Sur le littoral
UN BÂTI PLUS RURAL QUE MARITIME
On aurait tendance à rechercher sur le littoral charentais des maisons de pêcheurs, mais ce serait une erreur. Si la mer a bel et bien fourni des ressources aux hommes qui vivent dans sa proximité, c’est davantage par le biais de la conchyliculture ou de la saliculture que de la pêche. Celle-ci a été certes pratiquée, mais à une échelle modeste. Et les îles comme les zones situées en bordure littorale de Charente-Maritime ont vu leur économie reposer, historiquement, davantage sur l’activité agricole que sur l’activité maritime, ou plus justement sur l’association d’activités multiples à prédominance agricole. Sur les îles, à l’exception des ports, les villages et hameaux ont d’ailleurs le plus souvent évité les terres basses des rives, préférant s’établir plus à l’intérieur des terres. Ainsi l’architecture traditionnelle apparaît-elle ici essentiellement paysanne. Rappelons que l’ostréiculture et ses cabanes ne sont apparues qu’au XIX siècle.
Des maisons paysannes
Que ce soit sur l’île de Ré ou d’Oléron, les maisons apparaissent tout d’abord petites. Elles ne comportaient bien souvent qu’une seule pièce relativement basse de plafond, qui servait aussi bien à vivre qu’à dormir. Un étage de comble pouvait la surmonter, servant au stockage des récoltes, et offrant dans le même temps une isolation thermique. Ces maisons se trouvent parfois associées à une ou plusieurs dépendances, alors disposées autour d’une cour, où l’on remarque bien souvent un puits. Parmi ces dépendances, on distingue de nombreux chais ; Ré et Oléron ayant une pratique ancienne et développée de la viticulture. Ceux-ci se reconnaissent à leurs grandes ouvertures à deux battants, suffisamment larges pour laisser passer des fûts. De nombreux moulins font aussi partie du paysage, même si peu d’entre eux ont conservé leurs ailes.
Érigées contre les vents
Dotées de façades parfaitement lisses, sans ornementation, ces maisons sont construites en moellons calcaires, traditionnellement enduits à la chaux aérienne et protégés au lait de chaux, appliqué avec une brosse. Sur l’île de Ré, tous les villages possédaient autrefois leur four à chaux. Les seules véritables singularités de ces maisons reposent sur leur nécessaire protection contre les vents, qui soufflent ici avec violence. Ainsi, dans les villages, se concentrent-elles en trame assez dense le long de ruelles sinueuses. Couvertes de tuiles rondes, dites « tiges de botte », elles offrent une toiture sans débord pour éviter les soulèvements sous l’effet du vent. Leurs ouvertures, portes et fenêtres, sont souvent basses. Certaines habitations sont légèrement enterrées d’une ou deux marches dans le sol. Côté cour et jardin, des murets de pierres sèches bordent tout le périmètre, et rappellent l’impératif majeur de se protéger des vents marins.