La Montagne de Reims
Entre Reims et Épernay se déploie un paysage de coteaux couverts de vignes, couronnés de forêts, ponctué çà et là de villages ramassés. De ces vignes naît le champagne, une manne exceptionnelle qui a déterminé l’occupation de ses sols, les caractéristique
Un océan de vignes
Les coteaux plantés de vignes ne constituent pas la totalité des paysages de la Montagne de Reims. Celle- ci abrite aussi, en son centre, un grand plateau argileux couvert de forêts, et sur ses marges méridionales quelques plaines et vallées alluviales où se sont développés agriculture et élevages. Mais si les coteaux ne constituent pas la totalité de ses paysages, leurs longues pentes couvertes de vignes n’en demeurent pas moins emblématiques. Ce sont eux que l’Unesco a inscrits sur la liste du patrimoine mondial, aux côtés des maisons et des caves de Champagne. Car c’est ici que s’est développée la méthode d’élaboration des fameux vins effervescents au début du XVIIe siècle,
sous la forme d’une activité artisanale devenue aujourd’hui agro-industrielle. Le vignoble forme ici un paysage travaillé, ordonné et ondulant, que n’interrompent que quelques îlots boisés. Pour son exploitation, les hommes ont construit dans la vigne elle-même des loges, petites cabanes dans lesquelles ils entreposaient leurs outils, et sur ses bordures, au contact des villages, de pressoirs, des cuveries, des vendangeoirs... bâtiments agricoles dotés de grands volumes, mais aussi parfois de riches modénatures, surtout lorsqu’ils appartiennent à de grandes maisons de champagne. Un habitat groupé Ces bâtiments agricoles, lorsqu’ils sont ouvragés, détonnent avec la simplicité des maisons de village : formes simples, généralement rectangulaires, coiffées de toitures deux pans inclinées entre 30° et 45°. Dans les coeurs de village, le bâti est dense. Les propriétés s’organisent en U, autour de cours fermées, flanqués de bâtiments construits en limites de parcelles, mitoyens ainsi de ceux des voisins. Ces bâtiments organisent et enserrent des espaces intérieurs : cours et jardins,
sur lesquels de petites constructions viennent parfois empiéter. Ce tissu dense est d’autant plus difficile à percevoir qu’il se cache souvent derrière les façades que relaient de hauts murs de clôture.
Palette de beiges
En fonction de la répartition des matériaux locaux, ces maisons ont été construites en meulières, en roches calcaires ou en carreaux de terre. Leurs façades s’inscrivent dans une riche palette des beiges. La meulière se trouve présente surtout sur le plateau de la Montagne de Reims. Pierre dure insensible aux remontées capillaires, elle est fréquemment mise en oeuvre dans les soubassements. Extraite dans les environs de Reims, la craie est au contraire une roche tendre et fragile. Sensible aux écrasements, elle trouve sa place dans les élévations, les bâtiments peu élevés. Grès et calcaires dominent quant à eux dans le secteur ouest de la Montagne de Reims. Employés en moellons, généralement enduits à pierre vue, ils servent aussi bien aux soubassements qu’aux élévations. À ces pierres s’ajoutent les carreaux de terre, briques d’argile crue
La brique cuite donne le ton
mises le plus souvent en oeuvre dans les élévations et recouvertes d’enduits étanches. Autant de matériaux distincts qui se retrouvent régulièrement combinés dans les constructions. Détails esthétiques La sobriété des volumes et le caractère local des matériaux n’interdisent pas la recherche esthétique. Corniches, bandeaux, encadrements ouvragés, éléments de serrurerie, ornements de toiture, emmarchements des pierres, symétrie des ouvertures, imposte de porte dessinent ici des façades bien composées, que rythment touches de couleur et éléments de fantaisie. La brique cuite constitue un élément important de décoration. On la trouve mise en oeuvre dans les différents éléments de modénature ci-dessus cités. De manière générale, les associations de matériaux offrent dans cette région autant d’occasions de compositions élégantes