Chai, atelier & maison 3 espaces réunis
Près de Toulouse, une petite maison à étage, un vaste chai aveugle et un atelier aux élégantes verrières ont recouvré une belle unité grâce aux talents conjugués d’une architecte confirmée et de propriétaires passionnés.
Non loin de Toulouse, dans un village résidentiel qui eut longtemps une vocation agricole, la maison de 100 m2 avec étage, donnant d’un côté sur la rue, était, de l’autre, attenante à un chai aveugle et à un atelier, tous deux construits en enfilade dans une parcelle longue et étroite. Le chai, dont la pente de toit unique prolongeait directement la toiture de la maison principale, communiquait avec celle-ci par une large baie et par deux marches au sol qui rattrapaient la différence de niveau entre les deux bâtiments. L’atelier, construit en surplomb quoique mitoyen au chai, n’était accessible que par le jardin, mais ses deux grandes verrières verticales en faisaient un bel espace, clair et généreusement ouvert sur la verdure. Et pourquoi pas un agréable jardin d’hiver… C’est ce que Cécile et Xavier, les nouveaux propriétaires, ont repéré en tout premier lieu, alors qu’ils cherchaient une maison à rénover. « Quand nous l’avons découverte, la maison était dans un piteux état, racontent-ils. Trois chaudières à gaz menaçaient d’explosion ; l’électricité et la plomberie étaient entièrement à refaire, les toitures également ; le chai présentait un sol pentu en terre battue ; l’atelier était cloisonné en deux petites pièces… Et la décoration était totalement inexistante ! » Cependant, grâce à l’architecte Hélène de Quelen, ils ont pu mener à bien la restauration et l’unification des trois bâtiments.
Des sols de tous les niveaux
Le chantier était ambitieux, tout d’abord en raison des contraintes du terrain à la fois étroit et pentu. Le sol du chai présentait en effet un dénivelé de 70 centimètres dans le sens de la parcelle. De plus, il était excavé pour la fabrication du vin. Sa remise à niveau a nécessité l’apport de plusieurs tonnes de gravier… Cependant, au lieu d’égaliser complètement le sol d’un seul tenant, l’architecte a eu l’idée de partager l’ancien chai en deux zones de niveaux différents, à la fois pour différencier les espaces à l’intérieur de ce grand volume, et pour rattraper progressivement la différence de niveau, encore plus importante, avec l’atelier. Ainsi, on gravit deux marches pour passer de la maison d’origine à l’ancien chai, dont le milieu est marqué par deux autres marches à hauteur de la cheminée centrale, qui séparent le salon de la cuisine. Enfin, on en franchit deux autres pour accéder à l’atelier. La transition d’une partie à l’autre de la maison actuelle s’effectue ainsi en douceur, ce qui améliore leur coordination.
Généreuses ouvertures en toiture
Heureusement, les maçonneries des différentes constructions étaient saines. Typiques de la région toulousaine, les murs du chai tout en briques crues, galets et briques foraines (terre cuite) présentaient beaucoup de charme. Un pan entier a donc été laissé apparent, tandis que les autres murs ont été isolés par un système de doublage à ossature métallique, comprenant un isolant en laine de verre et un parement en plaques de plâtre (« Optima » d’Isover). Côté toitures, les charpentes ont été conservées, mais certaines pannes ont été doublées. Dans l’ancien chai aveugle, une verrière et des fenêtres de toit ont été installées afin de faire entrer une abondante lumière zénithale. Fabriquée sur mesure (entreprise Imbert), la verrière de toit en bois est peinte en gris anthracite afin de rappeler l’apparence d’une menuiserie en acier. Les fenêtres de toit, peintes en blanc, sont équipées de stores intérieurs motorisés qui fonctionnent à l’énergie solaire (Velux). Une nouvelle isolation sous rampants est constiuée de panneaux de laine de verre en deux couches avec membrane pare-vapeur, et parement en plaques de plâtre sur fourrures métalliques et suspentes composites (Isover). Quant à la couverture, elle a été refaite à l’identique en tuiles canal.
Pièces à vivre réunies dans l’ancien chai
On a profité du vaste volume de l’ancien chai pour installer les pièces communes dans un seul et même grand espace. Au centre de la pièce, la séparation entre le salon et la cuisine-salle à manger est matérialisée par deux marches au sol et par l’imposante cheminée centrale équipée d’un foyer fermé à double face, aux vitres escamotables (« Double face 583 N » de Supra). Dessinée par l’architecte sur une idée du propriétaire, elle comporte un habillage
en briques enduites de plâtre. Peinte en blanc et gris, elle inclut des niches latérales de rangement pour les bûches (réalisation et mise en service, Cheminées Monté).
Salon d’hiver ouvert sur le jardin
Dans le prolongement de la cuisine, on accède à l’ancien atelier transformé en salon par une baie ouverte dans le mur mitoyen. Soutenue par une poutre IPN de reprise des charges, elle est fermée par un châssis en acier noir à vantaux rabattables, réalisé sur mesure (entreprise Taille de Fer). Cette menuiserie est équipée de doubles vitrages à isolation thermique renforcée, ce qui permet, en été, de barrer la route à la chaleur régnant dans l’ancien atelier. Ses verrières sont en effet d’origine et comportent de simples vitrages qui provoquent une élévation rapide de la température en cas d’ensoleillement prolongé. Aucun chauffage ou appareil de climatisation n’y a été installé car, à terme, les propriétaires envisagent de remplacer les verrières anciennes par des châssis en acier au dessin identique, mais équipés de vitrages isolants.
Chambre suspendue avec vue
Là où la hauteur sous rampant était la plus élevée dans le chai (5,50 m), l’architecte a eu l’idée ingénieuse de créer un étage afin d’y installer la chambre parentale. La structure de cette « boîte » suspendue a été entièrement réalisée en bois. Constitué de poutres encastrées dans les murs de la maison, de solives et de lambourdes sur lesquelles a été cloué un parquet massif, le plancher a été isolé phoniquement au moyen de panneaux de laine de roche, et habillé en sous-face par des plaques de plâtre.
Maison ancienne revue et corrigée
Le plan de l’ancienne maison d’habitation a été entièrement remanié. Le rez-de-chaussée est aménagé en une vaste entrée pourvue de nombreux placards, derrière lesquels se dissimulent une buanderie et un local technique. Un espace bureau trouve place sous l’escalier qui mène aux chambres des enfants et à une salle de bains.