De Saint-malo à l’estuaire de la Rance
MAISONS D’ARMATEURS ET DE PÊCHEURS
Bâtie derrière d’épais remparts, cernée par la mer, la cité de Saint-Malo exerça son pouvoir sur le monde ! Indépendants et entreprenants, ses habitants ont, dès le XIIe siècle, délaissé leurs filets pour conduire les croisés en Orient. Dotée de franchises, Saint-Malo affirme sa vocation maritime, commerçant épices, huile et toiles, se lançant à la conquête de terres lointaines (en 1534, Jacques Cartier découvre le Canada), organisant les campagnes de pêche à la morue vers TerreNeuve... En 1590, la bourgeoisie d’affaires refusant de se soumettre au roi protestant Henri IV érige même la cité en république ! Devenue premier port de France, elle traite sur un pied d’égalité avec les banquiers de Louis XIV – soucieux de renflouer les caisses vidées par les guerres. Ville de corsaires, au XVIIIe siècle, elle pratique la « guerre de course » et s’empare, sur ordre du roi, de la flotte marchande anglaise. C’est l’ère des écumeurs de mer dont Surcouf est la figure mythique. Détruite en 1944, à l’exception de ses remparts, Saint-Malo a été en grande partie reconstruite à l’identique.
Hôtels particuliers et malouinières
De 1710 à 1740, les armateurs malouins font bâtir leurs hôtels particuliers. Précédé d’une cour d’honneur et ouvert sur un jardin, l’hôtel malouin assure plusieurs fonctions dont refléter le rang social et offrir un cadre de réception et de négociations commerciales. Édifiés en pierre de taille, ils dressent d’imposantes façades à deux ou trois étages, ajourées de baies symétriques que couronne une toiture d’ardoises, haute et pentue, d’où s’élancent de puissantes souches de cheminée. Conçues par travées, les façades sont rythmées de bandeaux de séparation qui dissocient les étages et tempèrent l’austérité du granit. Des balcons en fer forgé atténuent l’ordonnance sévère des appareillages. Certains armateurs préfèrent s’établir dans l’arrière-pays. Ces « Messieurs de SaintMalo » y font bâtir les « malouinières ». Rectangulaires, elles s’étirent sur trois à sept travées, et s’élèvent sur deux niveaux, laissant deviner de grands volumes. Classiques ( XVIIeXVIIIe siècles), elles montrent une symétrie des baies, des chaînes d’angle, des lucarnes à fronton... Un avant-corps central, à pans coupés ou en demi-cercle, précédé d’un perron forme parfois une élégante entrée.