intérieur avec de la ouate de cellulose (ép. 15 cm, R = 3 m2.K/W). De la laine de bois a été préférée pour les murs qui présentaie­nt des problèmes d’humidité. Après isolation et pose d’un freinevape­ur, ils ont été doublés par des plaques de gypse et de fibres de cellulose (Fermacell, ép. 13 mm), choisies pour leurs nombreuses qualités (matière première saine, résistance aux chocs et à la traction, inertie, résistance au feu). Par ailleurs, pour des raisons de budget, des

plaques de plâtre (Placo), moins onéreuses, ont été utilisées pour les cloisons de distributi­on. Dans un souci esthétique, les murs de refend en pierre qui n’avaient pas besoin d’être isolés ont été mis à nu. En extérieur, les murs ont été piquetés afin de retrouver l’aspect traditionn­el des façades vannetaise­s en pierre sèche. Côté est, pour mettre en valeur ce bel assemblage, aucune ouverture nouvelle n’a été percée. L’architecte a seulement ajouté des fenêtres (Velux) en toiture, dont le volume a été conservé. À l’ouest, les murs en pierre plus exposés ont été enduits à la chaux avec une finition à pierres vues.

Deux extensions à ossature bois

Les propriétai­res avaient la possibilit­é de construire une petite extension limitée à 30 m2 d’emprise au sol par corps de bâtiment. Un premier agrandisse­ment (de 27,60 m2) raccorde les deux longères perpendicu­laires, sans autoriser le passage pour préserver l’autonomie des gîtes. Un second prolonge la pointe sud de l’ancienne grange (avec 23,90 m2 au sol et 16,80 m2 à l’étage). Ces deux extensions ont été construite­s en ossature bois (montants en pin de 45 x 145 mm, disposés tous les 60 cm). « Nous construiso­ns principale­ment en ossature bois, moins onéreuse pour les petites surfaces que la constructi­on en bois traditionn­elle. On trouve par ailleurs beaucoup d’entreprise­s qui mettent en oeuvre ce type de constructi­on en Bretagne », indique l’architecte, Sébastien Le Dortz. Autre avantage : la mise en oeuvre est rapide. En effet, les travaux pour monter la structure en ossature bois ont duré environ une semaine par extension.

Une isolation la plus naturelle possible

L’ossature bois repose sur une dalle en béton, isolée en sous-face par des panneaux de polyurétha­ne (« TMS » de Soprema, ép. 10 cm, R = 4,65 m2.K/W). Quant aux murs, ils sont isolés par de la ouate de cellulose (ép. 15 cm, R = 3 m2.K/W), insufflée dans l’épaisseur de l’ossature. Viennent ensuite, côté extérieur, les panneaux de contrevent­ement en OSB (ép. 18 mm) sur lesquels est

fixé le pare-pluie, puis à nouveau des panneaux de fibre de bois en 6 cm d’épaisseur (Pavatex). « La mise en place d’une seconde épaisseur d’isolant en fibre de bois est un vrai “plus” car elle apporte une continuité d’isolation, contrairem­ent à la ouate de cellulose qui prend place entre les montants de l’ossature », explique l’architecte. Le bardage vertical en pin Douglas de 22 mm d’épaisseur (bois autoclavé de classe 3, « Tremolo » de Piveteau Bois) est ensuite fixé sur tasseaux afin

de ménager une lame d’air. « Nous avions pour idée de mettre en place un bardage à claire-voie. Compte tenu de la proximité de la mer, nous avons finalement fait le choix d’un bardage rainuré, qui donne l’impression d’être à claire-voie mais qui ne l’est pas », commente l’architecte. Sur la face intérieure, un freine-vapeur est fixé entre l’ossature et le doublage en plaques de gypse et de fibres de cellulose (Fermacell). Le mur affiche au final une excellente isolation.

Côté coiffe…

L’extension glissée entre les deux longères est coiffée d’un toit-terrasse, isolé par 8 cm de polyurétha­ne (R = 3,30 m².K/W) et 20 cm de ouate de cellulose entre le solivage bois ; on obtient ainsi un R de 8,56 au total. L’étanchéité est assurée par une membrane en PVC (Sika-Trocal). La seconde extension affiche, quant à elle, une toiture à deux pans en ardoise, dans la continuité de celle de l’ancienne grange qui présente ce même revêtement, traditionn­el de la région. L’extension contempora­ine s’affirme par un bardage fait de lames verticales (pin Douglas naturel), qui rompent avec la pierre. L’habillage intérieur est réalisé en plaques fibre-gypse (Fermacell).

Du bois, toujours du bois

Les menuiserie­s mixtes bois-aluminium ont été réalisées sur mesure (MC France). Elles concilient la chaleur du chêne clair à l’intérieur de la maison et la pérennité de l’aluminium à l’extérieur. L’architecte a sélectionn­é une teinte foncée (anthracite) qui met en valeur la pierre dorée des façades. Au sec et au chaud ! Chaque gîte est équipé d’un poêle à bois performant, l’appoint étant assuré par des radiateurs électrique­s… mais peu encouragés par les propriétai­res qui mettent à dispositio­n le bois de chauffage gratuiteme­nt, mais facturent bien sûr le courant consommé. Au final, c’est un pari réussi pour ces écogîtes décorés et aménagés avec goût, qui méritent bien une petite visite…

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