Maison & Travaux

Chai, atelier & maison 3 espaces réunis

Près de Toulouse, une petite maison à étage, un vaste chai aveugle et un atelier aux élégantes verrières ont recouvré une belle unité grâce aux talents conjugués d’une architecte confirmée et de propriétai­res passionnés.

- SOPHIE GIAGNONI PHOTOS ANTONIO DUARTE (SAUF MENTION CONTRAIRE) ARCHITECTE HÉLÈNE DE QUELEN, BAMBOO ARCHITECTU­RES

Non loin de Toulouse, dans un village résidentie­l qui eut longtemps une vocation agricole, la maison de 100 m2 avec étage, donnant d’un côté sur la rue, était, de l’autre, attenante à un chai aveugle et à un atelier, tous deux construits en enfilade dans une parcelle longue et étroite. Le chai, dont la pente de toit unique prolongeai­t directemen­t la toiture de la maison principale, communiqua­it avec celle-ci par une large baie et par deux marches au sol qui rattrapaie­nt la différence de niveau entre les deux bâtiments. L’atelier, construit en surplomb quoique mitoyen au chai, n’était accessible que par le jardin, mais ses deux grandes verrières verticales en faisaient un bel espace, clair et généreusem­ent ouvert sur la verdure. Et pourquoi pas un agréable jardin d’hiver… C’est ce que Cécile et Xavier, les nouveaux propriétai­res, ont repéré en tout premier lieu, alors qu’ils cherchaien­t une maison à rénover. « Quand nous l’avons découverte, la maison était dans un piteux état, racontent-ils. Trois chaudières à gaz menaçaient d’explosion ; l’électricit­é et la plomberie étaient entièremen­t à refaire, les toitures également ; le chai présentait un sol pentu en terre battue ; l’atelier était cloisonné en deux petites pièces… Et la décoration était totalement inexistant­e ! » Cependant, grâce à l’architecte Hélène de Quelen, ils ont pu mener à bien la restaurati­on et l’unificatio­n des trois bâtiments.

Des sols de tous les niveaux

Le chantier était ambitieux, tout d’abord en raison des contrainte­s du terrain à la fois étroit et pentu. Le sol du chai présentait en effet un dénivelé de 70 centimètre­s dans le sens de la parcelle. De plus, il était excavé pour la fabricatio­n du vin. Sa remise à niveau a nécessité l’apport de plusieurs tonnes de gravier… Cependant, au lieu d’égaliser complèteme­nt le sol d’un seul tenant, l’architecte a eu l’idée de partager l’ancien chai en deux zones de niveaux différents, à la fois pour différenci­er les espaces à l’intérieur de ce grand volume, et pour rattraper progressiv­ement la différence de niveau, encore plus importante, avec l’atelier. Ainsi, on gravit deux marches pour passer de la maison d’origine à l’ancien chai, dont le milieu est marqué par deux autres marches à hauteur de la cheminée centrale, qui séparent le salon de la cuisine. Enfin, on en franchit deux autres pour accéder à l’atelier. La transition d’une partie à l’autre de la maison actuelle s’effectue ainsi en douceur, ce qui améliore leur coordinati­on.

Généreuses ouvertures en toiture

Heureuseme­nt, les maçonnerie­s des différente­s constructi­ons étaient saines. Typiques de la région toulousain­e, les murs du chai tout en briques crues, galets et briques foraines (terre cuite) présentaie­nt beaucoup de charme. Un pan entier a donc été laissé apparent, tandis que les autres murs ont été isolés par un système de doublage à ossature métallique, comprenant un isolant en laine de verre et un parement en plaques de plâtre (« Optima » d’Isover). Côté toitures, les charpentes ont été conservées, mais certaines pannes ont été doublées. Dans l’ancien chai aveugle, une verrière et des fenêtres de toit ont été installées afin de faire entrer une abondante lumière zénithale. Fabriquée sur mesure (entreprise Imbert), la verrière de toit en bois est peinte en gris anthracite afin de rappeler l’apparence d’une menuiserie en acier. Les fenêtres de toit, peintes en blanc, sont équipées de stores intérieurs motorisés qui fonctionne­nt à l’énergie solaire (Velux). Une nouvelle isolation sous rampants est constiuée de panneaux de laine de verre en deux couches avec membrane pare-vapeur, et parement en plaques de plâtre sur fourrures métallique­s et suspentes composites (Isover). Quant à la couverture, elle a été refaite à l’identique en tuiles canal.

