Maison & Travaux

Pays de Rennes

LA CONSTRUCTI­ON EN TERRE

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Dans un rayon de vingt-cinq kilomètres autour de Rennes, l’abondance de l’argile et la médiocrité de la pierre sont à l’origine d’un art de bâtir spécifique. Appelée « bauge », cette technique consiste à construire des maisons uniquement en terre crue par levées successive­s. Loin d’être cantonné à l’habitat agricole, ce matériau, longtemps perçu comme synonyme de pauvreté, forme les façades de maints édifices nobles : manoirs, châteaux, presbytère­s... Au XIXe siècle, les avancées techniques permettent même de bâtir des bourgs et faubourgs « en terre » autour de Rennes. Pour « urbaniser » les façades de ces maisons, on applique un enduit puis un badigeon décoré d’appareilla­ges, bandeaux et chaînes d’angle en trompe l’oeil.

Matériau à tout faire

Le chantier débutait à la fin de l’hiver pour s’achever au début de l’été avant l’arrivée des grosses chaleurs. Il exigeait une importante main-d’oeuvre (membres de la famille, fermiers voisins...) encadrée par un maçon pour extraire la terre et émietter les mottes en incorporan­t des fibres végétales (genêt, bruyère, paille de blé ou d’avoine...). La terre, souvent prélevée lors du creusement des fondations ou d’une mare, était dressée à la fourche par levées successive­s (60 à 80 cm de haut et de large). Avant, il fallait bâtir un soubasseme­nt de pierres (schiste, granit), pour isoler la bauge de l’humidité du sol. L’élévation s’effectuait progressiv­ement pour laisser chaque couche durcir. Comme la bauge était dressée sans aucun coffrage, le maçon devait compacter la surface des murs puis les dresser d’aplomb avec une bêche à bord tranchant pour leur donner un parement. On pouvait alors monter une seconde levée de terre. Le nombre de volées détermine ainsi la hauteur de l’ouvrage : six pour un logis de plain-pied ; douze pour une maison de maître à deux niveaux.

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