Pierres et bois associés 2 extensions bien intégrées
Ces belles longères vannetaises, typiques de l’architecture régionale, ont été transformées en gîtes ruraux. Dans un esprit contemporain, les deux extensions modernes valorisent les bâtiments existants sans les dénaturer.
À300 mètres de la mer, entre golfe du Morbihan et campagne, la Ferm’H est un ensemble de cinq gîtes ruraux issus de la rénovation, dans un style contemporain, des longères de la ferme de Lairmarc’h. Les propriétaires, dont l’un poursuit l’exploitation de la ferme, souhaitaient réhabiliter et mettre en valeur leur patrimoine familial. Toutefois, le plan local d’urbanisme autorisait un changement de destination des bâtiments agricoles à condition de créer des gîtes ruraux. C’est ainsi que le projet a été conçu et réalisé dans une démarche environnementale qui privilégie l’usage de matériaux naturels, locaux et recyclables. L’eau de pluie est même récupérée pour alimenter les toilettes, la laverie collective et pour arroser le jardin ! Les eaux usées sont, quant à elles, traitées au moyen d’un système de phytoépuration (sans fosse septique).
Conserver les belles pierres
Typiques de la région vannetaise avec leur assemblage en pierre sèche, les longères ont été restaurées avec des matériaux sains et authentiques (pierres, bois non traité, ouate de cellulose…). Les charpentes ont été déposées et, quand cela était possible, les vieilles poutres en chêne ont été sablées et repositionnées. Quant aux façades, elles ont été isolées par l’intérieur avec de la ouate de cellulose (ép. 15 cm, R = 3 m2.K/W). De la laine de bois a été préférée pour les murs qui présentaient des problèmes d’humidité. Après isolation et pose d’un freinevapeur, ils ont été doublés par des plaques de gypse et de fibres de cellulose (Fermacell, ép. 13 mm), choisies pour leurs nombreuses qualités (matière première saine, résistance aux chocs et à la traction, inertie, résistance au feu). Par ailleurs, pour des raisons de budget, des
plaques de plâtre (Placo), moins onéreuses, ont été utilisées pour les cloisons de distribution. Dans un souci esthétique, les murs de refend en pierre qui n’avaient pas besoin d’être isolés ont été mis à nu. En extérieur, les murs ont été piquetés afin de retrouver l’aspect traditionnel des façades vannetaises en pierre sèche. Côté est, pour mettre en valeur ce bel assemblage, aucune ouverture nouvelle n’a été percée. L’architecte a seulement ajouté des fenêtres (Velux) en toiture, dont le volume a été conservé. À l’ouest, les murs en pierre plus exposés ont été enduits à la chaux avec une finition à pierres vues.
Deux extensions à ossature bois
Les propriétaires avaient la possibilité de construire une petite extension limitée à 30 m2 d’emprise au sol par corps de bâtiment. Un premier agrandissement (de 27,60 m2) raccorde les deux longères perpendiculaires, sans autoriser le passage pour préserver l’autonomie des gîtes. Un second prolonge la pointe sud de l’ancienne grange (avec 23,90 m2 au sol et 16,80 m2 à l’étage). Ces deux extensions ont été construites en ossature bois (montants en pin de 45 x 145 mm, disposés tous les 60 cm). « Nous construisons principalement en ossature bois, moins onéreuse pour les petites surfaces que la construction en bois traditionnelle. On trouve par ailleurs beaucoup d’entreprises qui mettent en oeuvre ce type de construction en Bretagne », indique l’architecte, Sébastien Le Dortz. Autre avantage : la mise en oeuvre est rapide. En effet, les travaux pour monter la structure en ossature bois ont duré environ une semaine par extension.
Une isolation la plus naturelle possible
L’ossature bois repose sur une dalle en béton, isolée en sous-face par des panneaux de polyuréthane (« TMS » de Soprema, ép. 10 cm, R = 4,65 m2.K/W). Quant aux murs, ils sont isolés par de la ouate de cellulose (ép. 15 cm, R = 3 m2.K/W), insufflée dans l’épaisseur de l’ossature. Viennent ensuite, côté extérieur, les panneaux de contreventement en OSB (ép. 18 mm) sur lesquels est
fixé le pare-pluie, puis à nouveau des panneaux de fibre de bois en 6 cm d’épaisseur (Pavatex). « La mise en place d’une seconde épaisseur d’isolant en fibre de bois est un vrai “plus” car elle apporte une continuité d’isolation, contrairement à la ouate de cellulose qui prend place entre les montants de l’ossature », explique l’architecte. Le bardage vertical en pin Douglas de 22 mm d’épaisseur (bois autoclavé de classe 3, « Tremolo » de Piveteau Bois) est ensuite fixé sur tasseaux afin
de ménager une lame d’air. « Nous avions pour idée de mettre en place un bardage à claire-voie. Compte tenu de la proximité de la mer, nous avons finalement fait le choix d’un bardage rainuré, qui donne l’impression d’être à claire-voie mais qui ne l’est pas », commente l’architecte. Sur la face intérieure, un freine-vapeur est fixé entre l’ossature et le doublage en plaques de gypse et de fibres de cellulose (Fermacell). Le mur affiche au final une excellente isolation.
Côté coiffe…
L’extension glissée entre les deux longères est coiffée d’un toit-terrasse, isolé par 8 cm de polyuréthane (R = 3,30 m².K/W) et 20 cm de ouate de cellulose entre le solivage bois ; on obtient ainsi un R de 8,56 au total. L’étanchéité est assurée par une membrane en PVC (Sika-Trocal). La seconde extension affiche, quant à elle, une toiture à deux pans en ardoise, dans la continuité de celle de l’ancienne grange qui présente ce même revêtement, traditionnel de la région. L’extension contemporaine s’affirme par un bardage fait de lames verticales (pin Douglas naturel), qui rompent avec la pierre. L’habillage intérieur est réalisé en plaques fibre-gypse (Fermacell).
Du bois, toujours du bois
Les menuiseries mixtes bois-aluminium ont été réalisées sur mesure (MC France). Elles concilient la chaleur du chêne clair à l’intérieur de la maison et la pérennité de l’aluminium à l’extérieur. L’architecte a sélectionné une teinte foncée (anthracite) qui met en valeur la pierre dorée des façades. Au sec et au chaud ! Chaque gîte est équipé d’un poêle à bois performant, l’appoint étant assuré par des radiateurs électriques… mais peu encouragés par les propriétaires qui mettent à disposition le bois de chauffage gratuitement, mais facturent bien sûr le courant consommé. Au final, c’est un pari réussi pour ces écogîtes décorés et aménagés avec goût, qui méritent bien une petite visite…