Pièces à vivre réunies dans l’ancien chai

On a profité du vaste volume de l’ancien chai pour installer les pièces communes dans un seul et même grand espace. Au centre de la pièce, la séparation entre le salon et la cuisine-salle à manger est matérialis­ée par deux marches au sol et par l’imposante cheminée centrale équipée d’un foyer fermé à double face, aux vitres escamotabl­es (« Double face 583 N » de Supra). Dessinée par l’architecte sur une idée du propriétai­re, elle comporte un habillage

en briques enduites de plâtre. Peinte en blanc et gris, elle inclut des niches latérales de rangement pour les bûches (réalisatio­n et mise en service, Cheminées Monté).

Salon d’hiver ouvert sur le jardin

Dans le prolongeme­nt de la cuisine, on accède à l’ancien atelier transformé en salon par une baie ouverte dans le mur mitoyen. Soutenue par une poutre IPN de reprise des charges, elle est fermée par un châssis en acier noir à vantaux rabattable­s, réalisé sur mesure (entreprise Taille de Fer). Cette menuiserie est équipée de doubles vitrages à isolation thermique renforcée, ce qui permet, en été, de barrer la route à la chaleur régnant dans l’ancien atelier. Ses verrières sont en effet d’origine et comportent de simples vitrages qui provoquent une élévation rapide de la températur­e en cas d’ensoleille­ment prolongé. Aucun chauffage ou appareil de climatisat­ion n’y a été installé car, à terme, les propriétai­res envisagent de remplacer les verrières anciennes par des châssis en acier au dessin identique, mais équipés de vitrages isolants.

Chambre suspendue avec vue

Là où la hauteur sous rampant était la plus élevée dans le chai (5,50 m), l’architecte a eu l’idée ingénieuse de créer un étage afin d’y installer la chambre parentale. La structure de cette « boîte » suspendue a été entièremen­t réalisée en bois. Constitué de poutres encastrées dans les murs de la maison, de solives et de lambourdes sur lesquelles a été cloué un parquet massif, le plancher a été isolé phoniqueme­nt au moyen de panneaux de laine de roche, et habillé en sous-face par des plaques de plâtre.

Maison ancienne revue et corrigée

Le plan de l’ancienne maison d’habitation a été entièremen­t remanié. Le rez-de-chaussée est aménagé en une vaste entrée pourvue de nombreux placards, derrière lesquels se dissimulen­t une buanderie et un local technique. Un espace bureau trouve place sous l’escalier qui mène aux chambres des enfants et à une salle de bains.

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à la belle forme courbe (en plaques de plâtre cintrables « BA6.5 » de Placo) et le
plan de...
La chambre parentale aménagée en étage dans le volume de l’ancien chai comporte une salle de douche intégrée (robinetter­ies Fantini). Sa paroi maçonnée à la belle forme courbe (en plaques de plâtre cintrables « BA6.5 » de Placo) et le plan de...
 ??  ?? L’étage de la maison d’origine a conservé son parquet ancien. La cloison arrondie a fait gagner des mètres carrés sur le palier,
au bénéfice d’une deuxième chambre d’enfant et d’un WC.
L’étage de la maison d’origine a conservé son parquet ancien. La cloison arrondie a fait gagner des mètres carrés sur le palier, au bénéfice d’une deuxième chambre d’enfant et d’un WC.
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Au-dessus du salon, en surplomb de la cuisine ouverte, la grande hauteur sous rampant a permis de créer un étage suspendu qui abrite la chambre parentale. Deux fenêtres fixes horizontal­es en acier (réalisatio­n Taille de Fer) procurent une vision...
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Pour apporter suffisamme­nt de lumière naturelle à la fois dans le salon et la cuisine aménagés dans l’ancien chai aveugle, une large verrière de toit a été créée au-dessus de la cheminée. En son centre, passe le conduit d’évacuation des fumées.
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© David Nakache
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crue qui sépare l’ancien chai de la maison d’habitation
d’origine a été simplement peint en
blanc. De grands placards de format standard, fermés par des portes battantes, ont été surmontés d’étagères afin
d’exploiter au maximum...
Le mur en brique crue qui sépare l’ancien chai de la maison d’habitation d’origine a été simplement peint en blanc. De grands placards de format standard, fermés par des portes battantes, ont été surmontés d’étagères afin d’exploiter au maximum...

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